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mardi 10 septembre 2019

A mon bureau.




J’ai soudain le désir, peut-être un peu gamin,
D’écrire à mon bureau quelques vers qui me plaisent ;
Le vieux bois patiné, lisse et doux sous ma main,
Je ne sais pourquoi, me remplit toujours d’aise.
Je m’amuse parfois à rêver son destin ;
Pour le mieux contempler je recule ma chaise,
Je souris dans le vide et demeure songeur…

Dans un lointain château, derrière une fenêtre
Qui donne sur un parc où déjà l’été se meurt,
Encombré de papiers – d’un écrivain peut-être ?-
Je le reconnais bien mais l’homme que j’y vois
Pour être écrivain me paraît trop sévère,
Si ce n’est son parent ce doit être Louvois
S’occupant d’un bastion ou même d’une guerre.
La plume grince un peu, la nuit gratte aux carreaux,
Qu’arrive-t-il après ? Après, les choses changent.
Le tumulte du temps emporte le bureau,
C’est, chez un commerçant, une table où l’on range,
Où l’on mesure aussi les pièces d’un tissus
Qu’on vend à la vite et mesure de même,
On a fait pour cela ces entailles dessus .
Il sert pendant cent ans grâce à ce stratagème,
Après une faillite et deux ou trois conflits
C’est au troisième étage, une pièce assez sombre,
Des livres sur un coffre et rien d’autre qu’un lit,
L’habitant de ces lieux se confond avec l’ombre,
Assis à mon bureau, plus voûté qu’il ne faut
Et le stylo en main je vois qu’il y corrige
Les devoirs d’une classe d’au moins trente étourneaux
Qui ne verra jamais éclore de prodige.
Passe trente ans de plus, adieu l’instituteur,
Toujours peu fortuné, toujours célibataire
Il n’a pour héritier bien sûr qu’un brocanteur
Qui vend à un quidam -mais c’est un antiquaire-
Ce bureau que j’achète à son prix de rigueur,
Un meuble qui depuis n’a cessé de me plaire.

Souriant dans le vide et demeuré songeur,
Après un long moment je compose cette ode
Sans nulle prétention, sans aucune valeur,
Ce jour à mon bureau...   demain pour ma commode ?

                               ***

jeudi 9 février 2017

Le Bureau.





C’est toujours le même bureau,
C’est presque le même silence,
Les jours sont juste un peu moins beaux ;
C’est toujours le même bureau.

Meurent les amours, il le faut,
Les paroles se font absence ;
C’est toujours le même bureau,
C’est presque le même silence.

                               ***