vendredi 16 février 2018

Sans paroles.





Dans les lointains bleutés
Les mots finissent par se taire
Car il n’y a plus d’auditeurs,
Plus de sujets de discussion
Ou peut-être trop terre à terre,
Ou bien l’on manque de passion,
Ou bien l’on manque de grandeur
Et beaucoup d’imagination.

Là-bas sur l’horizon où les jours naissent
Puis s’en vont comme leurs promesses,
Qui ne sont jamais tenues qu’à moitié,
Les discours raisonnables cessent ;
A quoi pourraient-ils bien servir ?
Et pourtant quelque chose parle,
Évoque, invite, engage, ordonne…
Et vous vous rappelez une aube pâle,
Un soir de paix qui s’abandonne
Et qui vous sont comme l’écho
D’un appel qui n’a pas de mots.

                               ***

mardi 13 février 2018

D'autres souvenirs.




Lorsqu’il est question d’autrefois
Tout n’est pas qu’affaire d’images,
Il est des parfums et des voix
Qui sont autant de témoignages,
Il est également des bruits,
Des couleurs et tant d’autres choses
Qui demeurent quand tout a fui
Ou sous quelque tombe repose.
Mais lorsque l’essentiel se perd
Ce sont des trésors équivoques
Parfois plus doux ou plus amers
Selon l’instant qui les évoque.

                               ***        

lundi 12 février 2018

Au jardin.




Sur une chaise en mon jardin
J’attends heureux que le temps passe ;
L’après-midi tire à sa fin.
Des réflexions que je pourchasse
Il m’en échappe l’essentiel,
La chose n’a pas d’importance
Et je regarde au fond du ciel
Se perdre un moucheron qui danse.
Que puis-je désirer de mieux
Que ces minutes inactives
Où mon esprit, qui se fait vieux,
Comme en sa jeunesse dérive ?

                               ***       

De bons mots.




Comme ils sont merveilleux
Tous ces mots du langage :
Les follets et les consciencieux,
Les impudiques et les sages,
Ceux qui vous bâtissent des murs,
Ceux qui vous tissent des nuages,
Les sombres, les laids et les purs,
Ceux qui possèdent deux visages,
Mots des serments et mots d’amour,
Ceux des jamais, ceux des peut-être,
Ceux des sermons, ceux des discours,
Ceux des escrocs et ceux des prêtres,
Ceux des adieux, ceux des toujours,
Et ceux qui disent la tendresse,
Qui mesurent le temps qui court
Et ceux que jamais rien ne presse !

                               ***