Debout !

C’est la lumière du matin

Qui vous éveille et vous propose

Chaque jour un autre destin ;

C’est la lumière du matin.

L’antique « aurore aux doigts de rose »

Si chère aux grecs et aux latins

Qui vous éveille et vous propose

De vivre encore ou bien enfin

C’est la lumière du matin.

Et si nul vers ne vous atteint

Je vais vous le redire en prose ;

Il est temps, levez-vous afin

D’au moins commencer quelque chose

A la lumière du matin !

                               ***       

Le coucher.

Minuit s’avance à reculons

Pour ne pas voir la proche aurore,

Venez ici, mon édredon !

Minuit s’avance à reculons.

A dormir serais-je trop long ?

A cette heure j’écris encore ;

Minuit s’avance à reculons

Pour ne pas voir la proche aurore.

Mon oreiller, venez, allons !

Alors que la nuit va se clore,

Bouder, vous avez de l’aplomb !

C’est un retard que je déplore ;

Minuit s’avance à reculons.

Pendards, assez de métaphores,

Je rêve d’un sommeil de plomb :

Minuit s’avance à reculons

Pour ne pas voir la proche aurore.

                               ***

En chandelle.

Tout au bout de la nuit,

Il brille une chandelle,

C’est elle que je suis,

Tout au bout de la nuit.

C’est peu que ce qui luit

Mais ce peu-là recèle

Mon espérance et puis

La promesse irréelle

Qu’autre chose le suit

Tout au bout de la nuit.

Mon assurance est telle

Que l’ombre s’en réduit

Autour de ma chandelle.

L’aurore sans un bruit

Semble glisser vers elle.

Tout au bout de la nuit,

Il brille une chandelle.

                               ***