lundi 27 juillet 2015

Le Cycle des Amours Déçues. V. Le Romantique.






On croit que le bonheur, le bonheur en ménage,
Est affaire d’amour ; c’est peu souvent le cas
Car la plupart du temps c’est plutôt l’apanage
D’intérêts bien compris et que chacun partage :
Un excellent moyen d’éviter les tracas.

J’accorde volontiers que c’est peu romantique
Mais si c’est attristant, c’est expérimental
Et le succès d’un couple est plus arithmétique,
Tout me l’a démontré, qu’il n’est sentimental :
Le poète vaut moins que le marchand pratique.

Je vous offre pour rien cet important savoir,
Acquis péniblement au fil de mon histoire,
Ce que je vous apprends, j’ai payé pour le voir
Un lourd tribut de peine et puisse sa mémoire
Vous permettre demain d’éviter d’en avoir
Mais ce fameux bonheur, ce bonheur en ménage,
Quant à moi, maintenant, j’en ai tourné la page.

                               ***

dimanche 26 juillet 2015

La Source.




Comme la source coule
Ainsi l'amour s'en va,
Fin filet d'eau qui sourd
Quelque part sous la mousse
Et qui devient torrent,
Qui scintille et qui dévale,
Qui descend à tout va
Pour au fil de la plaine
S'élargir à son aise
Puis large fleuve étale
Traverser des cités
Où les vieux ponts en rang,
Pleins de sagacité,
Disent d'une voix douce:

Comme la source coule
Ainsi l'amour s'en va
De l'amont vers l'aval
Jusqu'à la rive opale
Et dans la mer se noie.

           ***

La Jeune Fille Riche à la Tête de Mort (d'après "Légendes et Traditions Orales d'Alsace" recueillies par Jean VARIOT).





Un jour vînt à Strasbourg
Une étrange pucelle,
Vêtue de beaux atours,
De taille mince et belle

Mais sur son cou gracieux
La tête d’un squelette
Faisait craindre en tous lieux
La curieuse fillette.

Pour trouver un mari
Elle offrait sa fortune…
Même sans parti pris,
Un squelette importune,

Beaucoup, rêvant d’argent,
Accoururent vers elle
Mais nul – c’est outrageant –
Ne prit la demoiselle.

Pleurez le triste sort
De cette jeune fille
A la tête de mort
Qu’en vain son or habille !

                ***

Allez !





I.

Un pas sur terre, un pas au vent,
Et le ciel bleu comme assurance
Que tout demeure comme avant ;
Un pas sur terre, un pas au vent.

Crépuscule ou soleil levant,
Allez avec persévérance,
Un pas sur terre, un pas au vent,
Et le ciel bleu comme assurance.

                               ***

II.

Allez sans liens qui vous retiennent,
Allez sans fardeau sur le cœur
Et prenez les jours comme ils viennent ;
Allez sans liens qui vous retiennent !

Oubliez « mienne, oubliez « tienne »
Et l’amour avec la rancœur ;
Allez sans liens qui vous retiennent,
Allez sans fardeau sur le cœur !

                            ***

samedi 25 juillet 2015

Le Cycle des Temps de Misère. II.






Un soir de plus qui s’écoule un peu vide,
Quelques heures de plus pour une ride,
Où déjà tout n’est plus que ce décor,
Où hier avec mes illusions sont morts.

Un soir où répéter les mêmes gestes,
Le quotidien est tout ce qui me reste,
Un soir de plus en manière de deuil,
De masque en faux-semblant, de trompe-l’œil.

                           ***

vendredi 24 juillet 2015

Le Cycle des Temps de Misère. I.





Hélas, l’Hiver traîne en longueur
Et le soleil manque à mes rêves
Et le soleil manque à mon cœur.
Hélas, l’Hiver traîne en longueur
Et notre existence est si brève
Où nous rêvions tant de douceur ;
Il pleut ou il neige sans trêve
Pourtant nous croyons au bonheur
A chaque matin qui se lève
Et nous combattons de bon cœur,
Quoique nos heures soient si brèves,
Le désespoir avec la peur ;
L’Hiver, hélas, traîne en longueur…

                     ***