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lundi 13 janvier 2020

Sois Rabelaisien.



(Abbaye de Vaucelles - Cambrésis.)

Occupe-toi des mots, des rimes, des cadences,
Laisse le volcan sur lequel le monde danse
Ensevelir bientôt d’immenses Pompéi
Sans vouloir épargner les plus petits pays.

Ferme ta porte au temps et sur tes rayonnages
Choisis en souriant de vieux et bons ouvrages ;
De jour comme de nuit parcours tranquillement
Le parc de la Raison, les bois du Sentiment,

Explore l’univers où toi seul tu t’engages,
Sans te lasser, jour après jour, page après page;
Ne t’attarde pas trop au rond-point des docteurs,
Arpente les sentiers du poète au conteur,

Écoute bavarder les reflets des fontaines,
Maîtres des bouts-rimés que l’on écrit sans peine
En douce compagnie, un peu comme Watteau,
De son côté, peignait la fête en ses tableaux.

Écoute bavarder parmi les herbes folles,
Amoureux et léger, le vent qui batifole
Et te souffle en riant des vers presque coquins:
La vie et le plaisir, tout cela ne fait qu’un.

Pour ne pas te lasser change aussi de lecture
Et de travaux sérieux fais une courte cure,
Penche-toi sur le vers et son évolution,
Feuillète des traités, fais preuve d’invention,

Explore les taillis et s’il faut débroussaille,
Ce pays est le tien, que jamais ne t’assaille
Un doute à ce sujet et sois rabelaisien,
Humaniste bien sûr, à la fois tout et rien,

Rêveur, auteur, lecteur, contempteur par nature
De ces sots boursouflés, de ces caricatures
Qu’on entend au dehors braire dessous tes murs
Et ne t’émeus de rien car ton asile est sûr.

                               ***

lundi 5 août 2019

Les conseils - Suite.




Prends ce qui vient autour de toi,
Tâche d’en faire quelque chose !
Peut-on envier, au bord des toits,
Tous les pigeons qui s’y reposent,
Croyant, vaniteux et simplets,
Tout au moins les jours sans nuages,
Qu’ils sont parvenus au sommet ?
J’en sais beaucoup dans les parages
Qui m’étonnent tous les matins
En paradant gonflés de plumes
Et de roucoulements hautains
Qui les dépeignent et résument.
Fichtre ! On doit arriver à mieux
Quand bien même on n’est pas un aigle !
Soit : qu’on laisse aux anges les cieux,
Faire du néant une règle
C’est se montrer trop paresseux !
Même les plus sinistres vues,
Les horizons les plus crasseux,
Ont un peu d’élégance crue.
Regarde vraiment tout autour
De toi, tu vois que pour écrire
On a plus souvent qu’à son tour,
Au choix, de quoi pleurer ou rire !

                               ***       

samedi 3 août 2019

Conseils à un jeune poète.



(Portail de la cathédrale de Chartres.)

D’abord prenez un mot, le premier qui vous vient ;
Réfléchissez un peu. Vous l’avez fait ? C’est bien.
Vous tenez une histoire, il vous faut une rime,
Réfléchissez un peu. Vous l’avez ? C’est sublime !
Recommencez cent fois le même processus :
Vous êtes un poète, il ne faut rien de plus
Mais s’il vous arrivait, quelquefois, d’aventure,
De manquer d’une rime, allons, je vous rassure,
Qui donc vous en voudra ? Laissez la de côté,
Poursuivez votre ouvrage avec sérénité.
D’ailleurs, pour progresser, à l’étape suivante,
Estimant que la lettre est toujours décevante,
Que ce qui compte au fond, c’est avant tout le fond,
Faites à votre tour ce que les autres font.
Affranchissez-vous en et rédigez vos lignes
Comme chacune vient, c’est une règle insigne,
Voilà qui fait de vous un talent prometteur
Et si vous rêvez d’être un des plus grands auteurs
Il ne vous manque plus, et vous pouvez m’en croire,
Que de vous faire obscur pour tutoyer la gloire.

                               ***