Demain.

(Strasbourg: palais de l'empereur -place de la République.)

Le poids d’un monde qui n’est plus

Me fait pourtant courber l’échine,

A ce lendemain qu’on devine

Je m’en viens réclamer mon dû,

Heureux encore s’il m’écoute

Moi, le vagabond d’une route

Qu’on prend faute d’un autre choix,

Victime autant que hors-la-loi.

Ce que je perds c’est ce qu’on m’ôte,

N’ai-je pas tendu l’autre joue ?

Qui mit ces bâtons dans mes roues ?

Il n’y va guère de ma faute…

Ainsi parlai-je et je continuai,

Pour rien, demain resta muet.

                               ***

Chanson de la fin d'Août.

Le savez-vous ?

Il y a quelque chose

De triste et de doux

Aux feuilles mortes du mois d’Août.

Vague mélancolie sans cause,

L’automne approche sur la route,

Dans l’odeur sèche de l’été,

Sous le premier ciel gris sans doute

Que l’un à l’autre ait emprunté.

Les larges feuilles des platanes

Craquent dessous mes pas ;

Les écoliers ne savent pas

Que même l’école se fane,

Ils jouent encore sur la place

Et la rue calme est un peu lasse.

C’est dans l’air un parfum qui passe,

A la fois triste, à la fois doux,

Un parfum qu’ont, le savez-vous ?

Les feuilles mortes au mois d’Août.

                               ***  
     

Au dernier de novembre.

C’est le dernier jour de novembre,

Je n’irai pas me promener.

Le soleil vient illuminer

Les bruns, les roux, les gris et l’ambre

De ce qu’il reste de feuillage

A ces grands arbres domestiques

Qui poussent aux jardins lyriques

Si loin de nos vagabondages.

J’interroge des souvenirs

Qui sont pareils aux feuilles mortes

Et comme elles de toutes sortes,

Voués comme elles à ternir,

Et tout comme elles qu’emporta

Un coup de vent les dispersant,

A disparaître en effaçant

L’ombre de qui les raconta.

                               ***