(Carnaval de Bâle - 2008.) |
Je les ai protégés, bien enfermés
A double tour, aussi loin de la vue,
De l’aide et de l’amour de leurs aimés
Qu’il est possible et ma sollicitude
Les a privés, pour leur sécurité,
De tout contact. Dans cette solitude
Qu’il est hors de question de limiter
Parce que c’est la plus simple mesure,
J’en suis heureux, ils sont bien à l’abri !
Trois fois par jour, je vous rassure,
On leur porte à manger, ils sont nourris !
Ils peuvent échanger quelques paroles,
Juste un instant, avec un être humain,
Après, paisiblement, beaucoup somnolent
Et chaque jour ressemble au lendemain,
Leurs quatre murs comme seul paysage.
Et c’est très bien, rien ne vaut le repos
Et la tranquillité dans le grand âge.
Nous veillons et faisons tout ce qu’il faut.
Surtout pas de contacts ! Le téléphone
Si c’est possible, ah mais pas de courrier
Venu d’ailleurs ! Qu’ils se raisonnent,
C’est pour leur bien, surtout pas de papier !
Ils meurent malgré tout ? Allons ! Quand même ?
Oui, cher monsieur, ils nous quittent quand même,
Désespérés, douloureux et reclus,
N’ayant jamais revu ceux qui les aiment,
Pas même au cimetière, et c’est voulu…
Oui, d’accord, mais… leur mort ne m’est pas due !