vendredi 5 janvier 2018

La lune.



(Venise - Place Saint-Marc.)

La lune d’argent se lève et me voit,
Elle sourit et se moque de moi :
« Que fais-tu là tout seul, prêt à écrire
Quand l’ombre danse et que la nuit soupire ? 
Et dans le parc obscur dorment des fleurs
Dont le sommeil exhale mille odeurs ;
Lève les yeux et laisse là tes stances,
Je suis l’oubli et je suis l’insouciance. 

Viens avec moi si tu tiens à l’amour,
Viens donc, j’en suis la maîtresse et la science,
Laisse ta plume et tes versets, accours,
Je t’apprendrai, si tu me fais confiance,
Un très vieux jeu de songe et de reflets,
Où les passions qui s’embrassent, légères,
Avec la grâce ombreuse des ballets
Diront pour toi leurs chansons passagères. »

                               ***       

jeudi 4 janvier 2018

Mon Amour.




Mon Amour, viens auprès de moi
Partager un peu de tendresse,
Oublions le temps et ses lois ;
Mon Amour, viens auprès de moi.

Pour que la vie, un instant, soit
A la hauteur de ses promesses,
Mon Amour, viens auprès de moi
Partager un peu de tendresse.

Je sais bien que la nuit s’empresse
De fuir et que telle est la loi
Mais qu’un instant nos deux mains tressent
Cette chaîne de notre choix ;
Mon Amour viens auprès de moi.

Faisons mentir, comme il se doit,
Ces mots : « Toutes les heures blessent »[1]
Afin qu’au moins celle-ci soit
Le bonheur qui n’a point de cesse,
Mon Amour, viens auprès de moi
Partager un peu de tendresse.

Hier s’oublie et demain se laisse,
Exauce en entendant ma voix
La prière que je t’adresse :
Oublions le temps et ses lois,
Mon Amour, viens auprès de moi.

                               ***       


[1] Rappel du proverbe latin : omnes hores vulnerant ultima necat, toutes les heures blessent, la dernière tue souvent inscrit autour des cadrans solaires.

mercredi 3 janvier 2018

Chanson de l'an nouveau.





Chanson des grands chemins de pierre
Qui vous mènent de l’an nouveau
A celui qui s’en vient derrière
En passant dessus le ruisseau,
En passant dessus la rivière,
Par la montagne s’il le faut,
Par les ajoncs et la bruyère,
La grande ville et le hameau,
Par-dessus les barrières,
Au-delà des châteaux,
Par les prés et les fondrières ;
Une chanson et son écho,
Une chanson si fière,
Qui chante l’an nouveau,
Qui chante le chemin à faire,
La trame obscure et ses rehauts,
L’ombre des jours et leur lumière
De l’an qui s’éloigne en arrière
A l’an qui revient de nouveau.

                        ***