jeudi 8 février 2018

Le bon chemin.




C’est un petit chemin pavé de mots
Qui n’emmène personne quelque part,
On y court la campagne et les écarts,
On le poursuit de lieux-dits en hameaux.
Vergers, sous-bois, qui le voudra s’arrête
En suivant le refrain des mots qu’il aime
Ou telle autre chanson, tel autre thème,
Près de l’étang, au jardin qui s’y prête.
Ici c’est la douceur, là-bas l’entrain,
Au pied du saule un peu de nostalgie,
Le bruissement du vent pour mélodie
Et les galets que le ruisseau étreint…
Des mots de la couleur du temps qui passe,
Des mots grelots qui tintent d’insouciance
Et des mots escargots pleins de patience
Sur le chemin que quelques rimes tracent;
C’est un petit chemin très anodin,
D’ombre paisible où les lignes serpentent
Au bras des jours, comme ils sont, sans dédain,
C’est un petit chemin d’illusions innocentes.

                               ***

Discussion.




La minute s’enfuit et la journée s’efface
Et c’est ainsi sans cesse et c’est ainsi sans fin,
Leur ronde se poursuit suivant sa propre trace
Et moi, je cherche en vain un sens à ce destin
Ou l’on perd aussitôt tout ce que l’on atteint..

Non, ne protestez pas en parcourant cette ode ;
Vous aviez vous aussi des rêves autrefois,
Non, ne me dites pas qu’ils sont passés de mode,
Avouez-vous plutôt que, n’ayant pas le choix,
Vous avez un beau jour fait dessus une croix.

Est-ce qu’on se soumet, est-ce qu’on s’accommode ?
D’en discuter ensemble, ah, ç’eût été tentant ;
A l’âge qu’on me voit nous n’avons plus le temps
Et je termine ici l’antistrophe et l’épode[1].

                               ***


[1] Une ode se compose de trois couplets : strophe, antistrophe et épode.

mardi 6 février 2018

Voeux pieux.




I.
Je voudrais que reviennent
Des jours qui m’appartiennent,
Des semaines d’oubli,
De repos de l’esprit,
Des moments d’insouciance
Où l’on peut sans méfiance
Rêver du lendemain
Et rire du Destin.

II.
Comme des larmes d’or
S’écoulant goutte à goutte,
La nuit fuit sans effort ;
Un grand silence écoute
Les instants qui s’égrènent,
Perles de vif-argent
Que détache la Reine
Sombre du firmament                                              
Et qui s’en vont combler
La coupe de cristal
Qu’on aperçoit trembler
Au rebord matinal.

III.
Bien que nul ne l’appelle
Voici l’aube nouvelle
Qui tient à faire voir
La route du devoir
Et tout ce qu’il faut faire
Accepter et puis taire
Du matin jusqu’au soir,
A mon grand désespoir.

Je voudrais que reviennent
Des jours qui m’appartiennent…

                               ***