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jeudi 26 mars 2020

Le mascaron.



(Un mascaron - Venise - Italie.)

Reflets d’Histoire au fil de l’eau,
Bercement d’ombre et de lumière,
Éclats changeants de la misère
Des palais bâtis sur les flots
Qui se découvrent éphémères
Et leur orgueil en porte-à-faux
Dans ce qu’un pan de marbre vaut
Lorsque aujourd’hui ronge naguère…
C’est de cela qu’un mascaron
Aux traits contournés et grotesques,
Convulsés d’un rire faunesque
Se moquait tant avec raison.
C’est lui qui m’inspira la page,
Assez édifiante je crois,
Que j’écrivis auprès de toi,
Sainte Marie au beau visage,
Dans le quartier du Castello,
Un jour que j’étais de passage
Cherchant la trace d’un autre âge
Dans les reflets au fil de l’eau.

                               ***

mercredi 25 mars 2020

Regard.



(Saint-Georges majeur - Venise.)

Dessous un loup de velours noir
Son regard que rien ne déguise
A l’éloquence des surprises
Qu’on ne pensait jamais revoir.

Il est ici la gemme exquise,
Dont on rêve matin et soir,
De quelque équivoque ostensoir
Parmi l’or vieilli des églises,

Là-bas il reflète en miroir
La sensuelle convoitise
Des marbres aux courbes précises
Qu’un palais cache en ses couloirs.

Dessus les degrés où s’irise
Une mer d’infini savoir
Qu’il tient encore en son pouvoir
Flotte son antique maîtrise.

Puissance qui ne peut déchoir
D’un charme où lui-même se grise
Et des amours que rien ne brise,
Désir -auquel comment surseoir ?-,

Beauté multiple et indivise,
Ce regard d’ombre et de vouloir,
Impermanence ou nonchaloir,
Je sais que c’est le tien, Venise.

                               ***

mardi 24 mars 2020

Souvenir vénitien.



(Venise - Église du Redentore.)

Un crépuscule vénitien
Où le Redentore[1] s’efface
Dans la brume du soir qui vient.
Tout près, Hier murmure à voix basse :
« Regarde en prenant l’air de rien,
Voici Casanova[2] qui passe…
On dit qu’au dernier carnaval
Il a pris une autre maîtresse,
C’est celle aussi d’un cardinal,
La plus belle voix de la messe
Dans un couvent et c’est très mal
Oui, partout, mais pas en l’espèce.
Vois donc ce siècle finissant
Au bord de la Sérénissime
Que les duc-d’Albe[3] pourrissants
Tout le long des chenaux expriment
Avec un relief saisissant !
Venise n’est plus maritime,
Ses galères ont disparu
Comme a disparu son commerce
Mais les nuits de fêtes ont crû
Et tous les vieux palais s’y bercent
D’un rêve interdit aux intrus
Et de dissipations diverses. »
La nuit tombait sur ce tableau
Aux nuances très « dix-huitième »,
Hier s’en alla en glissant sur l’eau
Où scintillait comme des gemmes
Le fanal de rares bateaux…
Et c’est un souvenir que j’aime.

                               ***


[1] Le Rédempteur, « Redentore » est une église de Venise construite sur l’île de la Giudecca en face du centre de Venise à la suite d’un vœu pendant l’épidémie de peste de 1575.
[2] Giacomo CASANOVA (1725-1798), le célèbre aventurier et séducteur.
[3] Duc-d’Albe : n.m., il s’agit de pilotis, àVenise des poteaux de bois réunis par trois et marquant un chenal navigable sans haut-fond.