lundi 20 avril 2020

Somptueuses vieilleries.



(Depuis le Scharrachberg - Alsace - Cliché argentique 1986.)

Images d’automnes anciens
En habits de cérémonie,
Chamarrés d’or comme il convient,
Noués d’écharpes de soierie,
Brochant l’ombre du soir qui vient
D’étincelantes pierreries…
Et ces images-là murmurent
Autant que l’ombre se souvient,
Trésor de cette vigne mûre,
Le vin nouveau, doux, ô combien
Et la coupe claire qu’on lève
Pour la savourer sans retard
Au nom de ces amours si brèves
Qu’elles tiennent dans un seul regard.
J’aimerais que les vers dessinent
Sur mes beaux automnes vieillis
Cet au-delà qu’on y devine
Et que je tiens pour mon pays,
De souvenance et de regrets
-Telle est la condition des hommes-
De joie aussi comme d’attraits
Dont je fais et refais la somme.

                               ***

Imaginatif.




Ils font la sieste et moi je rêve encor:
En regardant ce mien tapis ponceau[1]
J’en rêve un autre aux mille boutons d’or
Qui s’étendrait alentour d’un ruisseau.
Je m’imagine au bord, comme on s’évade
D’un quotidien banal afin de vivre,
Et pourquoi pas amant d’une naïade
Étrange et qui m’implore de la suivre
Au cristallin dédale de ses eaux
Où les passions vivent d’éternité.
Et si le vent murmure que c’est faux
Qu’importe à qui ne veut que raconter
Pour son plaisir une de ces histoires
Qui font passer les après-midi vides
Où les tapis ponceau et dérisoires
Semblent bien assortis aux murs livides.

                               ***       


[1] La couleur « ponceau » est un rouge foncé soutenu.

samedi 18 avril 2020

La chimère.




Et la rose des vents
Et le cadran solaire
Qui disent l’aventure
Et qui disent le temps
Au solitaire
Ne servent plus de rien.
Ne vous hâtez pas de conclure,
Cherchez dans le bestiaire
L’animal qui convient :
C’est la chimère
Que le sage entretient.

                               ***