samedi 14 mars 2015

Jadis.






Au soir venu, c’est à peine un accord de luth,
Une parole égarée et sans but,
Un soupir descendu de la ramure
Dans l’ombre douce où s’endort la nature.

Vers quel retour, par quelle ancienne allée
Qui se souvient d'une époque en-allée ,
M’en reviendrai-je seul et sans détour
Jusqu’au bassin où se mirent les tours ?

Dans le parfum des buis, le crépuscule,
Comme autrefois, apaise et dissimule
Et cependant, cependant le matin
Dans le sable sera sans trace d’escarpin

Car le ciel rose et parme est solitaire
Ce soir où le passé qui doit se taire
Jase comme la source au fond des bois
Et dans mon cœur, mon amour aux abois.

                        ***

jeudi 12 mars 2015

Le Vieux Tableau.






Et l’on croit voir, à de certaines fois,
Un de ces vieux tableaux, sous la livrée
Du temps, couleur de poussière et de poix,
Vous découvrant une grâce ignorée
Au hasard imprévu d’un éclairage
Inattendu qui vient la dévoiler.
Quelle tristesse alors et quelle rage
Devant ce rêve un instant révélé
Qu’on n’a pas su saisir, faiblesse étrange,
Ou pas su rattraper à son réveil.
Ce regard sombre où le désir s’effrange
Et qu’éclairait un sourire vermeil,
Promesse de l’instant qui règne en maître
Et meurt de même, esclave de l’instant,
Promesse pour autant d’où pouvait naître
Ce qui surpasse et abolit le temps.

                         ***

mardi 3 mars 2015

Marcheurs.







C’est la perplexité des routes ignorées
Ou le sourire en coin d’un vieux chemin menteur,
Une sente des bois d’ornières décorée,
Un layon montagnard aux lacets contempteurs.
Ils disent l’horizon et ne vont nulle part,
Faux-semblants de destin, faux espoirs, fausses routes,
Fausses destinations que nul n’atteint
Et fausses directions qui sans fin se rajoutent.
Et nous voilà marcheurs, marchant avec allure,
Très jeunes, très contents, sans poser de questions,
Tout du moins au début de l’étrange aventure
Dont la mort un beau jour tire les conclusions.

                           ***

dimanche 1 mars 2015

VENCE 73.







Pour la troisième fois, le destin complaisant
Me ramène au milieu du vaste paysage
Où la montagne va jusqu’au bord du rivage
Enchâsser de ses bras la mer au dos luisant.

Après plus de huit mois d’un travail épuisant,
Où j’ai voulu poursuivre, avec quelle âpre rage,
Un succès glorieux et prouver mon courage,
Je vais enfin goûter un repos séduisant.

Les pins et les cyprès et  le vert des  agaves
Vont me faire oublier ce quotidien d’entraves
Sous le ciel toujours gris que j’ai trop longtemps vu.

Et j’aurai tout loisir, sacrifiant à ma Muse
De rêver quelquefois d’un amour imprévu
Car rimer et rêver c’est là ce qui m’amuse.

                                *** 

 (Extrait de: "VENCE 73". Oeuvre de jeunesse.)