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jeudi 31 janvier 2019

Le vieil olivier.




J’étais là en ce temps où seuls vivaient ici
Un peuple de pêcheurs, d’artisans sans soucis
Et quelques paysans gais et durs à la peine ;
La sève du printemps s’écoulait en mes veines.
J’étais sur la colline au temps où les chemins
Firent place à la route et quand l’étranger vint
Je ne m’étonnais point ; sur la plage la houle
Bruissait toujours semblable, où chaque aube déroule
Les joyaux scintillants de ses mille couleurs
Et, puis le soir venu, teint de mille douceurs,
Mon tronc portait heureux l’argent de son feuillage.
Mais il n’est pas de ciel qui reste sans nuage,
Du bord de chaque route il poussa des maisons
Dont parfois la laideur insultait l’horizon
Et puis il vint des gens, sans aucune culture,
Qui saccagèrent tout en parlant de nature
Et je me sentis vieux autant que malheureux.
Mais je suis toujours là et je conserve un peu
De la joie d’autrefois au fond de mes racines,
Sur mon tronc tortueux des siècles se dessinent,
Oui, je suis toujours là, et je demeurerai;
Les jours suivront les nuits, je sais que je verrai
Le reflux de ces mœurs à l’aube d’un autre âge,
Quand l’herbe folle aura du pied de mon ombrage,
Tenace, lentement reconquis les jardins,
Alors je renaîtrai pour disparaître enfin !

                               ***

mardi 11 septembre 2018

Un village.




I.

Un son de cloche un peu fêlée
Que la nuit répète dix fois
Par-dessus la rue esseulée
Puis le silence, à nouveau roi,
Des pavés au faîte des toits.
D’ombre en ombre jusqu’à la lie
C’est l’immense paix d’autrefois
Dans un village en Italie.

II.

Un cyprès s’adosse à l’église,
La lune dans les oliviers
En résille d’argent s’irise ;
Un cyprès s’adosse à l’église.
Au jardin dort la rose grise
Que l’oubli s’en vient habiller
Enfin d’humilité soumise
Dont s’étonne un peu l’olivier.

III.

Douceur et parfum de résine,
L’heure a poursuivi son chemin,
Les pins courbent un peu l’échine
Comme ferait un capucin
Absorbé par la liturgie
Dans un village en Italie.

IV.

Onze a passé, douze déjà suivait
Sur le cadran de ce clocher muet ;
Tout dort, campagne et maisons réunies,
Les acacias, les pins et les cyprès,
Onze a passé, douze déjà suivait,
La nuit sereine à rêver vous convie,
Dans un village en Italie.

                               ***