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jeudi 19 juillet 2018

Ecrire.




Laissez-moi de côté le monde,
L’espoir autant que la rancœur,
L’amour, ce vieil accapareur
Et puis la mémoire qui gronde.

Amusez-vous de trois fois rien,
Sans limites, hors la décence,
Jouez en votre âme et conscience
Avec le vers ou la rime qui vient.

Surtout que rien d’autre ne compte
Que les mots qui s’en vont ainsi,
D’un pas boiteux, d’un pas uni,
Sans trop savoir ce qu’ils racontent.

Étourdissez-vous de récits,
Émerveillez-vous de légendes,
Unissez-moi en contrebande
Celles d’ailleurs à ceux d’ici.

Tâchez de scander l’existence
Aux accords plaintifs des violons,
Au vol léger des papillons,
Scandez et que les heures dansent !

                               ***        

dimanche 11 février 2018

L'Avenir.




Ils furent dix mille et puis mille,
A la campagne comme en ville,
Ensuite plus que cent et combien donc demain ?
Demain, ils seront un.

Un pour lire et aimer, le même pour écrire,
Voire pour critiquer et l’écho pour en rire.
Après ? Plus rien. Ni peine pour vous assaillir,
Ni souvenir.

Ils furent dix mille et puis mille,
A la campagne comme en ville,
Ensuite plus que cent et combien donc demain ?
Demain, ils seront un.

Chacun ses propres mots et chacun son langage
Dont nul autre que lui ne pourra faire usage.
Bientôt l’esprit en berne et l’art -est-ce étonnant ?-
A l’avenant.

Ils furent dix mille et puis mille,
A la campagne comme en ville,
Ensuite plus que cent et combien donc demain ?
Demain, ils seront un.

Mais je m’en moque bien lorsque j’écris ces lignes,
Le temps que j’ai passé par ici me désigne
Pour laisser les soucis et voyager bientôt
L’âme en repos.

Ils furent dix mille et puis mille,
A la campagne comme en ville,
Ensuite plus que cent et combien donc demain ?
Demain, ils seront un.

En attendant, mot après mot, j’use et j’abuse,
Je trouve et je reprends, j’invente et je m’amuse.
Les bien-pensants en conçoivent-ils du dépit ?
Eh bien tant pis !

Ils furent dix mille et puis mille,
A la campagne comme en ville,
Ensuite plus que cent et combien donc demain ?
Demain, ils seront un.

                               ***                                                        

Note : la forme choisie pour ce texte est celle d’une chanson de Jean Antoine de Baïf (1532-1589) : « A la fraîcheur je voudrais or’… » que l’on peut lire dans : Chansons Françaises de la Renaissance. Édition de Georges Dottin – NRF – Poésie/Gallimard – 1991. P. 32-33.

mardi 14 novembre 2017

Et.




Et le soir m’a trouvé, penché comme autrefois
Sur une feuille blanche où lentement les songes
Glissaient entre les mots, un peu comme s’allonge
La brume de l’aurore autour des troncs d’un bois.

J’entendais murmurer, indistinctes ces voix
Où se mêlent toujours vérités et mensonges,
La voix des souvenirs que leur écho prolonge
Accompagnant mes vers au nom d’étranges lois.

Comme la vague meurt au pied de la falaise,
Comme au feu de minuit va s’éteindre la braise,
D’entre mes doigts déjà cette stance s’enfuit.

N'en cherchez pas le sens aux lignes dont je pense
Qu’on ne peut retenir,  guère plus d’une nuit,
Ni le bruissement vain ni la vaine impatience.

                               ***

lundi 9 janvier 2017

Le Diable et l'Ecriture.






Il y a un diable et, c'est certain,
D’humour grinçant et sardonique ;
Dieu, que se moquer est ludique
Et qu’être un homme est incertain !

Je me regarde et je me plains,
Le brouillard rit-il de la brume ?
Le peu que je tiens en mes mains
A chaque page se consume.

L’écriture je m’en convaincs                                
Peine à vous tenir compagnie,
Tout comme goûter seul son vin
N’embellit pas beaucoup la vie.

Il ya un diable et ce pendard
Inventa, je crois, le langage ;
Au mot « amour » il a sa part
A voir à quoi la chose engage.

C’est de même à lui que l’on doit,
J’en suis certain, le mot « poète »,
L’homme qui fait qu’on prête foi
Aux mirages qui nous entêtent.

Nous pourrions poursuivre longtemps
En prenant la mine sévère,
Nous ferions bien rire Satan
Que tous les écrivains révèrent.

                               ***