Un chat très
noir s’en va tout seul
A pas
feutrés dans la nuit tiède ;
Avec l’ombre
qui le précède
Et les
nuages pour linceul,
Le jour s’enterre
sans façon
Et le chat
noir part à la chasse.
Monté sur de
longues échasses
Pour aller
loin, les polissons,
Des projets
tournent dans ma tête ;
Le chat
marche avec précaution
Vers on ne
sait quelle passion
Et les
lampadaires projettent
Une
pitoyable clarté
Aux reflets
de mauvais augure
Sur les
toits rangés des voitures
Dans la
chaleur d’un soir d’été.
Le chat noir
prudemment se glisse
De pare-choc
en pare-choc ;
Pourrions-nous
faire un peu de troc ?
Échanger un
instant nos vices ?
Moi j’irais
chasser le mulot
Ou la
souris, saine entreprise,
- La nuit
elles sont toutes grises –
Et versifier
serait son lot.
Hélas, le
chat n’est pas poète
Et le poète
n’est pas chat,
Ma plume
rêve d’entrechats
Et le chat
peut-être de couette.