dimanche 26 avril 2020

Histoire du Baron de Rocencroque.



(Carcassonne - Aude.)

Le vieux Baron de Rocencroque
Fut un paladin confirmé
Qu’on ne vit jamais désarmé
Auprès d’une bannière en loques.

Il combattit toute sa vie
Pour la veuve et pour l’orphelin,
Un peu contre les Sarrasins,
Jamais par haine ou par envie,

C’était un chevalier modèle
Et ces choses ne se font pas.
Il suivit dans tous les combats
Son Prince  en serviteur fidèle.

Il emporta pour lui trois villes
Dont il fit pendre incontinent
Cent hommes, bourgeois ou manants
Car moins aurait été futile.

Il fit brûler mille hérétiques
Qui n’avaient pas fait le bon choix
Car c’était un homme de foi
Qui n’aimait pas les lunatiques.

Bref le Baron de Rocencroque
Était à bon droit estimé
Et même, je le sais, aimé
Par son molosse nommé Broque.

Hélas -car la chanson est triste-
(Les tristes se vendent bien mieux)
Comme un chacun il devint vieux
Et trop pauvre il se fit trappiste.

                               ***        

vendredi 24 avril 2020

Découverte.




Tu découvres lentement
Ce que veut dire « libre » ;
Au dehors l’asphalte vibre
Dans la chaleur du moment,
Sur les toits le ciel s’incline
Vers l’au-delà tentateur ;
Où vont-ils ? Tu l’imagines
Les yeux fermés et par cœur,
Les paysages défilent,
Tu soupires, ébahi,
Tu connais bien le pays,
Ses bois, ses champs, d’autres villes…
Tu songes à tout cela,
Ta fenêtre grande ouverte ;
Tu ne peux que rester là
A remâcher cette perte.

                               ***

Sans...



(Château de Chenonceau - Indre et Loir.)

A quoi bon le soleil par-delà ma fenêtre
Quand je ne puis bouger afin d’en profiter ?
Le livre n’est jamais qu’un plaisir emprunté,
Quand au songe il ne vaut que ce que vaut « peut-être ».

Sans horizon lointain, point de beautés champêtres
Et pour mon horizon, il se trouve arrêté,
Étroitement borné, restreint et limité
Entre ces quatre murs où mon verbe s’empêtre.

La rose peut fleurir et le lilas faner,
Mai peut quitter la scène et juin déjà flâner
Avec l’air indolent des étés trop précoces,

Je ne puis pas bouger et le temps m’est égal,
Ses matins et ses soirs sans moi vont à la noce
Je désespère ici de les rejoindre au bal.

                               ***