lundi 30 mars 2015

Canzoniere de Pétrarque. - Transposition du sonnet III.






Sonnet III : "Le vendredi-saint fut le jour où il devint amoureux."[1]

Ce fut ce jour sinistre où le soleil pâlît
Pour suivre le Seigneur au bout de son supplice
Que, ne me gardant point, ces beaux yeux, vos complices,
Ont en votre prison, mon cœur enseveli.

Ce jour où, pour chacun, tout bonheur s’abolit,
Où l’on boit l’amertume en un commun calice,
Je n’aurais jamais cru que l’Amour entre en lice
Et j’allais sans soupçon au sein d’un pieux oubli.

Il me vit désarmé, la voie était ouverte
De mes yeux à mon cœur, sa flèche était experte
Et mon cœur par mes yeux, en larmes se résout.

Mais puisqu’il me voyait ce jour-là sans défense
Il y eût peu d’honneur, tout du moins je le pense,
Que cet archer me frappe et se cache de vous.

                               ***                                       


[1] Dans : Canzoniere – Pétrarque. nrf. Poésie/Gallimard. 1983.

Photos: jardins du palais de l'évêché. Albi.Tarn.



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