lundi 6 avril 2020

La carte de Naguère.




Je lève un verre imaginaire
A la santé de nos folies
Et je déplie
La carte des temps de Naguère.

Voici la route des bourgeons,
Elle mène bien sûr aux fleurs
-Dites-moi donc
Pourquoi chacune meurt
Aussi rapidement ? -
Voici la route des Clairières,
Un peu d’une belle lumière
Et beaucoup d’ombre assurément.
Au carrefour prenez à droite,
C’est le chemin des Pas Perdus
Qui mène aux Rives Maladroites
Du fleuve des Efforts Déçus.
Et là ? Là c’est le Sentier Solitaire
Qui conduit au Val Silencieux,
Un paysage austère
Mais si calme qu’on ne peut mieux.
Et puis voici la Belle Allée,
Au bout murmure doucement
La fontaine au nom souriant
Des Amours Apaisées.
Contournant la forêt d’Encore
C’est le sentier Sans Nom,
On ne sait pas son but ni s’il est long,
Il conduit tout au bord
De la carte et en sort.

                               ***

Avertissement.



(Strasbourg - Le monument aux morts de la Place de la République.)

En treize cent quarante-huit, la peste
Est si grave que par endroit ne reste
Qu’un habitant sur deux et parfois moins ;
Soyez heureux nous en sommes très loin.

Mais il ne tient qu’à vous qu’on y arrive :
Ce temps rappelle à ceux qui vivent
Aux jours présents que la Mort aime bien
Les sots qui ne tiennent compte de rien:
Regardez la qui rit de vous, bravaches !

Quand elle passe, heureux ceux qui se cachent.

                               ***

samedi 4 avril 2020

Le vent murmure.




Lorsque tout fleurit par nature
Dans le jardin le vent murmure :
« Tu es bien loin »
Et puis il saute la clôture.

Je reviendrai, je te l’assure,
Ou pour les foins
Ou quand les grappes seront mûres ;
Dans le jardin le vent murmure :
« Tu es bien loin… »

                               ***