(Abbaye de Vaucelles - Cambrésis.) |
Occupe-toi
des mots, des rimes, des cadences,
Laisse le
volcan sur lequel le monde danse
Ensevelir
bientôt d’immenses Pompéi
Sans vouloir
épargner les plus petits pays.
Ferme ta
porte au temps et sur tes rayonnages
Choisis en souriant
de vieux et bons ouvrages ;
De jour
comme de nuit parcours tranquillement
Le parc de
la Raison, les bois du Sentiment,
Explore l’univers
où toi seul tu t’engages,
Sans te
lasser, jour après jour, page après page;
Ne t’attarde
pas trop au rond-point des docteurs,
Arpente les
sentiers du poète au conteur,
Écoute bavarder les reflets des fontaines,
Maîtres des
bouts-rimés que l’on écrit sans peine
En douce
compagnie, un peu comme Watteau,
De son côté,
peignait la fête en ses tableaux.
Écoute bavarder parmi les herbes folles,
Amoureux et
léger, le vent qui batifole
Et te
souffle en riant des vers presque coquins:
La vie et le
plaisir, tout cela ne fait qu’un.
Pour ne pas
te lasser change aussi de lecture
Et de
travaux sérieux fais une courte cure,
Penche-toi
sur le vers et son évolution,
Feuillète
des traités, fais preuve d’invention,
Explore les
taillis et s’il faut débroussaille,
Ce pays est
le tien, que jamais ne t’assaille
Un doute à
ce sujet et sois rabelaisien,
Humaniste
bien sûr, à la fois tout et rien,
Rêveur,
auteur, lecteur, contempteur par nature
De ces sots
boursouflés, de ces caricatures
Qu’on entend
au dehors braire dessous tes murs
Et ne t’émeus
de rien car ton asile est sûr.