Paysages lointains, vous qui n’existez pas,
Aux quatre coins perdus des terres de Folie,
Qu’il doit être puissant ce charme qui vous lie
L’âme d’un malheureux jusqu’au jour du trépas !
Qu’a-t-il vu, qu’a-t-il fait, d’excessif ou d’horrible,
Celui qui laisse tout pour vos sombres attraits ?
Celui qui, chez les siens, va trahir son portait
Et dont ne peut pas changer le sort terrible ?
Aurait-il éveillé la vindicte d’un dieu
Par quelque acte barbare ou quelque mot impie ?
Aurait-il mérité la haine des Harpies
Par quelque trahison ou bien quelque acte odieux ?
Est-ce sa propre peur ou sa propre faiblesse
Qui l’ont persuadé de prendre ce chemin
Pour mieux vivre au présent mais se perdre demain ?
Qui sont-ils donc ceux-ci que vivre avec nous blesse ?
Qui sont-ils donc ceux-ci qui nous nous font orphelins,
S’ils étaient notre amour, de toutes leurs caresses,
S’ils étaient nos amis, de toute leur tendresse,
Pour se perdre à jamais aux pays du déclin ?
Et nous nous demandons pourquoi la même peine
Qui les a fait s’enfuir peut nous laisser ici
Avec dans nos regrets quelques remords aussi
De les abandonner à ce qui les entraine.
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