Quand je suis revenu chez moi,
Tout ressemblait à autrefois
Mais il n'y avait plus personne,
C'était trop tard, Dieu me pardonne!
On ne m'avait pas attendu,
Sur les murs le tissus tendu
Montrait un peu plus de poussière,
La bibliothèque était entière,
Le silence y pesait son poids
Quand je suis revenu chez moi.
Il n'y avait pour m'accueillir
Que le souvenir et l'absence,
L'horloge arrêtée, le silence,
Un nom achevant de vieillir,
Un passé de meubles de bois,
Quand je suis revenu chez moi.
Mais il n'y avait plus de rires,
Aux portes plus de grincements
Ni de courants d'air qui soupirent,
De reflets aux tableaux d'antan
Accrochés un peu de guingois
Quand je suis revenu chez moi.
Et l'argenture des miroirs,
Les cuivres toujours rebondis
Achevaient de ternir sans gloire
Au fil des heures de l'oubli
Car survivre était un exploit
Quand je suis revenu chez moi.
Il n'y avait plus un parent,
Plus un ami, plus une amie
Dont la voix pût redonner vie
A tout ce qui vivait avant
Et qu'on pouvait toucher du doigt,
Quand je suis revenu chez moi.
J'ai dit ceci pour que ma voix
D'une pièce à l'autre résonne,
Disant à ceux qui s'en étonnent
Que je suis revenu chez moi.
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