Le regard porte loin, tout au bout de l’été
Où les plus paresseux des nuages s’endorment ;
Au sommet de la tour que tutoient de grands ormes
Nul guetteur pour veiller sur ces lointains bleutés.
Au fond des douves stagne encore un peu d’eau verte,
Depuis quatre cents ans la poterne est ouverte
A tous les visiteurs, aux vents et aux saisons
Et plus trace de toit ni même de charpente
Au sommet du logis mais on voit un blason
Par miracle échappé sans doute à la tourmente
Orner l’ample manteau des vieilles cheminées.
On le distingue mal, on n’en peut approcher
Depuis certainement d’innombrables années,
Il n’y a plus ici trace d’un seul plancher.
Du sommet de la tour où nul créneau ne reste,
Aujourd’hui comme hier, le regard porte loin.
Et l’on pense légende ou bien chanson de geste
En guettant un écho que l’on n’entendra point.
Un peu de nostalgie à ce moment vous gagne,
C’est le même ciel bleu, c’est la même campagne
Où l’on voit s’éloigner les mêmes vieux chemins,
Ce sont les mêmes bourgs et les mêmes églises,
Et l’on sent à portée, ou presque, de sa main…
Quand l’appel d’un ami d’un seul coup vous dégrise !
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