mercredi 16 mars 2016

Je.






Il y a déjà cinquante ans
Que le Seigneur m’a fait poète,
Joueurs de rimes et amant
Des mots en peine ou bien en fête
Dont j’use à chaque heure du jour
Pour dire parfois ma colère
Pour dire surtout mon amour
Sans intéresser et sans plaire.
C’est qu’au royaume des rosiers
Je suis au mieux la pâquerette,
Une fleur qu’on peut oublier,
Plus rustique aussi que coquette
Et qui ne sert pas aux bouquets ;
Rien qu’un poète de rencontre
Dont le talent s’écrit « caquet »
Comme ces lignes le démontrent.
Si mon œuvre est de peu de poids,
Pardonnez aux Muses sylvestres
Dont j’ai toujours suivi les lois,
A mon inspiration rupestre
Comme aux divinités agrestes
Et aux ondines des ruisseaux
Qui ne furent jamais de reste
Pour me suggérer mes tableaux.
Je suis un poète herbager,
Guère élégiaque mais rustique,
Quelquefois même potager,
Qui sans avoir de sel attique
Vous offre à boire et à manger.

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