jeudi 23 novembre 2017

Migration.





Ce soir je regarde en vain le ciel pâle,
Elles ont fui sans me dire au-revoir,
Un silence nouveau, triste s’installe
Depuis les toits jusqu’au long des trottoirs.
Le jour se meurt, où sont mes hirondelles ?
Comme le temps s’égrène avec l’été,
Je sais combien les soirées furent belles,
Pourquoi faut-il toujours tant se hâter ?
La saison meurt et voici la nouvelle,
Vous le voyez, le ciel est déserté,
Où donc sont repartis mes hirondelles
Et où l’insouciance et la gaieté ?

                               ***

lundi 20 novembre 2017

Coup de balai.





On fait quelquefois le ménage
Au grand dam de nos souvenirs,
Dont certains font plus que leur âge ;
Comment pourrait-on retenir
Tous les fragments ou les scories
Qui s’amassent au cours du temps,
Ce temps où l’on vit une vie
Qui ne vous semble qu’un instant ?
Il faut bien faire la poussière
Et donner un coup de balai.
Adieu guenilles familières,
Belles images feu-follets
Et ces beaux moment qui se voilent
D’ombre, de tristesse et d’oubli.
A quoi bon ces fragments d’étoiles
Qu’une longue attente a terni ?
Les jours nous ont laissé des gages
Qui ne nous servent plus à rien
C’est pourquoi pour son propre bien
On fait quelquefois le ménage.

                               ***        

mardi 14 novembre 2017

Et.




Et le soir m’a trouvé, penché comme autrefois
Sur une feuille blanche où lentement les songes
Glissaient entre les mots, un peu comme s’allonge
La brume de l’aurore autour des troncs d’un bois.

J’entendais murmurer, indistinctes ces voix
Où se mêlent toujours vérités et mensonges,
La voix des souvenirs que leur écho prolonge
Accompagnant mes vers au nom d’étranges lois.

Comme la vague meurt au pied de la falaise,
Comme au feu de minuit va s’éteindre la braise,
D’entre mes doigts déjà cette stance s’enfuit.

N'en cherchez pas le sens aux lignes dont je pense
Qu’on ne peut retenir,  guère plus d’une nuit,
Ni le bruissement vain ni la vaine impatience.

                               ***

dimanche 12 novembre 2017

Guillaume et Péronnelle.



(Jardins du Château de Villandry - Indre et Loir.)

On ne connaît plus les amours
De Guillaume et de Péronnelle :
Un vieux poète, une pucelle,
Une langue qui n’a plus cours…

Qui croit que des vers de nos jours
Pourraient charmer une donzelle ?
On ne connaît plus les amours
De Guillaume et de Péronnelle.

Tout rimailleur sur le retour
Trouvera l’histoire assez belle
Mais pas la moindre demoiselle
Aussi ma strophe tourne court ;
On ne connaît plus les amours
De Guillaume et de Péronnelle.

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Note: Péronnelle d'Armentières, âgée de quinze à vingt ans tomba amoureuse du poète Guillaume de Machaut (1300-1377), déjà vieux, à la seule lecture de ses vers. Elle le lui écrivit et devînt sa maîtresse.
Des vers et des lettres qu'ils échangèrent, Guillaume, à sa demande, fit le Livre du Voir Dit (le Livre du Dire Vrai), où sont ainsi contées leurs trop éphémères amours.

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