mardi 8 avril 2014

TLT-PLP. (Le Tiers LIvre des Triolets Pour Lecteurs Pressés.)



Introduction.


I.


Vous n’avez pas le temps
Et moi je ne l’ai guère,
Pourtant lire est tentant ;
Vous n’avez pas le temps.
Huit vers, est-ce éreintant ?
Non, c’est une misère !
Vous n’avez pas le temps
Et moi je ne l’ai guère.

                ***

II.


Quelques mots pour la nuit,
Quelques mots pour l’aurore,
Voilà tout ce qui suit,
Quelques mots pour la nuit.

Trois autres pour midi
Et le dîner encore ;
Quelques mots pour la nuit,
Quelques mots pour l’aurore.

                ***



Paysages.


En gris.


C’est un jour gris d’un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie,
Aux toits d’ardoise et aux trottoirs luisants,
C’est un jour de l’hiver renaissant.

Un vent d’Ouest qui frissonne en passant,
Un jardin vide, un horizon de suie,
C’est un jour gris d’un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie.

                ***

Orage.


Au lac d’étain, un ciel de plomb
Où soudain la foudre étincelle
Et son grondement tout au long
D’un lac d’étain au ciel de plomb.

Le vent gémit dans le vallon,
L’averse crépite et ruisselle,
Au lac d’étain, un ciel de plomb
Où soudain la foudre étincelle.

                ***

Décor.


Des fenêtres qui se regardent
Par-dessus des cours sans jardins
Où quelquefois un chat s’attarde ;
Des fenêtres qui se regardent.

Des jardinières qui ne gardent
Que des bouquets sans lendemains ;
Des fenêtres qui se regardent
Par-dessus des cours sans jardins…

                ***


Condamnation.


La première fleur d’amandier
Dit à l’Hiver : « je te condamne »,
Une autre le fait oublier,
C’est le rôle des amandiers.

Les près sont de vert habillés
Où la brise doucement flâne ;
La première fleur d’amandier
Dit à l’Hiver : « je te condamne ».

                ***

Pénombre.


C’est l’heure où le jour se repose
Avant de terminer son temps ;
Pénombre au bout d’un ciel de roses,
C’est l’heure où le ciel se repose.

Le silence n’a pas de cause,
L’obscurité paisible attend,
C’est l’heure où le jour se repose
Avant de terminer son temps.

                ***

Aquarelle.


Et l’aquarelle d’un reflet
Mêlé d’opale et de turquoise
Dit que le jour fuit à regret
Dans l’aquarelle d’un reflet.

Mais où va-t-il ? Où il lui plaît
En saluant la nuit qu’il croise
Dans l’aquarelle d’un reflet
Mêlé d’opale et de turquoise.

                ***


Premier Automne.


En automne c’est bien souvent,
De l’océan vers la campagne,
Qu’on entend souffler un grand vent ;
En automne, c’est bien souvent.

Pleurant, hurlant semblablement
Il souffle depuis la Bretagne,
En automne, comme souvent,
De l’océan vers la campagne.

                ***

Second Automne.


Des vers pour une fleur d’Automne
Aux rives d’un octobre doux
Où les marronniers roux s’étonnent
Des vers pour une fleur d’Automne.

D’un pont où le soleil se donne,
L’eau noire du temps par-dessous,
Des vers pour une fleur d’Automne
Aux rives d’un octobre doux.

                ***


Féerie.


L’or vieilli du feuillage où la neige est diamant
Emerge de la brume aux lointains de soierie,
Le soleil de novembre effleure doucement
L’or vieilli du feuillage où la neige est diamant.

Aux chemins qui sinuent au hasard, savamment,
S’achève en flamboyant une étrange féerie ;
L’or vieilli du feuillage où la neige est diamant
Emerge de la brume aux lointains de soierie.

                ***


Février.


Un tel soleil en février !?
Voilà que les arbres s’étonnent
Qu’ils soient chênes ou peupliers,
Cela frémit, cela bougonne :
« Un tel soleil en février ? ».

Dans l’hiver du calendrier
La douceur du ciel bleu détonne,
Entre charmes et coudriers
On se récrie et l’on raisonne :
« Mars pourrait être meurtrier,
Juste quand les bourgeons fleuronnent,
Un hiver qui s’est fait prier
A Mai quelquefois se cramponne ;
Un tel soleil en février ? »

On s’interroge et l’on marmonne,
Dans les bois, au bord des sentiers
Voilà que les arbres s’étonnent.

                ***

La Pluie.


J’écoute la pluie de printemps,
Murmurant ses notes pressées
Dans une nuit qui l’est autant ;
J’écoute une pluie de printemps.

Par-dessus les toits ruisselants,
Tout le long des rues désertées,
Murmurant ses notes pressées,
J’écoute une pluie de printemps.

                ***

Le Canal.


Le long du canal le Printemps
Se peint en reflets de passage
A peine troublés par le vent,
Le long du canal au Printemps.

Et le soleil glisse changeant
Sur les nuances du rivage,
Le long du canal le Printemps
Se peint en reflets de passage.

                ***


Horizon du Soir.


A l’heure où les couleurs se fondent
Dans cette grisaille du soir,
La joie abandonne le monde ;
A l’heure où les couleurs se fondent.

Et les arbres nus se répondent
Où les corbeaux se laissent choir
A l’heure où les couleurs se fondent
Dans cette grisaille du soir.

                ***



Triolets de la folie.


I.


Où donc a-t-on construit un pont
Sur les berges de la rivière
A l’équerre et au fil à plomb,
Où donc a-t-on construit un pont ?

Qu’ils soient de bottes, d’éperons,
Ils sont avant tout de poussière ;
Où donc a-t-on construit un pont
Sur les berges de la rivière ?
               
                ***

II.


Un silence aux perles de vent
Qui parsèment la nuit lointaine,
L’ombre qui se nourrit avant
D’un silence aux perles de vent,

L’heure,  en allant et venant,
Ressasse, toujours incertaine,
Un silence aux perles de vent
Qui parsèment la nuit lointaine.

                ***

III.


De tout le reste et son contraire
La phrase a nourri mille ruses
Dont chacun ne peut guère extraire
Que tout le reste et son contraire.

Parler en l’air, faire et défaire,
Qu’on s’en repente ou qu’on s’en amuse
De tout le reste et son contraire
La phrase a nourri mille ruses.

                ***

IV.


Triolet de l’indignité
Dans l’indifférence absolue
De ceux qui pourraient l’écouter ;
Triolet de l’indignité

Et des mots perdus sans compter
Sur des pages jamais relues ;
Triolet de l’indignité
Dans l’indifférence absolue.

                ***

V.


Un temps qui ne veut plus rien dire,
Des jours qui ne le peuvent plus,
Pour une volonté de cire,
Un temps qui ne veut plus rien dire.

Et des images qui chavirent
Aux pieds d’horizons révolus
D’un temps qui ne veut plus rien dire,
Des jours qui ne le peuvent plus.

                ***

VI.


Sonnez plus haut cloches du vent,
Les jours qui parcourent la lande
Sont maintenant si loin devant ;
Sonnez plus haut cloches du vent.

Comme à chaque soleil levant
Que l’éternité vous demande,
Sonnez plus haut cloches du vent,
Les jours qui parcourent la lande.

                ***

VII.


Couloirs feutrés aux salles blanches
Où l’avenir se tient écrit,
L’oubli seul offre une revanche ;
Couloirs feutrés aux salles blanches.

Haut-lieux où les destins s’épanchent,
Je vous chasse de mon esprit
Couloirs feutrés aux salles blanches
Où l’avenir se tient écrit.

                ***

VIII.


Au bord d’un horizon borné,
Je suis une vieille toupie
Qui se lasse de tant tourner
Au bord d’un horizon borné.

De ce dégoût ces vers sont nés
Où ma tristesse s’est tapie ;
Au bord d’un horizon borné,
Je suis une vieille toupie.

                ***

IX.


Une idée- étincelle
Et la flamme d’un vœu,
L’écho d’une crécelle ;
Une idée-étincelle.

De couvents en chapelles
Que cherche ce lépreux ?
Une idée- étincelle
Et la flamme d’un vœu.

                ***

X.


La nuit au compte-gouttes,
Le jour à reculons
Et le temps qui m’écoute ;
La nuit au compte-gouttes.

Et le terme et la route
Aux brodequins de plomb ;
La nuit au compte-gouttes,
Le jour à reculons.

                ***

XI.


L’oubli pour le silence
Mais qu’est-ce que l’oubli ?
La mort, un gouffre immense ;
L’oubli pour le silence.

Déjà l’aube s’élance,
Déjà le ciel pâlit,
L’oubli pour le silence
Mais qu’est-ce que l’oubli ?

                ***

XII.


A quoi me sert le verbe « avoir »
Dans le théâtre de la vie
Si je n’ai plus aucun pouvoir,
A quoi me sert le verbe « avoir » ?

Et depuis quand un « au-revoir »
Met-il un terme à nos envies ?
A quoi me sert le verbe « avoir »
Dans le théâtre de la vie ?

                ***

XIII.


C’est une illusion de la vie,
C’est un mensonge de la nuit,
Rien qu’une ombre déjà ravie ;
C’est une illusion de la vie.

Image au vent qui la convie,
Si vaine au réveil qui la suit ;
C’est une illusion de la vie,
C’est un mensonge de la nuit.

                ***

XIV.


Quand les forêts deviennent grises
Comme des champs abandonnés
Quelque chose de nous se brise ;
Quand les forêts deviennent grises.

Voici ce que les vents nous disent :
« Le glas devrait être sonné
Quand les forêts deviennent grises
Comme des champs abandonnés. »

                ***

XV.


Un mot pour être consolé,
C’est le mot « fin » et c’est étrange
Car le début s’est envolé ;
Un mot pour être consolé.

« L »avant » se voulait désolé,
« L’après » sourit, cela me change ;
Un mot pour être consolé,
C’est le mot « fin » et c’est étrange.

                ***



Philosophie.


Unique.


Il ne vous est pas donné deux fois
Dans le cours d’une existence humaine,
Non, pour toutes choses un seul choix ;
Il ne vous est pas donné deux fois.

Si ce vin dans la coupe qu’on boit
A plus grande soif pourtant vous mène
Il ne vous est pas donné deux fois
Dans le cours d’une existence humaine.

                ***

Des mots.


Dans l’ombre qu’à midi, un vieux clocher érige,
Asseyons-nous ensemble et songeons un moment
Dans la chaleur de l’heure où le monde se fige
A l’ombre qu’à midi un vieux clocher érige.

Nous le savons tous deux, le verbe nous inflige
Sa loi de l’existence pourtant le verbe ment ;
Dans l’ombre qu’à midi, un vieux clocher érige,
Asseyons-nous ensemble et songeons un moment.

                                ***                                                                     


Les mots-pierres.


Certains jours de lumière,
Des vieux clochers romans
S’élève une prière,
Certains jours de lumière.

Les mots se font les pierres
Et la Foi l’ornement,
Certains jours de lumière,
Des vieux clochers romans.

                ***

Liberté.


Rêvez-vous de la liberté
Autant que de votre maîtresse ?
Je vous sens soudain hésiter ;
Rêvez-vous de la liberté ?

Les plus vieux viendront raconter
Que pour aucune ils ne s’empressent…
Rêvez-vous de la liberté
Autant que de votre maîtresse ?

                ***

Les Archontes[1].


Ils ne connaissent que leur ventre,
D’ailleurs, le reste existe-t-il ?
Tout l’univers n’a qu’eux pour centre ;
Ils ne connaissent que leur ventre.

Dans leurs poches sans fond tout entre,
Le riche est grand, le pauvre est vil ;
Ils ne connaissent que leur ventre,
D’ailleurs, le reste existe-t-il ?

                ***

Les Gens Âgés.


Ils me l’ont dit et répété,
« Le pire c’est la solitude,
Le reste n’est rien à côté » ;
Ils me l’ont dit et répété.

Ils me l’ont dit et raconté ,
On n’en prend jamais l’habitude ;
Ils me l’ont dit et répété,
« Le pire c’est la solitude ».

                ***

La Roue de la Fortune.


Regardez bien autour de vous
Tourner la roue de la Fortune
Qui monte et descend tout à coup ;
Regardez bien autour de vous :

Ce soir le monde à vos genoux
Et demain la fosse commune ;

Le monde change, voilà tout,
Souvent de manière importune ;
Regardez bien autour de vous
Tourner la roue de la Fortune.

                ***

Mourir.


Il faut mourir, c’est entendu,
Mais pas dans ces lits anonymes
Que dans les hôpitaux j’ai vus ;
Il faut mourir, c’est entendu.

Tant qu’à finir seul et perdu,
Chez moi ce serait magnanime ;
Il faut mourir, c’est entendu,
Mais pas dans ces lits anonymes.

                ***

Demain.


Ce sera le plus beau printemps
De toutes les années d’un monde
Qui n’en espérait plus autant ;
Ce sera le plus beau Printemps.

Et ce seront mille fragrances,
Mille couleurs,
Mille nuances,
Mille manières de bonheur,

Et ce seront mille espérances,
Et mille aveux,
Mille expériences
Et mille aubes de feu,

Mille versets d’un autre temps,
Riant de leur propre faconde,
Ce sera le plus beau Printemps
De toutes les années du monde.

                ***

L’Egaré.


Comme une feuille tremble au vent,
Il est des aubes qui vacillent
Aux craintes du soleil levant
Où tant d’incertitudes brillent
Car hier a cessé de compter
Et de l’avenir rien n’existe ;
Saviez-vous que la liberté
Commence comme un roman triste ?

                ***

Un Jour de Plus.


Encore un jour évanoui,
Un jour de ce compte suprême
Dont j’aurai jusqu’au bout joui ;
Encore un jour évanoui.

Je retrouve un bonheur enfoui
Sans être frappé d’anathème,
Encore un jour évanoui,
Un jour de ce compte suprême.

                ***

Aisément.


On écrit aisément
Ce qui ne veut rien dire
Mais que fait-on vraiment ?
On écrit aisément.

Pour parler galamment
Il y a de quoi rire :
On écrit aisément
Ce qui ne veut rien dire.

                ***

Résolution.


Oublions le terme et la fin,
Le doute et la mélancolie,
Que le temps reste sur sa faim :
Oublions le terme et la fin.

Laissons l’esprit, grossier ou fin,
Le cœur et ses folles envies,
Oublions le terme et la fin,
Le doute et la mélancolie.

                ***

Et d’autres Mots…


Courez, courez sur le papier
Petits signes d’indifférence
Qui voulez-vous faire prier ;
Courez, courez sur le papier.

Mais après tout que vous soyez
On non, quelle importance ?
Courez, courez sur le papier
Petits signes d’indifférence.

                ***

Apprendre.


J’ai mis bien du temps pour apprendre
Et trois fois rien pour oublier,
Monter coûte plus que descendre ;
J’ai mis bien du temps pour apprendre.

Je ne peux guère me défendre
De l’avoir un peu gaspillé ;
J’ai mis bien du temps pour apprendre
ET trois fois rien pour oublier.

                ***

Essuyer…


Sachez essuyer la tempête
Avec un peu de bonne humeur
Et tant pis si le vent s’entête !
Sachez essuyer la tempête.

N’allez pas jouer au plus bête,
Le vent que rien n’arrête, meurt ;
Sachez essuyer la tempête
Avec un peu de bonne humeur

                ***

Théâtre.


Pour certains rien n’a plus de prix
Que les scènes et le théâtre ;
Etre acteurs, au moins en esprit,
Pour certains rien n’a plus de prix.

Moi, ce que les jours m’ont appris
C’est le bien-être au coin de l’âtre ;
Pour certains rien n’a plus de prix
Que les scènes et le théâtre.

                ***


Amour.


Peine.


Au triolet des jours qui passent
J’ai dit ma grand-peine d’amour
Afin qu’il en reste une trace ;
Au triolet des jours qui passent.

On perd beaucoup en peu d’espace,
La vie me joue un mauvais tour ;
Au triolet des jours qui passent
J’ai dit ma grand-peine d’amour.

                ***



A l’Aube.


Mon cœur évoque mes amours
Lorsque la brume devient rose
Sur les chemins du petit jour ;
Mon cœur évoque mes amours.

Mais peut-on faire ainsi la cour
A celle qui si loin repose ?
Mon cœur évoque mes amours
Lorsque la brume devient rose.

                ***


Avant.


Hier, au fond d’un appartement,
A ronger le temps solitaire
Et compter peines et tourments,
Hier au fond d’un appartement.

Demain à deux pour l’agrément
De tous les plaisirs de la terre ;
Hier, au fond d’un appartement,
A ronger le temps solitaire.

                ***

Minuit I.


C’est un triolet de minuit
Pour nos amours embarrassées
A qui la solitude nuit ;
C’est un triolet de minuit.

Vers de nos rêves éconduits,
Rimes des heures effacées,
C’est un triolet de minuit
Pour nos amours embarrassées.

                ***

L’été.


L’ombre légère des platanes
Sur les trottoirs redit l’été,
Lorsque les filles s’y pavanent
A l’ombre douce des platanes.

Sur la place qui s’enrubanne
Aux bals des dimanches fêtés,
L’ombre légère des platanes
Sur les trottoirs redit l’été
Et les longues heures en panne
Qu’on se plaît à ne pas compter
Et ces amours en filigrane
Que l’on vit sans les raconter
Quand l’ombre douce des platanes
Sur les trottoirs redit l’été.

                ***

Inconnues.


Nos amours sont des inconnues
Que le hasard a pris au mot
De quelque apparence ténue ;
Nos amours sont des inconnues.

Du rêve à la vérité nue
Ce sont malgré tout des jumeaux ;
Nos amours sont des inconnues
Que le hasard a pris au mot.

                ***


Amours.


Sous les nuages bleus
Des crépuscules roses,
Certains étés il pleut,
Sous les nuages bleus.

Amours, encore un peu,
Vous prendriez la pose 
Sous les nuages bleus
Des crépuscules roses.

                ***

Minuit II.


Voici déjà minuit tout proche,
J’ai hâte de vous voir ici,
Soit dit, mais sans aucun reproche,
Voici déjà minuit tout proche.

Alors que la nuit s’effiloche,
Songeur, je vous écris ceci :
Voici déjà minuit tout proche,
J’ai hâte de vous voir ici.

                ***

Silence.


Un doigt sur les lèvres, silence !
Un regard plutôt que des mots.

Vos yeux, seuls, parlent d’évidence ;
Un doigt sur les lèvres. Silence !

L’amour est fait de connivence,
De compréhension sans défauts ;
Un doigt sur les lèvres, silence !
Un regard plutôt que des mots.

                ***

Protestation.


Je vous aime autant que je puis,
Croyez que ce n’est pas peu dire ;
Je vous rencontrai et depuis
Je vous aime autant que je puis.

Cet amour est mon seul appui,
Il vaut plus que l’or et l’empire,
Je vous aime autant que je puis,
Croyez que ce n’est pas peu dire.

                ***

Appel.


Voyez, mon Amour et mon Âme,
Combien ce soir j’ai le cœur lourd,
Tant de cendres couvrent sa flamme,
Voyez, mon Amour et mon Âme.

Vous lui manquez, il vous réclame
Mais viendrez-vous à son secours ?
Voyez, mon Amour et mon Âme,
Combien ce soir j’ai le cœur lourd.

                ***

Dix.


Dix ans qui s’en vont et reviennent
Entre l’étincelle et la nuit,
Dix ans d’amour que l’ombre suit,
Dix ans dont les cendres s’abstiennent
D’étouffer la braise qui luit,
Dix ans de silence et de bruit
Que consume une flamme ancienne ;
Dix ans qui s’en vont et reviennent.

                ***

Dix-huitième.


Marquise où allez-vous ce matin,
Belle en catimini, quoique sans crainte,
Seule du pas menu qu’ont les trottins ;
Marquise où donc allez-vous ce matin ?

Vous confesser au jeune Théatin
Dont tout Paris redit les œuvres saintes ?
Marquise où allez-vous ce matin,
Belle en catimini, quoique sans crainte.

                ***


Dites.


Amour, dites-moi, dites
Si vous n’aimez en moi
Plus que je ne mérite ;
Amour, dites-moi, dites !

L’illusion passe vite
Et le réel déçoit,
Amour, dites-moi, dites
Qu’aimez-vous donc  en moi ?

                ***

Et Puis.


Au milieu de la nuit
Vous dormez, je vous aime,
Vous dormez, quel ennui,
Au milieu de la nuit !

Vous secouerai-je et puis…
Ce serait mieux quand même !
Au milieu de la nuit
Vous dormez, je vous aime.

                ***

Ce Matin.


Le soleil brille ce matin
Mais il lui manque ton sourire
Et les fleurs ont un air éteint ;
Le soleil brille ce matin.

Le bleu du ciel paraît déteint
Sans ton regard en point de mire ;
Le soleil brille ce matin
Mais il lui manque ton sourire.

                ***



Quotidien.


Destin.


Soyons mi- sucre et mi- vinaigre
Comme les jours que nous vivons
Demi-furieux, demi-allègre ;
Soyons mi- sucre et mi- vinaigre.

Nous ne ferons ni gras, ni maigre
Mais tout cela nous le savons ;
Soyons mi- sucre et mi- vinaigre
Comme les jours que nous vivons.

                ***

Politique.


Autant j’aime les mots d’amour
Autant ceux de la politique
Me font souhaiter d’être sourd
Quitte à perdre ces mots d’amour.

On voit à leurs moindres discours
Que Tartuffe a de la pratique ;
J’aime toujours les mots d’amour
Mais plus ceux de la politique.

                ***

Très Peu.


Un petit bout de chemin
Et qui n’a pas l’air de grand-chose
Mais va pourtant fonder demain ;
Un tout petit bout de chemin.

Pour changer en un tournemain,
Il suffit seulement qu’on ose
Un petit bout de chemin
Et qui n’a pas l’air de grand-chose.

                ***

Lever.


Et dès la première heure
Un premier triolet,
Le désir m’en effleure,
Et dès la première heure.

Est-ce une joie mineure ?
J’écris ce qui me plaît
Et dès la première heure
Un premier  triolet.

                ***

Cinq Heures.


Cinq heures de l’après-midi,
Les magasins du quartier ferment
Comme ils font tous les samedis ;
Cinq heures de l’après-midi.

Au centre-ville on se promène
Et les courses battent leur plein,
Ici l’on est fin de semaine,
Le silence revient serein,

La circulation ralentit
Et le jour arrive à son terme :
Cinq heures de l’après-midi,
Les magasins du quartier ferment.

                ***


Réflexions.


J’aurai beaucoup fait semblant
Tout au long de cette vie,
Ainsi, d’être plein d’allant…
J’aurai beaucoup fait semblant.

J’étais d’abord nonchalant,
Comment suivre cette envie ?
J’aurai beaucoup fait semblant
Tout au long de cette vie.

                ***

Réflexions – Suite.


J’égrène les grains de ma vie,
Ses heures peuvent se compter
Au boulier des mélancolies ;
J’égrène les grains de ma vie.

C’est une étrange litanie,
Assez monotone à chanter,
J’égrène les grains de ma vie,
Mais à quoi bon le raconter ?

                ***

Le Matin.


Et le matin gémit
De se voir inutile,
Tout espoir est remis
Et le matin gémit.

L’exil est sans amis
Ni foyer dans la ville
Et le matin gémit
De se voir inutile.

                ***


Esseulé.


A force de les harceler
Il se peut que les mots se taisent
Et l’on se retrouve esseulé
A force de les harceler.

Seul, inutile, désolé
Et dans un silence qui pèse
Car s’ils se sentent harcelés,
Il se peut que les mots se taisent.

                ***

Coucher de soleil.


De ma chambre au premier étage
J’admire un coucher de soleil,
Hier semble y devenir l’otage
De ma chambre au premier étage,

Mon cœur lui barre le passage ;
De bleu, de rose et de vermeil,
De ma chambre au premier étage
J’admire un coucher de soleil.

                ***

Menteur.


Ils veulent tous se faire un nom,
Moi, je veux rester anonyme,
Ils cherchent la gloire et moi, non ;
Ils veulent tous se faire un nom.

Pour vingt et un coups de canon
Ils vendraient leur âme aux abîmes,
Ils veulent tous se faire un nom,
Moi, je veux rester anonyme.

                ***

Vaux-de-Vire.


Un cristal empli de rubis
Où s’en vient danser la lumière
Autour d’une table d’amis
Tenant en main le même verre :
Un cristal empli de rubis,

La joie et le plaisant devis
Le soir d’une tablée entière
Voilà bien ce qui me ravit,
Ce plaisir dont ma plume est fière.

Rien de meilleur à mon avis
Qu’un cristal empli de rubis
Où s’en vient danser la lumière.

                ***


Trompette Classique.


Un air ancien de trompette classique
Comme un adieu au monde qui s’en va,
Aux jours gris d’un hiver mélancolique ;
Un air ancien de trompette classique.

Et cet émoi fait d’un regret unique
Au souvenir de tout ce qu’on rêva
D’un air ancien de trompette classique
Comme un adieu au monde qui s’en va.

                ***

Illusion.


Je me croyais sans illusion
Et pourtant j’en avais encore ;
Ce que c’est que d’être un couillon !
Je me croyais sans illusion.

Ce monde est fait de dérision
Et de faux-semblants que j’abhorre.
Je me croyais sans illusion
Et pourtant j’en avais encore.

                ***

Ce Soir.


Le chemin de terre chemine
Au bord des sillons somnolents,
Un jour de marche se  termine ;
Le  chemin de terre chemine.

A peine demain se dessine
Et clôt un passé insolent,
Le chemin de terre chemine
Au bord des sillons somnolents.

                ***

Le Vent.


I

Le vent qui passe à ma fenêtre
Peut bien se faire caressant,
Il n’offre pas plus qu’un « peut-être »,
Le vent qui passe à ma fenêtre.

Avoir été ce n’est pas être,
Il est grand menteur mais puissant ;
Le vent qui passe à ma fenêtre
Peut bien se faire caressant.

II

Le vent qui passe à ma fenêtre
N’a jamais su faire autrement,
Il parle de ce qui peut naître,
Le vent qui passe à ma fenêtre.

Il parle de ce qui peut naître
Et, sans le faire exprès, il ment
Mais qui le fera comparaître,
Passer un jour en jugement
Ce vent qui passe à ma fenêtre
Et sait être si caressant ?

                ***       

Servitude.


Un soir ici puis un soir là,
Mon épouse, la solitude,
Il m’arrive d’être bien las :
Un soir ici puis un soir là.

On me demande et me voilà,
Je me nourris de servitude ;
Un soir ici puis un soir là,
Mon épouse, la solitude.

                ***

Tous les Adieux.


Ce soir, je dis adieu ici
Et demain ailleurs : c’est la vie,
Que dire d’autre ? C’est ainsi :
Ce soir, je dis adieu ici.

Et si vos jours sont plus précis,
Croyez que je vous les envie.
Ce soir, je dis adieu ici,
Et demain ailleurs, c’est la vie.

                ***

Demain.


Demain ceci, demain cela,
Mais est-ce que demain existe ?
Demain ceci, demain cela,
Je veux y mettre le holà.

Ce « maintenant » qui s’envola
M’indique seul la bonne piste ;
Demain ceci, demain cela,
Mais est-ce que demain existe ?

                ***

Désert Nocturne.


La nuit déserte, un coin de table
Qui fait office de bureau
Dans une pièce inconfortable ;
La nuit déserte, un coin de table.

Une mémoire et ses accrocs
Insurmontables,
Et pour héros
Ces triolets indécrottables.

J’ai même trouvé confortable
Ce qui ne l’était jamais trop :
La nuit déserte, un coin de table
Qui fait office de bureau.

                ***

Le Chant de la Bouilloire.


Il faudra oublier
Le chant de la bouilloire
Sur le coin d’un évier ;

Il faudra oublier
Le triste mobilier
De ces chambres sans gloire,
Les rêves éveillés,
Les peines dérisoires.

Il faudra oublier
Le chant de la bouilloire
Sur le coin d’un évier.

                ***

Bricolage.


Les objets vivent d’inertie
Et de mauvaise volonté
Comme l’avocat, d’arguties ;
Les objets vivent d’inertie.

Je m’accuse d’impéritie,
C’est le seul tort de mon côté,
Les objets vivent d’inertie
Et de mauvaise volonté.

                ***

Jeu.


Où va s’arrêter cette bille
Qui tourne au milieu des regards
Où tant de convoitise brille ;
Où va s’arrêter cette bille ?

L’espoir dilate les pupilles,
Certains visages sont hagards,
Où va s’arrêter cette bille
Qui tourne au milieu des regards.

                ***


Fraction.


C’est le moment du crépuscule :
Dérisoire et apaisement ;
Fraction d’un instant minuscule,
C’est le moment du crépuscule.

Pour ne pas signer ridicule,
Je passe l’attendrissement,
C’est le moment du crépuscule :
Dérisoire et apaisement.

                ***

Les Mots du Soir.


Dans l’art des mots du soir
Passe toute une vie
Qu’il est amusant de revoir
Dans l’art des mots du soir.

Le songe pour surseoir
A la philosophie ;
Dans l’art des mots du soir
Passe toute une vie.

                ***

Le Piano.


Comme un piano mélancolique
Jouant au fin fond de la nuit
De lentes notes archaïques,
En une ligne mélodique
Glissent des mots fantomatiques
Qu’à la fin le silence suit,
Le silence mélancolique
Des heures noires de la nuit.

                ***

 Déménagement.


J’écris mes vers entre deux chaises
Entre deux âges et deux jours,
Ma plume n’est pas très à l’aise ;
J’écris mes vers entre deux chaises.

Que je m’en fâche ? A Dieu ne plaise !
Je me résigne et par amour
J’écris mes vers entre deux chaises
Entre deux âges et deux jours.

                ***

Caresses.


Mon chien, j’ai bien compris,
Vous voulez des caresses
Au moment où j’écris ;
Mon chien, j’ai bien compris.

Bien, la chose a son prix,
Partageons nos tendresses,
Mon chien, j’ai bien compris,
Vous voulez des caresses.

                ***

Un Refrain.


« A l’instant même et jamais plus. »
Beau refrain pour une complainte
Où je me serais bien complu :
« A l’instant même et jamais plus. »

Mais vraie ou feinte,
Marché conclu,
La fin atteinte,
Le conte lu,

D’un soupir en blason élu,
Illustrant une cause sainte :
« A l’instant même et jamais plus »,
Beau refrain pour une complainte.

                ***

Mesure.


Au plus profond des nuits obscures
Je chante,  avec les mots du temps,
Le poème qui n’en a cure,
Au plus profond des nuits obscures.

La rime est ma seule mesure,
La source où boire mon content ;
Au plus profond des nuits obscures
Je chante,  avec les mots du temps.

                ***

Interrogation.


Définissez-moi le poète
Que je sache à quoi m’en tenir
Car je m’avoue en tête à tête
Que pas un des traits qu’on lui prête
Ne paraît bien lui convenir ;
Définissez-moi le poète !

Est-ce un vendeur, est-ce un esthète ?
Un paresseux qu’il faut punir ?
Un grand artiste ou un prophète ?
Un fou ? Un semeur de tempête ?
Ou bien un parasite à fuir ?
Définissez-moi le poète
Que je sache à quoi m’en tenir !

                ***



Humour.


Critique.


On dit partout que je ne sers à rien ;
Si vous saviez à quel point je m’en moque :
J’ai composé des vers sans cesse, eh bien,
On dit partout que je ne sers à rien.

Constatez le, je m’en esbaudis bien,
Tout autant qu’un œuf fait de sa coque ;
On dit partout que je ne sers à rien ;
Si vous saviez à quel point je m’en moque.

                ***

Mon Chien.


Mon chien, quittez mon fauteuil
Afin que je m’y assoie
ET faites en votre deuil ;
Mon chien quittez mon fauteuil.

C’est mon désir ou mon veuil,
Faudrait-il que j’y sursoie ?
Mon chien, quittez mon fauteuil
Afin que je m’y assoie.

                ***


Printemps de Carnaval.


Un bouleau chante dans les bois
Où tous les merles sont en feuilles ;
Est-ce le contraire ? Ma foi…
Un bouleau chante dans les bois.

Dans l’étang nagent des chamois
Et les premiers brochets se cueillent ;
Un bouleau chante dans les bois
Où tous les merles sont en feuilles.

                ***

Non.


Ceci n’est pas un triolet,
Non, il s’agit d’un Trait au lit
Car c’est là que je l’écrivis :
Ceci n’est pas un triolet.

Et quant à celui qui le lit
Tant pis s’il le trouve trop laid,
Ceci n’est pas un triolet,
Non, il s’agit d’un Trait au lit.

                ***

L’atelier.


L’atelier du triolet :
De pièces et de morceaux,
Choisissez ce qu’il vous plaît.
On verra ce que vaut
L’atelier du triolet
A ce que chacun fait,
Aux qualités, aux défauts
De vos strophes, en effet
Sonnent-elles juste ? Ou faux ?
Et si ce n’est pas un palais,
En fouillant comme il faut
L’atelier du triolet,
De pièces et de morceaux,
Bientôt  en huit vers complets,
Vous ferez un triolet.

                ***

Laid.


De beaucoup de mes triolets
J’ai grand-peur que l’on ne retienne
Que la syllabe ultime : « laid » ;
De beaucoup de mes triolets.

En supprimant ce qui déplaît
Suis-je sûr que cela convienne
Et qu’un peu plus de triolets
Ecrémés, enfin se retiennent ?

                ***

Occupations.


Je fais des triolets,
Certains font des brioches,
D’autres font des volets ;
Je fais des triolets.

Certains font les follets,
Certaines font des mioches,
Certains font des brioches,
Je fais des triolets.

                ***

Passe-thé.


Un bol, un passe-thé,
Passe-temps de ces heures
Qui passent à côté ;
Un bol, un passe-thé.

Sans jamais écouter,
Dehors le vent qui pleure,
Un bol, un passe-thé,
Passe-temps de ces heures.

                ***

Jeûne.


On me voit mauvais caractère
Lorsque je dois rester à jeun ;
N’en déplaise à toute la terre
On me voit mauvais caractère.

Tout mon enthousiasme est défunt,
Je choisis des rimes austères.

Toutes mes strophes sont amères,
Tout sourire m’est importun ;
On me voit mauvais caractère
Lorsque je dois rester à jeun.

                ***

Question.


On dit que la femme est changeante ;
L’êtes-vous, ne l’êtes-vous pas ?
D’où cette question dérangeante :
M’aimerez-vous jusqu’au trépas ?
On dit que femme est changeante…

A défaut d’être aussi constante,
M’aimerez-vous jusqu’au repas ?
On dit que la femme est changeante ;
L’êtes-vous, ne l’êtes-vous pas ?

                ***

A l’Ecoute.


Une oreille, j’entends,
Pour écouter le temps
Celui qu’il fit ou qu’il va faire,
En se trompant, un peu, beaucoup, souvent,
En écoutant
Le temps.

Et puis deux yeux qui ne voient pas le bon moment
S’il est présent, mais au contraire,
Mais au rebours, à contre-temps,
Une oreille, un tympan
Pour l’écouter ce temps :
Celui qu’il fit ou qu’il va faire.

                ***

Recette.


Ce soir vous ne savez que faire ?
Prenez une plume à la main,
Ecrivez un pamphlet austère
Une épigramme au ton coquin,
Essayez-vous aux rimes si
Ce soir vous ne savez que faire.
Cela vous donnera ceci :
Dix lignes qui vous seront chères
Quand vous les relirez demain.
Ce soir vous ne savez que faire ?
Prenez une plume à la main.

                ***


L’Oreiller.


Un édredon, un oreiller
Et la profondeur du silence,
Je plains celui qui doit veiller ;
Un édredon, un oreiller.

Pour moi, je m’en vais sommeiller
Et profiter avec confiance
D’un édredon, d’un oreiller,
De la profondeur du silence.

                ***

Dialogue.


Un chien qui dort sur vos genoux
C’est au moins autant de tendresse,
Voire même plus qu’un époux ;
Un chien qui dort sur vos genoux.

Je suis bien d’accord avec vous,
Je le vois avec ma maîtresse :
Un chien qui dort sur vos genoux
C’est au moins autant de tendresse.

                ***


Impatience.


Je décris ma vie à grands traits,
Mon chien, dont l’impatience éclate,
A clairement d’autres projets
Dont je pourrais faire les frais ;
Je décris ma vie à grands traits.

Toutes les quatre heures je sais
Qu’il doit aller lever la patte,
Je dois donc marquer un arrêt
Dans mes vers et sortir d’un trait
Mon chien dont l’impatience éclate.

                ***

Je et Moi.


Je et moi nous entendons bien
Sans nous prendre trop au sérieux,
Chacun sait à quoi l’autre tient ;
Je et moi nous entendons bien.

Nous sommes tous deux hypocrites
Mais nous jouons de notre mieux ;
Chacun reconnaît en tous lieux
A l’autre une  part de mérite

Et c’est ainsi que sous les cieux,
Main dans la main, comme il convient,
Nous tâcherons de vivre vieux ;
Je et moi nous entendons bien
Sans nous prendre trop au sérieux.

                ***

Assonance de Fin.


Nous voilà au bout de ce livre,
Au terme enfin de nos efforts,
Je vous souhaite d’en sourire ;
Nous voilà au bout de ce livre.

Lecteur que pourrions-nous encore
Partager ensemble ou nous dire ?
Nous voilà au bout de ce livre,
Au terme enfin de nos efforts.


[1] Archonte : grand personnage de l’empire byzantin.

vendredi 21 mars 2014

Exorcisme.



I.

Exorcisons le mauvais temps
Et chassons les heures pénibles,
Ce vieux "profitez de l'instant"
N'est-il pas toujours accessible ?
Voulez-vous cessez de courir
Les chimères ou les mirages ?
Voulez-vous cesser de chérir
La solennelle erreur des "sages" ?



II.

Cherchez un étang où prendre un bain de minuit,
Apprenez à tricoter mille pitreries,
Allez donc pêcher la lune au fin fond d'un grand puits
Et pour une fois mangez trop de sucreries.
Chantez à tue-tête et en grec ancien,
Cultivez les oignons cuits, faites des caricatures,
Désaccordez les violons, oubliez les mots anciens,
Déracinez votre chien, veillez sans mesure !

                             ***

mardi 18 mars 2014

Désastres du T emps.





Le temps s'allonge sans mesure
Dans nos pires difficultés;
Quand tout s'apaise et nous rassure
On le voit soudain se hâter.

On ne peut que le laisser faire,
Bien sûr il se moque de nous,
Il ne cherche qu'à nous déplaire,
A nous mettre enfin à genoux.

Il se plaît à ce qu'on l'implore
Mais sans vouloir nous écouter,
Par dessus tout ce qu'il adore
C'est d'insulter à la beauté,

C'est de ruiner nos espérances
C'est de nous priver de nos biens,
C'est de renier ses assurances
Et qu'il ne nous demeure rien.

                 ***




lundi 17 mars 2014

Un Poème d'Autrefois.




Amour, mon bel Amour, n'irons-nous pas ensemble
Retrouver le soleil et l'ombre de l'été
Et le bord des ruisseaux où le feuillage tremble
Dans la brise d'un jour mille fois raconté ?

Où marchions-nous tous deux quand la rose trémière
Comme les nymphéas, sentant le soir venir,
Semblaient sous nos regards s'ouvrir dans la lumière
Et dire notre émoi pour mieux le retenir ?

Amour, mon bel Amour, comme les beaux jours passent,
La neige est arrivée et le froid de l'hiver,
Nous sommes séparés, voici que l'an s'efface,
Nos ruisseaux ont gelé, nos chemins sont déserts.

                                ***


dimanche 16 mars 2014

Le Soir.





Le soir vient clore la journée,
Lentement, avec tant d'égards,
De politesse surannée,
Que l'ombre paraît en retard
Sur la réalité de l'heure,
Un "entre-deux", moment précieux,
Où, de tout, il ne nous demeure
Qu'un calme doux et silencieux.
On peut s'y parler à soi-même,
Tenant un discours résigné,
La vie en est l'unique thème,
Sur laquelle on a cru régner
Et qui, semblable à la lumière
De ce jour finissant, s'enfuit;
La jeunesse vivait si fière
Et voici que tombe la nuit.

               ***