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vendredi 21 février 2020

Trop cher payé...



(Cathédrale de Strasbourg.)

Écume des jours, écume du temps
Et pacotille de l’instant,
Ce qui prétend, ce qui figure,
Ce qui ne compte ni ne dure,
A quoi pourtant
Vous tenez tant…

Ce qui n’est que superficiel autant
Que passager et inconstant,
Et l’éphémère et la vêture,
La prétention et la posture,
A quoi prétend,
Impénitent,

Votre cœur épris de la mode ;
Qu’est-ce donc que l’on s’accommode
De le payer un si haut prix ?
Vous devriez l’avoir appris :
Encor, toujours et maintenant,
L’écume des jours, l’écume du temps.

                               ***       

jeudi 6 février 2020

Sans retour.




Des arbres sont tombés au dernier coup de vent,
D’autres seront plantés, tout sera comme avant…
On aimerait le croire et ce n’est pas possible,
Silhouette bien sûr, nuances et reflets,
Mille points de détail qu’on ne décrit jamais,
Manquent soudain et c’est irréversible.
Ce que l’on connaissait « de toute éternité »
Appartient au passé mais comment l’accepter ?

Palais et monuments, villes comme villages,
Les gens évidemment, même les paysages,
Tous doivent s’incliner devant la dure loi
Qui sépare à jamais aujourd’hui d’autrefois.

La flamme d’un regard et les traits d’un visage,
Le plus fidèle amour ne sont que de passage,
Et les vers du poète et la gloire des rois,
La force du guerrier et du savant la science,
De l’homme l’ambition, de l’enfant l’insouciance
Et la misère aussi de nos jours trop étroits.
L’arbre à peine tombé, voici qu’on le remplace
Et que le souvenir du précédent s’efface.

                               ***      
 

lundi 13 janvier 2020

Sois Rabelaisien.



(Abbaye de Vaucelles - Cambrésis.)

Occupe-toi des mots, des rimes, des cadences,
Laisse le volcan sur lequel le monde danse
Ensevelir bientôt d’immenses Pompéi
Sans vouloir épargner les plus petits pays.

Ferme ta porte au temps et sur tes rayonnages
Choisis en souriant de vieux et bons ouvrages ;
De jour comme de nuit parcours tranquillement
Le parc de la Raison, les bois du Sentiment,

Explore l’univers où toi seul tu t’engages,
Sans te lasser, jour après jour, page après page;
Ne t’attarde pas trop au rond-point des docteurs,
Arpente les sentiers du poète au conteur,

Écoute bavarder les reflets des fontaines,
Maîtres des bouts-rimés que l’on écrit sans peine
En douce compagnie, un peu comme Watteau,
De son côté, peignait la fête en ses tableaux.

Écoute bavarder parmi les herbes folles,
Amoureux et léger, le vent qui batifole
Et te souffle en riant des vers presque coquins:
La vie et le plaisir, tout cela ne fait qu’un.

Pour ne pas te lasser change aussi de lecture
Et de travaux sérieux fais une courte cure,
Penche-toi sur le vers et son évolution,
Feuillète des traités, fais preuve d’invention,

Explore les taillis et s’il faut débroussaille,
Ce pays est le tien, que jamais ne t’assaille
Un doute à ce sujet et sois rabelaisien,
Humaniste bien sûr, à la fois tout et rien,

Rêveur, auteur, lecteur, contempteur par nature
De ces sots boursouflés, de ces caricatures
Qu’on entend au dehors braire dessous tes murs
Et ne t’émeus de rien car ton asile est sûr.

                               ***