samedi 18 avril 2020

Ce n'est rien.



(Albi - Tarn.)

Un tout petit rien d’existence
Qui va tranquille son chemin
Au rythme chaloupé des stances,
Au retour joyeux d’un refrain,

Un rien de joie que l’on dépense,
De gravité que l’on retient,
Un peu d’avenir qui s’avance,
Un peu de passé qui revient,

Mais assez d’eux pour qu’on y pense
Et qu’on en fasse ce refrain
Auquel, et deux à deux les stances,
En sautillant donnent la main ;

Les mots saltimbanques s’avancent,
Ils font un cortège sans fin
Au tout petit bout d’existence
Qui va tranquille son chemin.

                               *** 
      

vendredi 17 avril 2020

Les gages.



(Parc du château de Chenonceau - Indre et Loire.)

Le temps s’en vient, s’enfuit ou traîne
Mais moi je ne fais que passer
Comme les saisons sur la plaine
Et quatre-vingt seront assez.

Si chacun me voit sans bagage
 A plus de la moitié du tout
Je n’en aurai que moins de gages
A payer à la Mort au bout.

Ainsi vont les chemins du monde,
L’espoir et nos vœux de surcroît
Jusqu’à nos amours vagabondes
Et nul ne sait que ce qu’il croit.

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jeudi 16 avril 2020

L'amour de nos aînés.



(Carnaval de Bâle - 2008.)

Ce n'est pas à moi que leur mort est due !

Je les ai protégés, bien enfermés
A double tour, aussi loin de la vue,
De l’aide et de l’amour de leurs aimés
Qu’il est possible et ma sollicitude
Les a privés, pour leur sécurité,
De tout contact. Dans cette solitude
Qu’il est hors de question de limiter
Parce que c’est la plus simple mesure,
J’en suis heureux, ils sont bien à l’abri !
Trois fois par jour, je vous rassure,
On leur porte à manger, ils sont nourris !
Ils peuvent échanger quelques paroles,
Juste un instant, avec un être humain,
Après, paisiblement, beaucoup somnolent
Et chaque jour ressemble au lendemain,
Leurs quatre murs comme seul paysage.
Et c’est très bien, rien ne vaut le repos
Et la tranquillité dans le grand âge.
Nous veillons et faisons tout ce qu’il faut.
Surtout pas de contacts ! Le téléphone
Si c’est possible, ah mais pas de courrier
Venu d’ailleurs ! Qu’ils se raisonnent,
C’est pour leur bien, surtout pas de papier !
Ils meurent malgré tout ? Allons ! Quand même ?
Oui, cher monsieur, ils nous quittent quand même,
Désespérés, douloureux et reclus,
N’ayant jamais revu ceux qui les aiment,
Pas même au cimetière, et c’est voulu…

Oui, d’accord, mais… leur mort ne m’est pas due !

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