vendredi 22 novembre 2013

L'Air du Temps.



 
 
 
C'est un pays dans la grisaille
D'un automne où l'hiver menace,
Un pays triste que tenaillent
Son rêve et l'espoir qui s'effacent.
 
Il pleut sur les chemins de France
Où le mauvais temps tourne en rond,
Qui sait aux heures d'ignorance
Si nos beaux étés reviendront.
 
Les bois ont perdu leur feuillage,
Cet hiver là s'annonce long,
La feuille d'or meurt au passage,
Il ne reste qu'un ciel de plomb.
 
Sur les sillons, matins et soirs,
Il souffle un vent sinistre et froid,
Le même court sur les trottoirs
Qui ne vaut guère mieux je crois.
 
                ***

dimanche 3 novembre 2013

Les Gouttes.


Les gouttes font des ronds dans l'eau
Des flaques et le vent rabroue
Les branches pâles des bouleaux
Par dessus les sentiers de boue.

Il s'installe au ciel un froid gris
Où les nuages sont de mèche
Avec ce pâle jour aigri,
Humide et maussade et revêche.

Vingt fois déjà ce matin-ci
J'ai regardé par la fenêtre,
Plein d'espoir, en me disant si
L'averse enfin cessait, alors peut-être...

Mais, non! Je ne sortirai pas,
Le vent en longs rideaux de pluie
Parcourt la campagne à grand pas;
Je tourne en rond et je m'ennuie.

                    ***

mercredi 30 octobre 2013

Fleurs d'Automne.



Au soleil d'un octobre doux,
Sur un pont, quelques fleurs d'automne,
L'eau noire du temps par dessous
Et la rive qu'elle abandonne.

Les matins de rosée en pleurs,
Au vent léger qui les caresse,
Les dernières feuilles paressent;
Le soleil frémit de couleurs.

L'été broda de fleurs nouvelles
Le moindre balcon qu'il trouva
Et la rivière qui s'en va
Le long des quais se les rappelle

Lorsqu'elle flâne sous les ponts
Où ces quelques fleurs déraisonnent
Après le milieu de l'automne,
En l'honneur d'une autre saison.

                 ***

mardi 22 octobre 2013

Les Bois Dorés.




Ce sont les bois dorés de nos anciens automnes,
Nous avons aimés à deux
Feuillages et sentiers et notre absence étonne
Comme un présage fâcheux.

Le vent chasse les jours, le monde fanfaronne,
Chaque instant fait ce qu'il peut;
De ces amours d'antan qui brisa la couronne ?
Je ne sais plus ou bien si peu...

                    ***

lundi 21 octobre 2013

Livres d'Occasion.



Ils ont pour présentoir une caisse en carton,
La fatigue souvent afflige leur reliure,
La tache d'une page ou bien quelque pliure,
Sans dire leur destin, vous en donne le ton.

Suite philosophique ou roman feuilleton,
Leur dos comme leurs plats ont les mêmes rayures,
Leur rêve est d'étagère en dépit des souillures
Et c'est le même espoir de Céline à Platon.

Offerts à tous les vents au milieu d'une place,
Livres de poche usés dont la famille lasse
A soudain décidé de purger ses rayons,

Ou volumes anciens déchus sans crier gare,
Dorés sur tranche ou non, dans ce monde en haillons,
Aux livres d'occasion, les acheteurs sont rares.

                  ***


 

vendredi 18 octobre 2013

Buvons.




Belle, tendez-moi votre verre
Que je le remplisse d'un vin
Où se noient les heures amères,
Belle, tendez-moi votre verre.

Buvons à la santé de l'un
Puis de l'autre, comme naguère,
A la santé des jours défunts,
A l'oubli des jours de colère,

Buvons à la passion sincère,
A l'amour aux mille desseins,
Avant qu'un jour ne nous enterre,
Buvons à tous nos lendemains !

Comme tout finit sous la pierre
Et que je ne suis pas devin,
Daignez exaucer ma prière:
Avant de m'embrasser enfin,
Belle, tendez-moi votre verre
Que je le remplisse de vin
Et sans plus faire de manières
Nous boirons à notre destin.

          ***

jeudi 17 octobre 2013

Un Coup de Sonnette.


En buvant calmement mon thé,
Moi, j'attends un coup de sonnette;
L'attente est une volupté
Pour tous les chasseurs de sornette.
Moi, c'est mon amour que j'attends
Et croyez-vous qu'il me suffise
De l'attendre de temps en temps ?
S'il en est que l'attente grise,
Je leur offre la mienne en sus
Et que mon amour vienne vite,
Je ne demande rien de plus,
Dans l'appartement que j'habite
Seul et sans m'inquiéter
En buvant calmement mon thé.
En buvant calmement mon thé
Tandis que ma plume s'arrête,
Moi, j'attends un coup de sonnette.

               ***

mercredi 16 octobre 2013

Accompagnement.



 

 
 
 
Mes mots accompagnent la nuit
En échangeant quelques paroles
Au gré de la ligne qui fuit,
Mes mots accompagnent la nuit.

Si nul ne sait ce qui s'ensuit,
Aucun d'entre eux ne s'en désole,
Mes mots accompagnent la nuit
En échangeant quelques paroles.

                    ***

mardi 15 octobre 2013

Au Bois.






Il est au bois un chêne, un bouleau, un sapin,
Entendez "plusieurs" pour "un",
Et l'odeur de l'automne et l'odeur de la pluie;
Le ciel qu'un nuage essuie.

Qui veut, y verra danser toutes les couleurs
Sur une fontaine en pleurs,
Un reste de douceur y poursuit chaque feuille
Que le vent qui passe cueille.

C'est un saule têtard que dépouille un ruisseau
Et l'or fuit au fil de l'eau,
C'est au long du sentier la clarté qui s'insinue
Du tronc à la branche nue,

C'est le silence léger et l'avis du repos,
Le froid qui viendra bientôt
Et dans les buissons perclus, un frisson de brindilles
Quand le dernier soleil brille.

              ***

samedi 12 octobre 2013

L'Hiver aux Longues Dents.



 
 
D'un été timoré
L'hiver à longues dents
N'a fait qu'une bouchée.
Il vente abondamment,
Il bruine sans lumière
Et sur les chênes jaunissants,
Sur les pentes de pierre
La neige brille maintenant !
 
Allons mes doigts,
A la plume enchantée,
Quoique gourds en raison du froid,
Faites ces mots tracer:
D'un été timoré
L'hiver à longues dents
N'a fait qu'une bouchée.
 
              ***
 

jeudi 10 octobre 2013

En dormant.



 
 
 
Je m'endors plein d'ardeur et me lève autrement
Dans cette solitude où règne l'impuissance,
Où le faux et le vrai sont de la même essence,
Où mille jours enfuis pèsent également.
 
Oui, j'ai rêvé de vous comme rêve un amant
Et j'ai brûlé du feu d'anciennes réjouissances,
Mille moments perdus, mille anciennes absences
Ne peuvent altérer semblable sentiment.
 
Savez-vous ce que vaut, quand le temps vous oppresse,
Un mot de réconfort, un moment de tendresse ?
Savez-vous ce que c'est que d'attendre un regard ?
 
Oui, j'ai rêvé de vous, une nuit de jeunesse,
Exaspérante et douce et folle à tous égards
Que ce matin dément sans aucune finesse.
 
                    ***

dimanche 6 octobre 2013

La Recherche.



Il faut le chercher loin ce bonheur qui m'obsède
Pour espérer un peu qu'enfin le destin cède
Ou paraisse céder;
Il faut le chercher loin sans rien pour vous aider.

Il faut le chercher loin et le chercher sans cesse,
Entre soirs d'espérance et matins de tristesse
Et ne pas s'arrêter
De crainte de tout perdre en passant à côté.

Car toute flamme naît d'une seule étincelle
Et qui peut bien savoir ce que l'instant recèle
Ou qui peut l'attester;
Il faut chercher longtemps et ne rien regretter.





mardi 1 octobre 2013

Retour.

La nuit d'automne est revenue,
Mon amour qui brûle toujours
Rêve de toi sans retenue;
La nuit d'automne est revenue.

Que des paroles inconnues
Grâce à moi te fassent la cour,
La nuit d'automne est revenue,
Mon amour y brûle toujours.

                      ***

jeudi 19 septembre 2013

Trois Fois Rien.


FRAGMENTS D’ENVELOPPES.

Possédant.

Chanceux êtes-vous les rêveurs
Qui là où tant n’ont que la terre
Possédez plus qu’un univers.
Chanceux de connaître des joies
Qui ne sont qu’à vous-mêmes
Et bien plus qu’une peur
Et d’ignorer la loi
Du temps sur vos routes lointaines.
Chanceux êtes-vous, fervents des mots
Et serviteurs,
Vous qui dites : « bientôt »
Où tant d’autres savent : « jamais ».

  ***                                                      

Instantané.

Svelte inconnue au pas pressé,
La grisaille annonce le soir
Et peut-être bien que vouloir
N’est pas assez.

Vous n’êtes qu’un fragment d’éphémère,
Parce que vous désirez et que l’on vous désire
Vous pensez avoir un destin
Mais vous n’avez qu’à peine
Un commencement et une fin
Et quand bien même
Vous vous accrocheriez à vos chimères,
Il n’en serait ni mieux, ni pire :
Vous ne feriez quand même que passer.
Vague moment d’une mémoire infime
Qui n’avez pas même un présent,
Au coin d’une rue de la ville,
Vous n’appartiendrez guère au temps
Qu’autant
Que ma rime futile
En préservera les fragments.

***
Place Publique.
Froide après-midi de février
Entrepavée de mégots
Et de petits bouts de papiers
Sur le rectangle d’une place
De gris manteaux et de bonnets.
Mon regard chasse mes désirs désuets
Aux silhouettes fluctuantes
Engaînées de fantasmes
Qu’excitent le vent aigrelet,
Contrepoint en un lit douillet
Des amours rassasiées.
Mais la ville est toujours la ville
Etrangère à hauteur de toit
Que nul ne regarde ou ne voit.
Couverture à même le sol
Et caressant son chien,
La jeunesse n’est rien,
Celle du mendiant me désole
Et sa maigreur aussi.
N’ai-je pas, moi-même, si froid ?
J’ai fait si peu,
Je n’ai rien dit
Et je suis reparti
Le nez au vent.
***       
Destins.
Tu ne connais pas ta profondeur
Ni les racines immensément lointaines
Qui sont les tiennes…
Le temps y meurt
Et notre amour y naît.
Celui qui nous unit,
L’a fait
Il y a si longtemps,
Que rien de ce qui fut
Que rien de ce qui vient
Ou qui sera conçu
Ne s’en souvient.
Ce fut de toute éternité
Et du premier regard,
Un décret arrêté
Sans le moindre hasard
Et pour mille détours
Pas une seule erreur,
Pas une heure incertaine.
Il n’y a rien à dire d’autre :
Ne sais-tu pas la profondeur,
Les racines immensément lointaines
Qui sont les nôtres ?

 ***     


Sans Retour.

Je suis un enfant
Que l’on n’a pas laissé jouer
Et maintenant,
Adieu mémoire,
Adieu présent,
Je me raconte des histoires.
Je n’ai rien oublié
Et je me souris à moi-même
En parcourant un univers
Que j’aime.
J’y vais si loin, si loin,
Que je m’y perds
Mais sans regrets, sans autre soin,
Sans autre loi
Que celle-ci :
Pas un seul regard en arrière,
Plus jamais autrefois.

      ***                                                      

Tableau d’une Ville en Hiver.

La rue déserte
Où l’ombre de l’Hiver feuillète
Les cheminées,
Où la nuit marche à pas pressés,
Mains blanches, lèvres bleuies,
D’une démarche sèche
Où frissonne un désir enfoui
Sous le seuil clos des portes.
Et puis, là-bas, au carrefour
L’obscur espace d’un mystère
Que bordent les trottoirs de pierre
Et ce silence sans défaut,
Si lourd d’attente et de rumeurs,
De clameurs
Et d’échos.
Tableau d’une ville en hiver,
Sommeil d’ardoise
Et de portes cochères,
De caniveaux et de pavés,
De frontons barbelés,
D’arches sévères
Et de clochers
Que garde une fenêtre
Où je me vois.

  ***                                                      

Saisons du Monde.

Glace et midi, neige et poussière,
La route blanche de l’hiver,
La route bleue de nos étés,
Ensemble pour me raconter
L’éclat d’étain de la mare gelée,
Le chant nocturne des fontaines,
La rose d’octobre entêtée,
Le givre des forêts lointaines
Et le goût de la liberté,
Pour me dire l’ombre volage,
Le vent qui court, le soir qui vient
Et l’écume au lit de la plage,
La nuit, les aboiements d’un chien
Qui doit veiller sur la campagne
Et que nos pas entrelacés réveillent,
Sinueuse béatitude
Des échos ajournés,
Miroirs trompeurs, glaces sans tain,
Mots fallacieux, mots éventés,
Souffle muet,
Ombre de l’amplitude,
Telle est le murmure du monde,
Telle est sa vérité.

  ***      
                                                
Pâques.

Et l’air sent Pâqu(es) et le Printemps
Qui sont tout un :
Un mélange de feuilles à venir
Et de douceur au bord du vent
Et d’horizon plus vaste
Et d’espace plus grand.
Une promesse à retenir
En ses mots opportuns :
Comme un rideau de pluie
Effrangeant les nuages,
Un ciel gris de passage
Sur un ruisseau qui luit.
Au miroir de l’ornière,
Un reflet de l’azur
Découpant sa lumière
Sur la route où l’Hiver
Avait dresse des murs,
Des obstacles de pierre
Comme ses jours, …défunts.

  ***                                                      

La Tasse de Thé.

Dans une tasse d’ambre clair,
Une simple tasse de thé,
Minuit s’imagine et se perd
Dans cette pièce où la clarté
D’une lampe unique s’oppresse
De tant et tant d’obscurité.
Pourtant cette ombre est sans tristesse,
Riche surtout d’aménité,
De calme et de douceur oisive.
Les mots ont l’existence lasse,
Déjà, d’un désir exaucé,
Tous mes livres sont à leurs places
Comme ils l’étaient dans le passé.
Mots anciens dont je suis la trace,
Je me réjouis des bons côtés
Du temps qui fuit et qui s’amasse
Discrètement en aparté.

En votre honneur minuit s’efface
Et je lève ma tasse
De thé…

               ***                                                     

La Lutte et le Printemps.

Ce n’est qu’un seul jour de lumière
Dans l’ombre encore de l’hiver,
Pas de quoi se persuader
Que le printemps est arrivé.
Premier contact, brève visite
Et même les bourgeons hésitent
A prendre au sérieux la douceur
D’un soleil de neuf heures.

Un peu de vent venu d’Ouest,
L’attente et l’espoir font le reste
Mais le bonheur reste prudent.
Même à deux, assis sur un banc,
Le doute et l’espérance luttent,
On comprend bien que tout débute,
Que tout est possible et pourtant,
Que tout dépend du temps…

              ***       

Compagnon de Voyage.

« C’est une triste route que celle qu’on fait en solitaire »
Se disait un gourdin.
« L’homme n’est pas un compagnon, c’est un gamin,
Pour moi qu’on a taillé dans un chêne tricentenaire.
De quoi parlerions-nous ?
Dessus, dessous,
Nous n’avons aucun point commun.
Je veux bien soutenir sa main
Et guider son voyage
Mais rien, non, rien ne nous unit
Et rien ne nous rapproche.
Moi seul connais le bon usage,
Du gué, du sentier, du passage.
A la moindre ronce il s’accroche,
A la moindre pierre il trébuche
Quand je connais la moindre roche,
La moindre ornière et toutes les embûches,
Tous les climats et tous les paysages.
De quoi parlerions-nous
Quand je suis sage
Et qu’il est fou ?

  ***                                                      

 Au Troisième.

Voici mon troisième et dernier printemps
Et ma nouvelle et très profonde mue,
Le vent frissonne au bord d’un monde à nouveau nu
Où mon cœur naît rêveur, si loin de ce qu’il fut :
L’aube et le jour sont lents.

Riez bosquets légers aux rameaux murmurants,
Les papillons amoureux de l’instant,
Volent joyeux de corolle en branchage
Et la feuille a souri aux gouttes de passage
D’un sourire sans âge.

Sous la croix des hivers, mon existence est brève,
Car si le grain ne meurt, nulle moisson ne lève,
Sous le vieux tronc noirci, coule encore la sève
Qui gonflera dans la moiteur des nuits
L’orbe féconde de mes fruits.

        ***                                                      



                                                 

dimanche 25 août 2013

L'été décline.



 
 
 
L'été décline doucement
Aux champs damés d'ocre et de paille,
Jour et nuit vont inversement;
Les ombres grandissent de taille.
 
Aux verts de mêle un reflet d'or,
Déjà quelques roux apparaissent
Ici ou là, cernant le bord
D'un feuillage où le vent paresse.
 
Les prés fauchés sentent le foin,
On voit fleurir les digitales
Le long des bois, de loin en loin;
La rose effeuille ses pétales.
 
La fraicheur s'en revient au soir,
Le petit matin la prolonge,
On y peut même apercevoir
Un voile de brume et de songe.
 
Autrefois, à ce moment là,
Je sentais approcher l'école,
Et le bonheur qu'elle voila,
Encore aujourd'hui, me désole,
 
De n'avoir pas été vécu
Au moins autant qu'il pouvait l'être
Mais je n'ai plus été déçu
Depuis que je suis mon seul maître.
 
Et tant pis pour le marronnier
Qui perd au vent ses feuilles mortes
Et pour les jours aux mots confiés
Que l'encre des pages emporte.
 
Tant pis si midi maintenant
N'a plus toute sa gloire entière,
Si tout le long de la rivière,
Sans bruit, flâneur et nonchalant,
L'été décline doucement.
 
              ***
 


vendredi 2 août 2013

Que Faire ?



 
Un matin frais se lève,
Que ferai-je aujourd'hui ?
Mes vieux soucis font trêve,
L'incertitude a fui,
Un matin frais se lève,
Que ferai-je aujourd'hui ?
 
Irai-je par les rues
En chantonnant cet air
Aux notes inconnues
D'un poème à l'envers;
Irai-je par les rues ?
 
Ecrirai-je des mots
A la flamme fugace
D'un amour sans repos
Afin que le temps passe;
Ecrirai-je ?
 
Non, j'irai nettoyer,
N'est-ce pas plus utile
Que d'ainsi versifier
Sur des thèmes futiles ?
Non !
 
          ***
 
 

mercredi 24 juillet 2013

Facettes de l'été.



 
 
 
 
Je termine ma sieste et je me dis; "allons,
Ne faut-il pas, au moins un peu, que je travaille ?"
Des trottoirs gris il monte une chaleur de plomb
Et le ciel flambe aux toits comme flambe la paille,
La tuile rutilante et la brique de feu
De leurs alignements qui dominent les rues
Réverbèrent l'été, violent et voluptueux,
Où s'enfoncent tout droit de longues avenues.
Est-il une campagne aux peupliers ombreux
Où la rivière rêve à des baigneuses nues,
Où le vent et le flot murmurent bienheureux,
Le refrain alterné de strophes inconnues,
Où l'ombre peint l'amour au poli des galets
Dans les reflets de l'eau que sa fraîcheur enchante,
Où le sable scintille au jeu doux et muet
De la lumière d'or et des ombres dansantes ?
 
                             ***
 
 

 

 

vendredi 19 juillet 2013

Ombre et lumière.







Ombre et lumière sur la mousse
Dansent au bois l'après-midi,
Quel désir attire et repousse
Les mots que nous n'avons pas dits ?

Quel sentier mène à la clairière
Où nos jours nous ont précédés
Et lequel autre à la chaumière
Dont le seuil est abandonné ?

L'été n'a plus votre sourire
Où donc ai-je perdu le mien ?
Je ne saurais pas vous le dire,
Le terme est fait de tous ces riens.

Les lys dans le jardin se fanent,
Vous ne pouvez y retourner,
La serrure sans clé condamne
Tous ceux qui l'ont abandonné.

Il vient un soir de lune rousse,
Jamais ma chanson n'a trahi;
Ombre et lumière sur la mousse
Ont dansé tout l'après-midi.

                    ***

mardi 2 juillet 2013

Les Quatre Routes.



 
 
 
Au croisement de quatre routes
Je me suis assis un instant,
Ce n'est pas que marcher me coûte
Mais il faut savoir où l'on tend.
 
Sur quatre laissons la première
Par laquelle je suis venu:
Pourquoi retourner en arrière
Et voir ce qu'on a déjà vu ?
 
Quant à la seconde elle mène
Vers la pénombre des forêts,
Mais aujourd'hui l'ombre me gêne,
Tous les sous-bois ne sont pas gais.
 
Quant à la troisième elle gagne,
Montant au travers des rochers,
L'aridité de la montagne,
La douceur ne peut s'y cacher.
 
La quatrième suit la plaine
Au fil des champs et des vergers,
Elle m'a dit: " je suis sereine"
Et je m'en vais m'y engager.
 
              ***
 
 


L'Heure des Nénuphars.





Dessus cet étang paisible,
Glisse un mauvais temps serein,
Quelques gouttes invisibles
Tambourinent leur refrain.

Fleurs d'une blancheur à part,
Feuilles dessinées au trait,
Le temps s'écoule en reflets,
A l'heure des nénuphars.

La rive où les ombres tremblent
Murmure aux herbes bavardes
Des rêves qui leur ressemblent,
Des secrets que nul ne garde.

L'été fuit au fil de l'eau,
Nymphéas et cardamines,
Anémones, nélumbos
Y fleurissent ma comptine.

               ***