Calme crépuscule d’hiver
Qui tend sur le quartier désert
Son camaïeu de gris et rose ;
Déjà samedi se repose
En se réfugiant bien au chaud
Entre thés et petits gâteaux.
Un vieux napperon en dentelle
En savourant l’instant rappelle
Au filet d’or d’un sucrier
Les longs rituels oubliés
Des après-midis plein d’usages,
De tartines en papotages
Et dans un coin sombre un plumeau,
Plumé d’autruche, fait le beau.
« Ah, dans cette époque sans pègre,
La crème au moins n’était pas maigre
Et dans votre tasse de thé
Offrait un bonheur velouté ;
Il est loin le temps, ma parole,
Des douceurs et des barcarolles! »
Soupire un biscuit de santé
Auprès d’un toast juste apprêté,
Et l’on voit acquiescer la troupe
Du chœur virginal des soucoupes,
Et les ombres, un peu partout,
Vont tremblotant des pleurs très doux ;
Suave ainsi qu’une dernière note,
En rose et gris, le soir radote…