mardi 2 août 2016

Ni, Ni.






Ni menace, ni prophétie,
Ni rien qui se prenne au sérieux,
Le plus simple serait le mieux
Avec beaucoup de fantaisie…
Rien de sonore ou de glorieux,
La chanson claire des fontaines,
Un souffle qu’on perçoit à peine
Dessous le feuillage insoucieux ;
Rien qui s’estime ou se pavane,
Rien qui se pense d’un grand prix
Ni ne se vante, on l’a compris :
Rien du palefroi, tout de l’âne,
Paisible au milieu de son pré,
L’eau du ruisseau pour ambroisie :
Telle serait la Poésie
Si nous l'écrivions à son gré.

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lundi 1 août 2016

Là-bas.






Là-bas, là-bas, disent en vain les vagues
Qui reviennent sans fin pour mourir sur la plage
Sous ce ciel gris lointain où l’écume divague
Dans le vent impérieux et le parfum des algues
Où le sel des embruns vient broder son message.

Cet impalpable goût des jours de liberté
Où toute entrave tombe où tout devient possible,
Avec en bruit de fond et pour y persister,
L’infini du ressac toujours inaccessible
Comme les mil versets d’une éternelle bible.

                               ***        

vendredi 29 juillet 2016

Le Tournant de l'Eté.






Vendredi de la nuit d’été
Où beaucoup fêtent leurs vacances,
Bouts de chants, éclats de gaieté,
Peut-être même que l’on danse,
Vendredi de la nuit d’été,

Au bord d’un balcon de pénombre
Il fume une tasse de thé
D’ambre roux sur la pierre sombre ;
J’ai posé ce songe à côté
Au bord d’un balcon de pénombre,

Juste avant que toute beauté
Quitte nos villes et nos vies
Tout ainsi que nous ont quitté
L’insouciance et la rêverie
Au tournant même de l’été.

                               ***                       

jeudi 28 juillet 2016

Réponse aux Sonnets sur la Mort de Monsieur Jean de Sponde (1557-1595).






En ces très beaux sonnets qu’il a faits sur la mort,
Quoiqu’il pense servir la majesté divine
En rabaissant nos jours au peu qu’il nous dessine,
Je suis sûr de cela, Monsieur de Sponde a tort.

Lorsque nous prions Dieu, nous Le prions encor
En disant « Notre Père », au moins je l’imagine ;
Qui peut croire un instant que ce père destine
Aux siens dès qu’ils sont nés le plus triste des sorts ?

Et nous, fort maltraités, vivrions notre vie
Ayant pour but unique et pour unique envie,
Tant ce qu’elle offre est laid, de la perdre au plus tôt ?

Allons, Monsieur de Sponde, il faut vous y résoudre,
Ou le Seigneur est bon, nos jours sont un cadeau,
Ou bien votre credo n’est que vent et que poudre !

                               ***