Vous n’avez
pas le temps
Et moi je
ne l’ai guère,
Pourtant
lire est tentant ;
Vous n’avez pas le temps.
Huit vers,
est-ce éreintant ?
Non, c’est
une misère !
Vous n’avez
pas le temps
Et moi je ne
l’ai guère.
***
Quelques
mots pour la nuit,
Quelques
mots pour l’aurore,
Voilà tout
ce qui suit,
Quelques
mots pour la nuit.
Trois autres
pour midi
Et le dîner
encore ;
Quelques
mots pour la nuit,
Quelques
mots pour l’aurore.
***
C’est un
jour gris d’un hiver renaissant,
Au charme
lent des nuages de pluie,
Aux toits
d’ardoise et aux trottoirs luisants,
C’est un
jour de l’hiver renaissant.
Un vent
d’Ouest qui frissonne en passant,
Un jardin
vide, un horizon de suie,
C’est un
jour gris d’un hiver renaissant,
Au charme
lent des nuages de pluie.
***
Au lac
d’étain, un ciel de plomb
Où soudain
la foudre étincelle
Et son
grondement tout au long
D’un lac
d’étain au ciel de plomb.
Le vent
gémit dans le vallon,
L’averse
crépite et ruisselle,
Au lac
d’étain, un ciel de plomb
Où soudain
la foudre étincelle.
***
Des fenêtres
qui se regardent
Par-dessus
des cours sans jardins
Où
quelquefois un chat s’attarde ;
Des fenêtres
qui se regardent.
Des
jardinières qui ne gardent
Que des
bouquets sans lendemains ;
Des fenêtres
qui se regardent
Par-dessus
des cours sans jardins…
***
La première
fleur d’amandier
Dit à
l’Hiver : « je te condamne »,
Une autre le
fait oublier,
C’est le
rôle des amandiers.
Les près
sont de vert habillés
Où la brise
doucement flâne ;
La première
fleur d’amandier
Dit à
l’Hiver : « je te condamne ».
***
C’est
l’heure où le jour se repose
Avant de
terminer son temps ;
Pénombre au
bout d’un ciel de roses,
C’est
l’heure où le ciel se repose.
Le silence
n’a pas de cause,
L’obscurité
paisible attend,
C’est
l’heure où le jour se repose
Avant de terminer
son temps.
***
Et
l’aquarelle d’un reflet
Mêlé d’opale
et de turquoise
Dit que le
jour fuit à regret
Dans
l’aquarelle d’un reflet.
Mais où
va-t-il ? Où il lui plaît
En saluant
la nuit qu’il croise
Dans
l’aquarelle d’un reflet
Mêlé d’opale
et de turquoise.
***
En automne
c’est bien souvent,
De l’océan
vers la campagne,
Qu’on entend
souffler un grand vent ;
En automne,
c’est bien souvent.
Pleurant,
hurlant semblablement
Il souffle
depuis la Bretagne,
En automne,
comme souvent,
De l’océan
vers la campagne.
***
Des vers
pour une fleur d’Automne
Aux rives
d’un octobre doux
Où les
marronniers roux s’étonnent
Des vers
pour une fleur d’Automne.
D’un pont où
le soleil se donne,
L’eau noire
du temps par-dessous,
Des vers
pour une fleur d’Automne
Aux rives
d’un octobre doux.
***
L’or
vieilli du feuillage où la neige est diamant
Emerge de
la brume aux lointains de soierie,
Le soleil
de novembre effleure doucement
L’or
vieilli du feuillage où la neige est diamant.
Aux chemins
qui sinuent au hasard, savamment,
S’achève en
flamboyant une étrange féerie ;
L’or
vieilli du feuillage où la neige est diamant
Emerge de
la brume aux lointains de soierie.
***
Un tel
soleil en février !?
Voilà que
les arbres s’étonnent
Qu’ils
soient chênes ou peupliers,
Cela frémit,
cela bougonne :
« Un
tel soleil en février ? ».
Dans l’hiver
du calendrier
La douceur
du ciel bleu détonne,
Entre
charmes et coudriers
On se récrie
et l’on raisonne :
« Mars
pourrait être meurtrier,
Juste quand
les bourgeons fleuronnent,
Un hiver qui
s’est fait prier
A Mai
quelquefois se cramponne ;
Un tel
soleil en février ? »
On
s’interroge et l’on marmonne,
Dans les
bois, au bord des sentiers
Voilà que
les arbres s’étonnent.
***
J’écoute la
pluie de printemps,
Murmurant
ses notes pressées
Dans une
nuit qui l’est autant ;
J’écoute une
pluie de printemps.
Par-dessus
les toits ruisselants,
Tout le long
des rues désertées,
Murmurant
ses notes pressées,
J’écoute une
pluie de printemps.
***
Le long du
canal le Printemps
Se peint en
reflets de passage
A peine
troublés par le vent,
Le long du
canal au Printemps.
Et le soleil
glisse changeant
Sur les
nuances du rivage,
Le long du
canal le Printemps
Se peint en
reflets de passage.
***
A l’heure où
les couleurs se fondent
Dans cette
grisaille du soir,
La joie
abandonne le monde ;
A l’heure où
les couleurs se fondent.
Et les
arbres nus se répondent
Où les
corbeaux se laissent choir
A l’heure où
les couleurs se fondent
Dans cette
grisaille du soir.
***
Où donc
a-t-on construit un pont
Sur les
berges de la rivière
A l’équerre
et au fil à plomb,
Où donc
a-t-on construit un pont ?
Qu’ils
soient de bottes, d’éperons,
Ils sont
avant tout de poussière ;
Où donc
a-t-on construit un pont
Sur les
berges de la rivière ?
***
Un silence
aux perles de vent
Qui
parsèment la nuit lointaine,
L’ombre qui
se nourrit avant
D’un silence
aux perles de vent,
L’heure, en allant et venant,
Ressasse,
toujours incertaine,
Un silence
aux perles de vent
Qui
parsèment la nuit lointaine.
***
De tout le
reste et son contraire
La phrase a
nourri mille ruses
Dont chacun
ne peut guère extraire
Que tout le
reste et son contraire.
Parler en
l’air, faire et défaire,
Qu’on s’en
repente ou qu’on s’en amuse
De tout le
reste et son contraire
La phrase a
nourri mille ruses.
***
Triolet de
l’indignité
Dans
l’indifférence absolue
De ceux qui
pourraient l’écouter ;
Triolet de
l’indignité
Et des mots
perdus sans compter
Sur des
pages jamais relues ;
Triolet de
l’indignité
Dans
l’indifférence absolue.
***
Un temps qui
ne veut plus rien dire,
Des jours
qui ne le peuvent plus,
Pour une
volonté de cire,
Un temps qui
ne veut plus rien dire.
Et des
images qui chavirent
Aux pieds
d’horizons révolus
D’un temps
qui ne veut plus rien dire,
Des jours
qui ne le peuvent plus.
***
Sonnez plus
haut cloches du vent,
Les jours
qui parcourent la lande
Sont
maintenant si loin devant ;
Sonnez plus
haut cloches du vent.
Comme à
chaque soleil levant
Que
l’éternité vous demande,
Sonnez plus
haut cloches du vent,
Les jours
qui parcourent la lande.
***
Couloirs
feutrés aux salles blanches
Où l’avenir
se tient écrit,
L’oubli seul
offre une revanche ;
Couloirs
feutrés aux salles blanches.
Haut-lieux
où les destins s’épanchent,
Je vous
chasse de mon esprit
Couloirs
feutrés aux salles blanches
Où l’avenir
se tient écrit.
***
Au bord d’un
horizon borné,
Je suis une
vieille toupie
Qui se lasse
de tant tourner
Au bord d’un
horizon borné.
De ce dégoût
ces vers sont nés
Où ma
tristesse s’est tapie ;
Au bord d’un
horizon borné,
Je suis une
vieille toupie.
***
Une idée-
étincelle
Et la flamme
d’un vœu,
L’écho d’une
crécelle ;
Une
idée-étincelle.
De couvents
en chapelles
Que cherche
ce lépreux ?
Une idée-
étincelle
Et la flamme
d’un vœu.
***
La nuit au
compte-gouttes,
Le jour à
reculons
Et le temps
qui m’écoute ;
La nuit au
compte-gouttes.
Et le terme
et la route
Aux
brodequins de plomb ;
La nuit au
compte-gouttes,
Le jour à
reculons.
***
L’oubli pour
le silence
Mais
qu’est-ce que l’oubli ?
La mort, un
gouffre immense ;
L’oubli pour
le silence.
Déjà l’aube
s’élance,
Déjà le ciel
pâlit,
L’oubli pour
le silence
Mais
qu’est-ce que l’oubli ?
***
A quoi me
sert le verbe « avoir »
Dans le
théâtre de la vie
Si je n’ai
plus aucun pouvoir,
A quoi me
sert le verbe « avoir » ?
Et depuis
quand un « au-revoir »
Met-il un
terme à nos envies ?
A quoi me sert
le verbe « avoir »
Dans le
théâtre de la vie ?
***
C’est une
illusion de la vie,
C’est un
mensonge de la nuit,
Rien qu’une
ombre déjà ravie ;
C’est une
illusion de la vie.
Image au
vent qui la convie,
Si vaine au
réveil qui la suit ;
C’est une
illusion de la vie,
C’est un
mensonge de la nuit.
***
Quand les
forêts deviennent grises
Comme des
champs abandonnés
Quelque
chose de nous se brise ;
Quand les
forêts deviennent grises.
Voici ce
que les vents nous disent :
« Le
glas devrait être sonné
Quand les
forêts deviennent grises
Comme des
champs abandonnés. »
***
Un mot pour
être consolé,
C’est le
mot « fin » et c’est étrange
Car le
début s’est envolé ;
Un mot pour
être consolé.
« L »avant »
se voulait désolé,
« L’après »
sourit, cela me change ;
Un mot pour
être consolé,
C’est le
mot « fin » et c’est étrange.
***
Il ne vous
est pas donné deux fois
Dans le
cours d’une existence humaine,
Non, pour
toutes choses un seul choix ;
Il ne vous
est pas donné deux fois.
Si ce vin
dans la coupe qu’on boit
A plus
grande soif pourtant vous mène
Il ne vous
est pas donné deux fois
Dans le
cours d’une existence humaine.
***
Dans l’ombre
qu’à midi, un vieux clocher érige,
Asseyons-nous
ensemble et songeons un moment
Dans la
chaleur de l’heure où le monde se fige
A l’ombre
qu’à midi un vieux clocher érige.
Nous le
savons tous deux, le verbe nous inflige
Sa loi de
l’existence pourtant le verbe ment ;
Dans l’ombre
qu’à midi, un vieux clocher érige,
Asseyons-nous
ensemble et songeons un moment.
***
Certains
jours de lumière,
Des vieux
clochers romans
S’élève une
prière,
Certains
jours de lumière.
Les mots se
font les pierres
Et la Foi
l’ornement,
Certains
jours de lumière,
Des vieux
clochers romans.
***
Rêvez-vous
de la liberté
Autant que
de votre maîtresse ?
Je vous sens
soudain hésiter ;
Rêvez-vous
de la liberté ?
Les plus
vieux viendront raconter
Que pour
aucune ils ne s’empressent…
Rêvez-vous
de la liberté
Autant que
de votre maîtresse ?
***
Ils ne
connaissent que leur ventre,
D’ailleurs,
le reste existe-t-il ?
Tout
l’univers n’a qu’eux pour centre ;
Ils ne
connaissent que leur ventre.
Dans leurs
poches sans fond tout entre,
Le riche est
grand, le pauvre est vil ;
Ils ne
connaissent que leur ventre,
D’ailleurs,
le reste existe-t-il ?
***
Ils me l’ont
dit et répété,
« Le
pire c’est la solitude,
Le reste
n’est rien à côté » ;
Ils me l’ont
dit et répété.
Ils me l’ont
dit et raconté ,
On n’en
prend jamais l’habitude ;
Ils me l’ont
dit et répété,
« Le
pire c’est la solitude ».
***
Regardez
bien autour de vous
Tourner la
roue de la Fortune
Qui monte et
descend tout à coup ;
Regardez
bien autour de vous :
Ce soir le
monde à vos genoux
Et demain la
fosse commune ;
Le monde
change, voilà tout,
Souvent de
manière importune ;
Regardez
bien autour de vous
Tourner la
roue de la Fortune.
***
Il faut
mourir, c’est entendu,
Mais pas
dans ces lits anonymes
Que dans les
hôpitaux j’ai vus ;
Il faut
mourir, c’est entendu.
Tant qu’à
finir seul et perdu,
Chez moi ce
serait magnanime ;
Il faut
mourir, c’est entendu,
Mais pas
dans ces lits anonymes.
***
Ce sera le
plus beau printemps
De toutes
les années d’un monde
Qui n’en
espérait plus autant ;
Ce sera le
plus beau Printemps.
Et ce seront
mille fragrances,
Mille
couleurs,
Mille
nuances,
Mille
manières de bonheur,
Et ce seront
mille espérances,
Et mille
aveux,
Mille
expériences
Et mille
aubes de feu,
Mille
versets d’un autre temps,
Riant de
leur propre faconde,
Ce sera le
plus beau Printemps
De toutes
les années du monde.
***
Comme une
feuille tremble au vent,
Il est des
aubes qui vacillent
Aux craintes
du soleil levant
Où tant
d’incertitudes brillent
Car hier a
cessé de compter
Et de
l’avenir rien n’existe ;
Saviez-vous
que la liberté
Commence
comme un roman triste ?
***
Encore un
jour évanoui,
Un jour de
ce compte suprême
Dont j’aurai
jusqu’au bout joui ;
Encore un
jour évanoui.
Je retrouve
un bonheur enfoui
Sans être
frappé d’anathème,
Encore un
jour évanoui,
Un jour de
ce compte suprême.
***
On écrit
aisément
Ce qui ne
veut rien dire
Mais que
fait-on vraiment ?
On écrit
aisément.
Pour parler
galamment
Il y a de
quoi rire :
On écrit
aisément
Ce qui ne
veut rien dire.
***
Oublions le
terme et la fin,
Le doute et
la mélancolie,
Que le temps
reste sur sa faim :
Oublions le
terme et la fin.
Laissons
l’esprit, grossier ou fin,
Le cœur et
ses folles envies,
Oublions le
terme et la fin,
Le doute et
la mélancolie.
***
Courez,
courez sur le papier
Petits
signes d’indifférence
Qui voulez-vous
faire prier ;
Courez, courez
sur le papier.
Mais après
tout que vous soyez
On non,
quelle importance ?
Courez,
courez sur le papier
Petits
signes d’indifférence.
***
J’ai mis
bien du temps pour apprendre
Et trois
fois rien pour oublier,
Monter coûte
plus que descendre ;
J’ai mis
bien du temps pour apprendre.
Je ne peux
guère me défendre
De l’avoir
un peu gaspillé ;
J’ai mis
bien du temps pour apprendre
ET trois
fois rien pour oublier.
***
Sachez
essuyer la tempête
Avec un peu
de bonne humeur
Et tant pis
si le vent s’entête !
Sachez
essuyer la tempête.
N’allez pas
jouer au plus bête,
Le vent que
rien n’arrête, meurt ;
Sachez
essuyer la tempête
Avec un peu
de bonne humeur
***
Pour
certains rien n’a plus de prix
Que les
scènes et le théâtre ;
Etre
acteurs, au moins en esprit,
Pour
certains rien n’a plus de prix.
Moi, ce que
les jours m’ont appris
C’est le
bien-être au coin de l’âtre ;
Pour
certains rien n’a plus de prix
Que les
scènes et le théâtre.
***
Au triolet des
jours qui passent
J’ai dit ma
grand-peine d’amour
Afin qu’il
en reste une trace ;
Au triolet
des jours qui passent.
On perd
beaucoup en peu d’espace,
La vie me
joue un mauvais tour ;
Au triolet
des jours qui passent
J’ai dit ma
grand-peine d’amour.
***
Mon cœur
évoque mes amours
Lorsque la
brume devient rose
Sur les
chemins du petit jour ;
Mon cœur
évoque mes amours.
Mais peut-on
faire ainsi la cour
A celle qui
si loin repose ?
Mon cœur
évoque mes amours
Lorsque la
brume devient rose.
***
Hier, au
fond d’un appartement,
A ronger le
temps solitaire
Et compter
peines et tourments,
Hier au fond
d’un appartement.
Demain à
deux pour l’agrément
De tous les
plaisirs de la terre ;
Hier, au
fond d’un appartement,
A ronger le
temps solitaire.
***
C’est un
triolet de minuit
Pour nos
amours embarrassées
A qui la
solitude nuit ;
C’est un
triolet de minuit.
Vers de nos
rêves éconduits,
Rimes des
heures effacées,
C’est un
triolet de minuit
Pour nos
amours embarrassées.
***
L’ombre
légère des platanes
Sur les
trottoirs redit l’été,
Lorsque les
filles s’y pavanent
A l’ombre
douce des platanes.
Sur la place
qui s’enrubanne
Aux bals des
dimanches fêtés,
L’ombre
légère des platanes
Sur les
trottoirs redit l’été
Et les longues
heures en panne
Qu’on se
plaît à ne pas compter
Et ces
amours en filigrane
Que l’on vit
sans les raconter
Quand
l’ombre douce des platanes
Sur les
trottoirs redit l’été.
***
Nos amours
sont des inconnues
Que le
hasard a pris au mot
De quelque
apparence ténue ;
Nos amours
sont des inconnues.
Du rêve à la
vérité nue
Ce sont
malgré tout des jumeaux ;
Nos amours
sont des inconnues
Que le
hasard a pris au mot.
***
Sous les
nuages bleus
Des
crépuscules roses,
Certains
étés il pleut,
Sous les
nuages bleus.
Amours,
encore un peu,
Vous
prendriez la pose
Sous les
nuages bleus
Des
crépuscules roses.
***
Voici déjà
minuit tout proche,
J’ai hâte de
vous voir ici,
Soit dit,
mais sans aucun reproche,
Voici déjà
minuit tout proche.
Alors que la
nuit s’effiloche,
Songeur, je
vous écris ceci :
Voici déjà
minuit tout proche,
J’ai hâte de
vous voir ici.
***
Un doigt sur
les lèvres, silence !
Un regard
plutôt que des mots.
Vos yeux,
seuls, parlent d’évidence ;
Un doigt sur
les lèvres. Silence !
L’amour est
fait de connivence,
De
compréhension sans défauts ;
Un doigt sur
les lèvres, silence !
Un regard
plutôt que des mots.
***
Je vous aime
autant que je puis,
Croyez que
ce n’est pas peu dire ;
Je vous
rencontrai et depuis
Je vous aime
autant que je puis.
Cet amour
est mon seul appui,
Il vaut plus
que l’or et l’empire,
Je vous aime
autant que je puis,
Croyez que
ce n’est pas peu dire.
***
Voyez, mon
Amour et mon Âme,
Combien ce
soir j’ai le cœur lourd,
Tant de
cendres couvrent sa flamme,
Voyez, mon
Amour et mon Âme.
Vous lui
manquez, il vous réclame
Mais
viendrez-vous à son secours ?
Voyez, mon
Amour et mon Âme,
Combien ce
soir j’ai le cœur lourd.
***
Dix ans qui
s’en vont et reviennent
Entre
l’étincelle et la nuit,
Dix ans
d’amour que l’ombre suit,
Dix ans dont
les cendres s’abstiennent
D’étouffer
la braise qui luit,
Dix ans de
silence et de bruit
Que consume
une flamme ancienne ;
Dix ans qui
s’en vont et reviennent.
***
Marquise où
allez-vous ce matin,
Belle en
catimini, quoique sans crainte,
Seule du pas
menu qu’ont les trottins ;
Marquise où
donc allez-vous ce matin ?
Vous
confesser au jeune Théatin
Dont tout
Paris redit les œuvres saintes ?
Marquise où allez-vous
ce matin,
Belle en
catimini, quoique sans crainte.
***
Amour,
dites-moi, dites
Si vous
n’aimez en moi
Plus que je
ne mérite ;
Amour,
dites-moi, dites !
L’illusion
passe vite
Et le réel
déçoit,
Amour,
dites-moi, dites
Qu’aimez-vous
donc en moi ?
***
Au milieu de
la nuit
Vous dormez,
je vous aime,
Vous dormez,
quel ennui,
Au milieu de
la nuit !
Vous
secouerai-je et puis…
Ce serait
mieux quand même !
Au milieu de
la nuit
Vous dormez,
je vous aime.
***
Le soleil
brille ce matin
Mais il lui
manque ton sourire
Et les
fleurs ont un air éteint ;
Le soleil
brille ce matin.
Le bleu du
ciel paraît déteint
Sans ton
regard en point de mire ;
Le soleil
brille ce matin
Mais il lui
manque ton sourire.
***
Soyons mi-
sucre et mi- vinaigre
Comme les
jours que nous vivons
Demi-furieux,
demi-allègre ;
Soyons mi-
sucre et mi- vinaigre.
Nous ne
ferons ni gras, ni maigre
Mais tout
cela nous le savons ;
Soyons mi-
sucre et mi- vinaigre
Comme les
jours que nous vivons.
***
Autant
j’aime les mots d’amour
Autant ceux
de la politique
Me font
souhaiter d’être sourd
Quitte à
perdre ces mots d’amour.
On voit à
leurs moindres discours
Que Tartuffe
a de la pratique ;
J’aime
toujours les mots d’amour
Mais plus
ceux de la politique.
***
Un petit
bout de chemin
Et qui n’a
pas l’air de grand-chose
Mais va
pourtant fonder demain ;
Un tout
petit bout de chemin.
Pour changer
en un tournemain,
Il suffit
seulement qu’on ose
Un petit
bout de chemin
Et qui n’a
pas l’air de grand-chose.
***
Et dès la
première heure
Un premier
triolet,
Le désir
m’en effleure,
Et dès la
première heure.
Est-ce une
joie mineure ?
J’écris ce
qui me plaît
Et dès la
première heure
Un
premier triolet.
***
Cinq heures
de l’après-midi,
Les magasins
du quartier ferment
Comme ils
font tous les samedis ;
Cinq heures
de l’après-midi.
Au
centre-ville on se promène
Et les
courses battent leur plein,
Ici l’on est
fin de semaine,
Le silence
revient serein,
La
circulation ralentit
Et le jour
arrive à son terme :
Cinq heures
de l’après-midi,
Les magasins
du quartier ferment.
***
J’aurai
beaucoup fait semblant
Tout au long
de cette vie,
Ainsi,
d’être plein d’allant…
J’aurai
beaucoup fait semblant.
J’étais
d’abord nonchalant,
Comment
suivre cette envie ?
J’aurai
beaucoup fait semblant
Tout au long
de cette vie.
***
J’égrène
les grains de ma vie,
Ses heures
peuvent se compter
Au boulier
des mélancolies ;
J’égrène
les grains de ma vie.
C’est une
étrange litanie,
Assez
monotone à chanter,
J’égrène
les grains de ma vie,
Mais à quoi
bon le raconter ?
***
Et le matin
gémit
De se voir
inutile,
Tout espoir
est remis
Et le matin
gémit.
L’exil est
sans amis
Ni foyer
dans la ville
Et le matin
gémit
De se voir
inutile.
***
A force de
les harceler
Il se peut
que les mots se taisent
Et l’on se
retrouve esseulé
A force de
les harceler.
Seul,
inutile, désolé
Et dans un
silence qui pèse
Car s’ils se
sentent harcelés,
Il se peut
que les mots se taisent.
***
De ma
chambre au premier étage
J’admire un
coucher de soleil,
Hier semble
y devenir l’otage
De ma
chambre au premier étage,
Mon cœur lui
barre le passage ;
De bleu, de
rose et de vermeil,
De ma
chambre au premier étage
J’admire un
coucher de soleil.
***
Ils veulent
tous se faire un nom,
Moi, je veux
rester anonyme,
Ils
cherchent la gloire et moi, non ;
Ils veulent
tous se faire un nom.
Pour vingt
et un coups de canon
Ils
vendraient leur âme aux abîmes,
Ils veulent
tous se faire un nom,
Moi, je veux
rester anonyme.
***
Un cristal
empli de rubis
Où s’en
vient danser la lumière
Autour d’une
table d’amis
Tenant en
main le même verre :
Un cristal
empli de rubis,
La joie et
le plaisant devis
Le soir
d’une tablée entière
Voilà bien
ce qui me ravit,
Ce plaisir
dont ma plume est fière.
Rien de
meilleur à mon avis
Qu’un
cristal empli de rubis
Où s’en
vient danser la lumière.
***
Un air
ancien de trompette classique
Comme un
adieu au monde qui s’en va,
Aux jours
gris d’un hiver mélancolique ;
Un air
ancien de trompette classique.
Et cet émoi
fait d’un regret unique
Au souvenir
de tout ce qu’on rêva
D’un air ancien
de trompette classique
Comme un
adieu au monde qui s’en va.
***
Je me
croyais sans illusion
Et pourtant
j’en avais encore ;
Ce que c’est
que d’être un couillon !
Je me
croyais sans illusion.
Ce monde est
fait de dérision
Et de faux-semblants
que j’abhorre.
Je me
croyais sans illusion
Et pourtant
j’en avais encore.
***
Le chemin de
terre chemine
Au bord des
sillons somnolents,
Un jour de
marche se termine ;
Le chemin de terre chemine.
A peine
demain se dessine
Et clôt un
passé insolent,
Le chemin de
terre chemine
Au bord des
sillons somnolents.
***
Le vent qui
passe à ma fenêtre
Peut bien se
faire caressant,
Il n’offre
pas plus qu’un « peut-être »,
Le vent qui
passe à ma fenêtre.
Avoir été ce
n’est pas être,
Il est grand
menteur mais puissant ;
Le vent qui
passe à ma fenêtre
Peut bien se
faire caressant.
Le vent qui
passe à ma fenêtre
N’a jamais
su faire autrement,
Il parle de
ce qui peut naître,
Le vent qui
passe à ma fenêtre.
Il parle de
ce qui peut naître
Et, sans le
faire exprès, il ment
Mais qui le
fera comparaître,
Passer un
jour en jugement
Ce vent qui
passe à ma fenêtre
Et sait être
si caressant ?
***
Un soir ici
puis un soir là,
Mon épouse,
la solitude,
Il m’arrive
d’être bien las :
Un soir ici
puis un soir là.
On me
demande et me voilà,
Je me
nourris de servitude ;
Un soir ici
puis un soir là,
Mon épouse,
la solitude.
***
Ce soir, je
dis adieu ici
Et demain
ailleurs : c’est la vie,
Que dire
d’autre ? C’est ainsi :
Ce soir, je
dis adieu ici.
Et si vos
jours sont plus précis,
Croyez que
je vous les envie.
Ce soir, je
dis adieu ici,
Et demain
ailleurs, c’est la vie.
***
Demain ceci,
demain cela,
Mais est-ce
que demain existe ?
Demain ceci,
demain cela,
Je veux y
mettre le holà.
Ce
« maintenant » qui s’envola
M’indique
seul la bonne piste ;
Demain ceci,
demain cela,
Mais est-ce
que demain existe ?
***
La nuit
déserte, un coin de table
Qui fait
office de bureau
Dans une pièce
inconfortable ;
La nuit
déserte, un coin de table.
Une mémoire
et ses accrocs
Insurmontables,
Et pour
héros
Ces triolets
indécrottables.
J’ai même
trouvé confortable
Ce qui ne
l’était jamais trop :
La nuit
déserte, un coin de table
Qui fait
office de bureau.
***
Il faudra
oublier
Le chant de
la bouilloire
Sur le coin
d’un évier ;
Il faudra
oublier
Le triste
mobilier
De ces
chambres sans gloire,
Les rêves
éveillés,
Les peines
dérisoires.
Il faudra
oublier
Le chant de
la bouilloire
Sur le coin
d’un évier.
***
Les objets
vivent d’inertie
Et de
mauvaise volonté
Comme
l’avocat, d’arguties ;
Les objets
vivent d’inertie.
Je m’accuse
d’impéritie,
C’est le
seul tort de mon côté,
Les objets
vivent d’inertie
Et de
mauvaise volonté.
***
Où va
s’arrêter cette bille
Qui tourne
au milieu des regards
Où tant de
convoitise brille ;
Où va
s’arrêter cette bille ?
L’espoir
dilate les pupilles,
Certains
visages sont hagards,
Où va
s’arrêter cette bille
Qui tourne
au milieu des regards.
***
C’est le
moment du crépuscule :
Dérisoire et
apaisement ;
Fraction
d’un instant minuscule,
C’est le
moment du crépuscule.
Pour ne pas
signer ridicule,
Je passe
l’attendrissement,
C’est le
moment du crépuscule :
Dérisoire et
apaisement.
***
Dans l’art
des mots du soir
Passe toute
une vie
Qu’il est
amusant de revoir
Dans l’art
des mots du soir.
Le songe
pour surseoir
A la
philosophie ;
Dans l’art
des mots du soir
Passe toute
une vie.
***
Comme un
piano mélancolique
Jouant au
fin fond de la nuit
De lentes
notes archaïques,
En une ligne
mélodique
Glissent des
mots fantomatiques
Qu’à la fin
le silence suit,
Le silence
mélancolique
Des heures
noires de la nuit.
***
J’écris mes
vers entre deux chaises
Entre deux
âges et deux jours,
Ma plume
n’est pas très à l’aise ;
J’écris mes
vers entre deux chaises.
Que je m’en
fâche ? A Dieu ne plaise !
Je me
résigne et par amour
J’écris mes
vers entre deux chaises
Entre deux âges
et deux jours.
***
Mon chien,
j’ai bien compris,
Vous voulez
des caresses
Au moment où
j’écris ;
Mon chien,
j’ai bien compris.
Bien, la
chose a son prix,
Partageons
nos tendresses,
Mon chien,
j’ai bien compris,
Vous voulez
des caresses.
***
« A
l’instant même et jamais plus. »
Beau refrain
pour une complainte
Où je me
serais bien complu :
« A
l’instant même et jamais plus. »
Mais vraie
ou feinte,
Marché
conclu,
La fin
atteinte,
Le conte lu,
D’un soupir
en blason élu,
Illustrant
une cause sainte :
« A
l’instant même et jamais plus »,
Beau refrain
pour une complainte.
***
Au plus
profond des nuits obscures
Je
chante, avec les mots du temps,
Le poème qui
n’en a cure,
Au plus
profond des nuits obscures.
La rime est
ma seule mesure,
La source où
boire mon content ;
Au plus
profond des nuits obscures
Je
chante, avec les mots du temps.
***
Définissez-moi
le poète
Que je sache
à quoi m’en tenir
Car je
m’avoue en tête à tête
Que pas un
des traits qu’on lui prête
Ne paraît
bien lui convenir ;
Définissez-moi
le poète !
Est-ce un
vendeur, est-ce un esthète ?
Un paresseux
qu’il faut punir ?
Un grand
artiste ou un prophète ?
Un
fou ? Un semeur de tempête ?
Ou bien un
parasite à fuir ?
Définissez-moi
le poète
Que je sache
à quoi m’en tenir !
***
On dit
partout que je ne sers à rien ;
Si vous
saviez à quel point je m’en moque :
J’ai composé
des vers sans cesse, eh bien,
On dit
partout que je ne sers à rien.
Constatez
le, je m’en esbaudis bien,
Tout autant
qu’un œuf fait de sa coque ;
On dit
partout que je ne sers à rien ;
Si vous
saviez à quel point je m’en moque.
***
Mon chien,
quittez mon fauteuil
Afin que je
m’y assoie
ET faites en
votre deuil ;
Mon chien
quittez mon fauteuil.
C’est mon
désir ou mon veuil,
Faudrait-il
que j’y sursoie ?
Mon chien,
quittez mon fauteuil
Afin que je
m’y assoie.
***
Un bouleau
chante dans les bois
Où tous les
merles sont en feuilles ;
Est-ce le contraire ?
Ma foi…
Un bouleau chante dans les bois.
Dans l’étang
nagent des chamois
Et les
premiers brochets se cueillent ;
Un bouleau
chante dans les bois
Où tous les
merles sont en feuilles.
***
Ceci n’est
pas un triolet,
Non, il
s’agit d’un Trait au lit
Car c’est là
que je l’écrivis :
Ceci n’est
pas un triolet.
Et quant à
celui qui le lit
Tant pis
s’il le trouve trop laid,
Ceci n’est
pas un triolet,
Non, il
s’agit d’un Trait au lit.
***
L’atelier du
triolet :
De pièces et
de morceaux,
Choisissez
ce qu’il vous plaît.
On verra ce
que vaut
L’atelier du
triolet
A ce que
chacun fait,
Aux
qualités, aux défauts
De vos
strophes, en effet
Sonnent-elles
juste ? Ou faux ?
Et si ce
n’est pas un palais,
En fouillant
comme il faut
L’atelier du
triolet,
De pièces et
de morceaux,
Bientôt en huit vers complets,
Vous ferez
un triolet.
***
De beaucoup
de mes triolets
J’ai
grand-peur que l’on ne retienne
Que la
syllabe ultime : « laid » ;
De beaucoup
de mes triolets.
En
supprimant ce qui déplaît
Suis-je sûr
que cela convienne
Et qu’un peu
plus de triolets
Ecrémés,
enfin se retiennent ?
***
Je fais des
triolets,
Certains
font des brioches,
D’autres
font des volets ;
Je fais des
triolets.
Certains
font les follets,
Certaines
font des mioches,
Certains
font des brioches,
Je fais des
triolets.
***
Un bol, un
passe-thé,
Passe-temps
de ces heures
Qui passent
à côté ;
Un bol, un
passe-thé.
Sans jamais
écouter,
Dehors le
vent qui pleure,
Un bol, un
passe-thé,
Passe-temps
de ces heures.
***
On me voit
mauvais caractère
Lorsque je
dois rester à jeun ;
N’en
déplaise à toute la terre
On me voit
mauvais caractère.
Tout mon
enthousiasme est défunt,
Je choisis
des rimes austères.
Toutes mes
strophes sont amères,
Tout sourire
m’est importun ;
On me voit
mauvais caractère
Lorsque je
dois rester à jeun.
***
On dit que
la femme est changeante ;
L’êtes-vous,
ne l’êtes-vous pas ?
D’où cette
question dérangeante :
M’aimerez-vous
jusqu’au trépas ?
On dit que
femme est changeante…
A défaut
d’être aussi constante,
M’aimerez-vous
jusqu’au repas ?
On dit que
la femme est changeante ;
L’êtes-vous,
ne l’êtes-vous pas ?
***
Une oreille,
j’entends,
Pour écouter
le temps
Celui qu’il
fit ou qu’il va faire,
En se
trompant, un peu, beaucoup, souvent,
En écoutant
Le temps.
Et puis deux
yeux qui ne voient pas le bon moment
S’il est
présent, mais au contraire,
Mais au
rebours, à contre-temps,
Une oreille,
un tympan
Pour
l’écouter ce temps :
Celui qu’il
fit ou qu’il va faire.
***
Ce soir vous
ne savez que faire ?
Prenez une
plume à la main,
Ecrivez un
pamphlet austère
Une
épigramme au ton coquin,
Essayez-vous
aux rimes si
Ce soir vous
ne savez que faire.
Cela vous
donnera ceci :
Dix lignes
qui vous seront chères
Quand vous
les relirez demain.
Ce soir vous
ne savez que faire ?
Prenez une
plume à la main.
***
Un édredon,
un oreiller
Et la
profondeur du silence,
Je plains
celui qui doit veiller ;
Un édredon,
un oreiller.
Pour moi, je
m’en vais sommeiller
Et profiter
avec confiance
D’un
édredon, d’un oreiller,
De la
profondeur du silence.
***
Un chien qui
dort sur vos genoux
C’est au
moins autant de tendresse,
Voire même
plus qu’un époux ;
Un chien qui
dort sur vos genoux.
Je suis bien
d’accord avec vous,
Je le vois
avec ma maîtresse :
Un chien qui
dort sur vos genoux
C’est au
moins autant de tendresse.
***
Je décris ma
vie à grands traits,
Mon chien,
dont l’impatience éclate,
A clairement
d’autres projets
Dont je
pourrais faire les frais ;
Je décris ma
vie à grands traits.
Toutes les
quatre heures je sais
Qu’il doit
aller lever la patte,
Je dois donc
marquer un arrêt
Dans mes
vers et sortir d’un trait
Mon chien
dont l’impatience éclate.
***
Je et moi
nous entendons bien
Sans nous
prendre trop au sérieux,
Chacun sait
à quoi l’autre tient ;
Je et moi
nous entendons bien.
Nous sommes
tous deux hypocrites
Mais nous
jouons de notre mieux ;
Chacun
reconnaît en tous lieux
A l’autre
une part de mérite
Et c’est
ainsi que sous les cieux,
Main dans la
main, comme il convient,
Nous
tâcherons de vivre vieux ;
Je et moi
nous entendons bien
Sans nous
prendre trop au sérieux.
***
Nous voilà
au bout de ce livre,
Au terme
enfin de nos efforts,
Je vous
souhaite d’en sourire ;
Nous voilà
au bout de ce livre.
Lecteur que
pourrions-nous encore
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ensemble ou nous dire ?
Nous voilà
au bout de ce livre,
Au terme enfin de nos efforts.