mardi 25 avril 2017

Faute de Roses.



(Jardins du château de Villandry - Touraine.)




Il n’est pas encore de rose
En ce froid début du printemps,
Puis-je vous offrir quelque chose
Ou de l’iris, que j’aime tant,
De la glycine ou du lilas
Du fond du jardin que voilà,
Car, vous en savez bien la cause,
Il n’est pas encore de rose.

Un bouquet vaut mieux qu’une glose,
D’autres vous en offriront tant.
Je vous offre les fleurs du temps,
Il n’est pas encore de rose
En ce froid début du printemps.

                               ***

vendredi 14 avril 2017

Le Vide.





Pour une fois,
J’ai la bourse moins vide que l’esprit
Ou tout au moins c’est là ce que je crois ;
Pour une fois.

C’est toujours l’un ou l’autre, étrange loi,
Je n’y puis rien, chacun l’a bien compris ;
Pour une fois,
J’ai la bourse moins vide que l’esprit.

Entendez-moi, rassurez-vous,
Cela ne fait pas encore beaucoup
Mais c’est toujours mieux qu’autrefois ;
Pour une fois !

                               ***

mercredi 12 avril 2017

Des Heures Incertaines.





Passent les jours et les semaines,
Chacun s’agite et chacun dit :
« Voici des heures incertaines ! »
Dimanche interroge lundi
Sans obtenir une réponse
Et nul ne sait ce qui l’attend.
La rose le cède à la ronce,
Que va nous donner ce printemps ?
L’issue en est bien indécise
Et plus encore la moisson :
Il souffle un grand vent de sottise ;
On rêve de dire « passons »
Et puis de se lever de table
Mais à ce genre de festin,
Quoiqu’on le trouve souhaitable,
On ne peut changer le destin.
Il faut boire jusqu’à la lie
La coupe qu’on a devant soi,
Ce qu’on nomme « vivre sa vie »
C’est souvent n’avoir pas le choix.

                               ***        

mardi 11 avril 2017

Le Pont.




De l’eau qui passe sous un pont
On fait l’image d’une vie ;
Que dire d’autre,  dans le fond,
De l’eau qui passe sous un pont.

Comme ces reflets qui s’en vont,
S’effacent l’attente et l’envie,
De l’eau qui passe sous un pont
On fait l’image d’une vie.

                               ***

lundi 10 avril 2017

Chansond'Avril.





Chacun garde son camp
D’une paix vigilante
Jusqu’à je ne sais quand ;
Chacun garde son camp.

Le cœur est foudroyant
Si la raison est lente ;
Chacun garde son camp
D’une paix vigilante

Et puis avril arrive,
Et puis vient le printemps,
L’eau qui s’en va plus vive,
Le murmure du vent,

La paix n’est plus de mise,
Ni l’attente aux amants
Et l’appétit s’aiguise
Et l’espoir est charmant.

Chacun laisse en son camp
Sa crainte et son attente ;
Si la raison est lente
Le cœur est foudroyant
Et l’amour[1] est violente.

                ***


[1] « Amour » est utilisé ici dans sa forme féminine archaïque.

dimanche 9 avril 2017

Toast.





Aux beaux jours d’autrefois, aux meilleurs jours d’alors,
Aux souvenirs d’antan, aux caprices du sort,
Aux rêves trop usés, à tant et tant d’années,
Aux miroirs éculés d’illusions en allées,
A l’enthousiasme niais des fausses libertés,
Au fallacieux confort de la sécurité,
A l’attente, à l’envie, à combien de sottises,
Ce huitain sans reproche où sourire est de mise.

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