jeudi 16 avril 2020

L'incident.




Lassé, ne sachant trop que faire
De moi, j’ouvre un livre au hasard,
J’y trouve tout et son contraire ;
Lassé, ne sachant trop que faire.

L’incident me met en colère
Et je me dis : « fais le lézard,
Plutôt, ne sachant trop que faire
Que d’aller ouvrir un livre au hasard !

                               ***    
                   

mardi 14 avril 2020

La chandelle.




A peine un courant d’air,
La flamme dodeline
Sur les reflets de cuivre du bougeoir,
C’est à peine si l’on devine
La pièce plongée dans le noir
Et peut-être que dans un coin
Quelqu’un regarde la bougie,
Les yeux dans le vague, très loin,
Dans le monde clos de sa vie.
Et dans ce monde sûrement
Il y a toi, toi et le temps,
Comme une plaine immensément
Vaste, si familière et belle tellement,
Oh oui, si belle, ensoleillée immensément.
Il y a le ruisseau, c’était un jeu d’enfants,
L’été des minuits de l’étang
Et le chemin serpent,
Sinueux et tentant,
Le crépuscule au bord du champ…
La cire coule doucement
Et son halo berce la table
Imperturbable,
Imperceptiblement
De son tremblement clair
Au moindre courant d’air.

                               ***        

La Lettre.




On range un tas de vieux papiers
Que l’on conserve, on doit l’admettre,
Pour des motifs bien oubliés.
On y découvre cette lettre…

Une page d’une écriture
Brève qu’on ne reconnaît plus
Et ce prénom pour signature
Qui vous a tellement ému…

Alors on recherche un visage
-Pourquoi reste-t-il imprécis ?-
Une voix ? non, rien qu’une image,
Bref éclat d’un roman terni.

Son titre même vous échappe
Mais ce bout de papier vous est
Ce qu’à la vigne est une grappe
Et vous savez tout ce qu’il tait.

                               ***