vendredi 3 avril 2020

Question - Réponse.



(Château de Puivert dans le Kercorb - Aude.)






Sans perspective et sans horizon
Que voulez-vous que je vous écrive 
Hors ces vers du haut de mon balcon,
Sans perspective et sans horizon ?

Pour dire quoi ? Ce que nous savons,
Que faire de détails qui s’avivent ?
Sans perspective et sans horizon
Que voulez-vous que je vous écrive ?

                               ***                                      

Quelque chose d’un peu follet peut-être,
La description d’un bal chez les fourmis,
Des cours de vol où la mouche est ton maître ;
Quelque chose d’un peu follet peut-être !

Le baptême prochain d’un germe à naître,
Comment sera la fête des semis,
C’est tout cela d’un peu follet peut-être
Qu’on aimerait ici nous voir soumis.

                               ***       

jeudi 2 avril 2020

Encouragement.



(Clohars-Carnoët - Finistère - Bretagne.)

Je regarde courir en tous sens des fourmis
Qu’un soleil de printemps appelle à leurs affaires
Et puis je m’intéresse aux germes des semis,
Une première abeille arrive à me distraire;
Chaque matin est neuf, chaque soir prometteur
Et je sais que demain me tiendra sa promesse
D’un midi chaque jour de plus grande douceur,
D’un feuillage nouveau, d’un jardin de liesse,
De cette ombre légère aux cailloux du chemin
Que brodent les taillis dont les bourgeons éclosent,
J’ajoute que je sais encore cette chose :
Je taillerai ma vigne et j’en boirai le vin !

                               ***

mercredi 1 avril 2020

Fable de régime.




Il était une fois
Un petit matin paresseux,
A peu près comme vous et moi,
Et qui se disait : « Je me lève quand je veux
Car c’est mon choix. »
Il dormait donc jusqu’à midi,
Baillait en s’étirant vers les quatre heures
Et s’ennuyait l’après-midi
Puis vers vingt heures
Il regagnait son lit.
Donc ce petit matin,
-Je ne vise personne,
Mais je connais quelqu’un-
Ne faisait rien.
De plus, de nature gloutonne
Il mangeait bien ;
Cela comble l’ennui,
Cela passe le temps
Et puis
Ne rien faire et manger c’est très tentant ;
Écoutez ce qui suit.
Au bout de quelque mois
Notre petit matin
Avait pris tant de poids,
Tant de graisse, tant d’embonpoint
Qu’il n’avait plus le choix :
Il ne se levait plus, il ne le pouvait point.
En peu de temps notre petit matin,
L’astre autrefois
Le plus brillant et le plus fin
De ceux qu’au ciel ordinairement on voit,
Enfla tant qu’il changea de teint,
Pâlit, perdit tout son éclat
Et puis enfla, enfla encore
Pour finir en supernova
Pour un soleil on dit aussi : la mort.

Moralité :
Que cette leçon vous profite :
Vous avez vu les suites
De ces si bien nommées
Trop grasses-matinées !

                               ***