lundi 17 décembre 2012
Contrée d'exil.
Contrée d'exil que l'absence d'amour
Et chagrin de l'oubli toujours si vaste
Que "maintenant", aujourd'hui n'a plus cours:
Notre passé résume le mot "faste".
Larmes du temps, semblables à la pluie
Des trottoirs gris sous un ciel hivernal,
Nul n'éteindra au foyer de l'enfuie
La braise ardente où perdure ce mal.
Nul ne dira que je m'en vais au vent
Perdre en espoir ce que j'avais de rêve,
Car je regarde en vous, j'aime et j'attends,
Les jours sont longs et les heures sont brèves.
Le sourire d'un mot, en sentinelle,
L'ombreux désir au profond d'un regard
Où cet écho rallume une étincelle,
La première ou dernière; il est si tard.
***
jeudi 13 décembre 2012
Cantique de l'Epouse. Pour la Neuvième Fois.
Que ton sourire est merveilleux
Et combien cette flamme est belle
Que je vois danser dans tes yeux
Au plus profond de tes prunelles.
Comme tes mots sont mélodieux,
Combien ta voix demeure douce
Et combien ton corps est gracieux
Quand l'ombre intime l'éclabousse
Parfois d'un long frisson secret.
Et dans les silences qui cousent
Entre eux nos désirs sans regrets,
Que tu es belle mon épouse !
***
dimanche 25 novembre 2012
La "Part à Dieu".
Des gens venus de tous les lieux
Se pressent maintenant en ville
Quoique les temps soient difficiles,
Pour tous, jeunes autant que vieux,
N'oubliez pas la "part à Dieu".
De vitrines en étalages
Que d'acheteurs, que de curieux,
On vend de tout pour tous les âges,
Brimborions ou cadeaux précieux,
N'oubliez pas la "part à Dieu".
Profitez de votre passage,
Riez, mangez à qui mieux mieux,
La fête est un peu gaspillage,
Prenez mon conseil au sérieux:
N'oubliez pas la "part à Dieu".
Je vous le dis un peu soucieux,
Sachez voir celui qui mendie,
Trouvez celui qui dans la vie
N'a plus grande chose sous les cieux:
N'oubliez pas la "part à Dieu".
***
jeudi 15 novembre 2012
Achèvement.
Dehors l'automne achève de pâlir
De jardins nus en squares vides,
Novembre achève de ternir
Les rues et les places livides
Sous le ciel gris indifférent
Des matins de brume et de givre
Et le soir achève en courant
Des jours qui ne veulent plus vivre.
De vieux ponts en quais délaissés,
Reflets au bord d'une rivière,
Achevez de vous effacer
A l'heure où s'enfuit la lumière.
Ombres, achevez d'allonger
Les arbres que le froid délivre
De leurs feuillages affligés
Et moi j'achèverai ce livre.
***
mercredi 7 novembre 2012
D'un Mercenaire à son Amour.
C'est moi, demain, qui serait sur la route,
Sous le ciel gris et fuyant ma maison
Et vous savez à quel point il m'en coûte,
Ce que j'endure et pour quelles raisons.
Vous vous plaignez de vivre solitaire
Mais je le suis aussi et plus que vous,
Car je le suis et sans cesse et partout,
Même chez moi, je ne parle plus guère.
L'été, l'hiver, je suis sur les chemins
Car autrement comment gagner ma vie ?
Mercenaire est-ce un métier qu'on envie ?
Jusques à quand ? Je serai vieux demain...
Vous qui disiez m'aimer, quel long silence...
Moi, je rêvais l'amour tout autrement.
Je pense à vous, j'en parle avec le vent
Et vous voyez je vis de votre absence
Puisque là-bas, ici, tout autant que chez moi,
Je vous écris. Mais ces mots, ces paroles
Ne sont pour vous qu'une ombre qui s'envole
Et le passé n'a plus beaucoup de poids.
***
mardi 6 novembre 2012
En quatrains.
Un petit quatrain de nuit
Pour s'en aller -par quels rêves,
Quelle efflorescence brève ?-
Jusqu'où notre ombre conduit.
Pour trouver la part obscure
Des heures simples des jours,
L'écho grêle des amours
Qu'on oublia mais qui furent.
Un quatrain sur ces vieux rails,
L'usage et la poésie,
Courant au gré de l'envie
Et plus brillants que l'émail.
***
jeudi 1 novembre 2012
En ce jeudi de la Toussaint.
Parceque je suis silencieux,
Crois-tu vraiment que je t'oublie ?
Ces cinquante ans d'un jour plus vieux
Comme ils sont donc loin de ma vie;
Brillant début et pauvre fin
En ce jeudi de la Toussaint.
Les vers et leurs rimes s'alignent,
Compensent-ils les jours absents ?
Avec le temps ils se résignent,
Comme eux tu vieillis doucement,
Ils viendront te prendre la main
En ce jeudi de la Toussaint.
Ils ne parlent plus de grand-chose,
Mais le ferait-il, à quoi bon ?
Pourtant notre amour y repose,
Rêveur apaisé d'horizons
Qui ne croient plus trop en demain
En ce jeudi de la Toussaint.
Pardonne leur mélancolie
Et qu'ils résonnent quelquefois,
Lugubre antienne ou litanie,
Tu sais ce qu'il en est je crois
Et quel peut être mon chagrin
En ce jeudi de la Toussaint.
Ce qu'ils font je ne puis le faire:
T'approcher pour parler d'amour
Et fêter ton anniversaire.
Ils s'en vont suivre ton parcours,
Moi, je m'en vais par les chemins
En ce jeudi de la Toussaint.
***
lundi 29 octobre 2012
De rue en rue.
Je vais sans but, de rue en rue,
Longeant les quais, passant les ponts,
Je vais de place en avenue,
De palais en vieilles maisons.
Je m'en vais à la découverte
D'une façade ou d'une cour
Que révèle une porte ouverte,
Pas après pas, jour après jour.
Le moindre carrefour m'invite,
La ville, du centre aux faubourgs,
Je la parcours et je l'habite,
En long, en large et tour à tour.
Je suis le passant qui regarde
Et je suis parfois l'écrivain,
Je suis le curieux qui s'attarde
Et le rêveur, la plume en main.
Et l'éphémère et la mémoire
Et le siècle au bout de l'instant,
La pierre où dort un peu de gloire
Et la pénombre et l'inconstant,
Sans les chercher, je les retrouve,
Sans les connaître, je les sais,
Et chaque promenade approuve
Le nouveau récit que j'en fais.
***
dimanche 28 octobre 2012
En Vers.
Voici en vers et contre tout
Mon amour comme une évidence
Qui franchira le garde-fou,
Ainsi, en vers et contre tout.
Rêves dessus, larmes dessous
Et plus de raison qu'on ne pense;
Voici en vers et contre tout
Mon amour comme une évidence:
Et vous le savez bien
Et vous le savez trop,
Je vous aime toujours,
Je reviendrai bientôt
Quoique ce soit pour rien -
Que le bonheur est court ! -
Car vous n'entendrez pas,
Car vous ne voudrez pas,
Le savoir me tourmente
Et ne me convainc pas.
Depuis que je vous chante
Que n'ai-je pas pleuré:
Le plaisir, l'espérance
Avec la vérité
Et la calme beauté
Des aurores naissantes
Et l'ombre tiède de la nuit,
L'ombre si caressante,
Le jour si étonné,
Ce qui précède et suit
Avec ce que l'on prend
Et tout ce que l'on donne,
Le rêve du printemps,
La peine de l'automne...
***
samedi 27 octobre 2012
Place de la Gare.
Il fait nuit place de la gare
Où la pluie fouette le vent,
Néon rouge d'un restaurant,
Octobre est proche du départ;
Sur les pavés l'averse fuit.
Elle brouille mon pare-brise
Où chaque rigole conduit
L'éclat d'étoiles indécises:
Phares, bistrots ou réverbères
Et moi j'attends l'heure du train,
Celui qui te ramenait hier
Mais non ce soir et non demain.
***
vendredi 26 octobre 2012
Veuvage.
Nos amours sont ce qu'elles sont:
L'encre des mots sur une page
Qui n'a connu qu'une chanson;
Nos amours sont ce qu'elles sont.
Je les vis de triste façon
Comme l'on vivrait un veuvage;
Nos amours sont ce qu'elles sont:
L'encre des mots sur une page.
***
mercredi 24 octobre 2012
Le Vieux Colporteur.
Le ciel gris parle d'engelures,
Novembre, il est temps d'hiverner
Dessous couettes et couvertures.
Il est temps de s'édredonner
De fin duvet, de chaudes plumes
Et de s'enfouir sous l'oreiller.
En hiver quelle autre coutume ?
Décembre, la flamme au foyer
A tisonner sous la chandelle,
Bûches de chêne, de noyer,
Au craquement des étincelles.
Dehors il fera longtemps nuit,
Dehors il neige et le vent souffle,
J'attends que mon dîner soit cuit,
Les pieds au chaud dans mes pantoufles.
Je me garde autant que je peux,
Je sais trop ce qu'est la froidure,
J'ai bien connu les chemins creux
Et l'eau qui perce la chaussure,
Je sais ce que hurle la faim,
Je sais ce qu'avoir froid veut dire.
Le feu danse devant mes mains
Dans la pénombre d'un sourire...
***
mardi 23 octobre 2012
Le Jardin de l'Empereur.
Et voici que le froid augmente
Au fond des jardins effeuillés
Où la lumière invente
Des gris et des noirs oubliés
Aux branches d'un vieux chêne,
Aux malingres buissons,
A ce triste bouquet de frênes
Près de bouleaux à contre ton.
Voici qu'il y a plus d'espace
Du mur à la porte qui grince
Sur la rue où je passe,
Etirant, longue et mince,
L'ombre du promeneur
En ce parc délaissé
Où cent ans, tout à l'heure,
L'Empereur a passé.
Et la ville est silence,
Le temps incertitude,
Froide munificence,
Longue absence,
Hébétude,
Errant de feuilles mortes
En gravier déserté
Aux soirs de lassitude
Des jardins inventés.
***
lundi 22 octobre 2012
Les chemins silencieux.
Automne, feuilles mortes
Et chemins silencieux,
Déjà demain t'emporte;
Automne et feuilles mortes.
Amour, ferme la porte
Il ne reste en ces lieux
Qu'Automne et feuilles mortes
Aux chemins silencieux.
***
samedi 20 octobre 2012
Deux amants.
Deux amants. Écoute et rêvons:
Au milieu coule une rivière,
De rive à rive toujours, un pont;
Deux amants. Écoute et rêvons.
Faisons quelques pas et ce pont,
De bois, d'acier ou bien de pierre,
Rêvons que nous le traversons
Et qu'en oubliant la rivière
Au milieu nous nous embrassons.
Ce serait la bonne manière,
Ce serait la bonne façon
Pour deux amants d'user d'un pont.
***
vendredi 19 octobre 2012
Souvenir.
Lorsque j'étais petit ou pas bien grand,
Je croyais à mes jeux: j'étais poète,
Je versifiais avec des mots d'enfant,
Très maladroits, ce que j'avais en tête.
Douze tomes d'Hugo pour le destin,
Un seul, précieux, de Nerval pour le style,
Tout était dit, j'irais à bonne fin.
Ma rime était et bancale et futile,
Je claudiquais de strophes en sonnets,
N'importe ! Alors, je me racontais mon histoire,
La moindre idée et le moindre couplet,
Demain, bien sûr, serviraient à ma gloire...
Ces beaux jours là sont loin derrière moi:
J'ai choisi mon métier, gagné ma vie
Plus ou moins bien, bref, j'ai suivi la loi
De notre monde où l'enfant se renie
Pour devenir adulte et pour compter,
Compter l'argent que l'on gagne à grand-peine,
Tous les soucis, les fardeaux à porter,
Pour compter ses échecs, compter ses heures,
Enfin pour vivre ainsi que d'autres font
Et du poète enfant ne me demeure,
Vous le voyez, pas même un petit fond...
***
mercredi 17 octobre 2012
Miroir, mon beau miroir...
Surtout pas de miroir chez moi,
Pas d'argenture qui m'accuse
En me montrant ce qu'elle voit,
Qui démasque mon imposture
Et contredit ce que je crois.
Qu'ai-je besoin qu'on me reflète
Toute ma fatigue et son poids,
Le cheveu qui blanchit ma tête,
Et les rides qu'on aperçoit
Sillonner partout mon visage ?
Si l'on me dit que cet émoi
N'est pas digne d'un homme sage,
Je réponds que, pour une fois,
De passer pour fou m'indiffère!
Ne sais-je pas à mon endroit
Plus que ne sait toute la terre,
Dont ceci que, même à l'étroit,
Je reste l'enfant de naguère ?
Surtout pas de miroir chez moi !
***
mardi 16 octobre 2012
Oracle d'Automne.
Dans les jardins publics que l'Automne a vidé
Des enfants turbulents, des amants attardés,
Les larges flaques d'eau où les averses pleurent
Reflètent les jours gris dont nous comptons les heures.
Le crépuscule meurt dans le froid de la nuit,
Sur le quai silencieux où nul reflet ne luit
Tous les bancs sont déserts et la brume sinue
Entre les ponts de pierre où l'ombre est retenue.
Aux places de la ville il n'est plus de passants,
La flèche d'un clocher prend un air menaçant,
Le moindre carrefour dresse une croix sévère;
Sur le pavé glissant brillent les réverbères.
Que pouvons-nous encore, au mauvais temps venu,
Rêver du lendemain ? L'Amour a répondu:
Comme aux arbres d'Octobre où l'Hiver proche affleure,
Il n'y a feuille au vent qui bien longtemps demeure...
***
lundi 15 octobre 2012
Rose d'Octobre.
Rose d'Octobre à la robe ternie,
Mon coeur vous chante en ce mot "nostalgie",
En ce jardin où vos soeurs défleuries
Marquent ce jour de leur mélancolie.
L'été s'oublie et sa promesse est loin,
La terre est nue où nous fîmes les foins
Et dans ce bois que le soir a rejoint
A votre nom l'écho ne répond point.
Brumes de l'aube où le présent s'estompe,
Trop indistinct chaque passant me trompe
Et mon espoir que ces fantômes rompent
En est réduit à vos sinistres pompes.
Rose improbable aux nuances du temps
Vous qui bravez la froidure et le vent,
D'un seul bouton je me tiendrai content:
Refleurissez où mon coeur vous attend.
***
jeudi 11 octobre 2012
Feuilles d'Automne.
Comme la forêt s'éclaircit
De ce feuillage qui s'envole
Au vent froid des saisons, ainsi
Mon horizon des heures folles
Qu'enfin emporte et que saisit
Le cours indifférent des heures
Qui vagabondent vers l'oubli.
Sous le ciel gris d'automne meurent,
Sans même exaler un soupir,
Unis, sourires et souffrances,
Echecs, espoirs et repentirs.
Les mots ont perdu leur outrance,
Les souvenirs, leur acuité,
Les sentiments, leur importance,
Le pardon, ses difficultés
Et le regret, ses remontrances.
***
lundi 1 octobre 2012
La libre cigale...
Que faire d'autre que chanter,
Fusse chanter des choses tristes
Lorsque l'on ne sait pas compter ?
Si je suis un peu pessimiste
Cela tient à ma liberté,
Une guenille qui me coûte
Plus que je n'en puis raconter.
Et fleurit au milieu du doute.
Je ne suis pas bon en affaires,
En gloire, en gains et en profits,
Peut-être qu'en vocabulaire
J'ai mieux relevé le défi.
Je suis du peuple des cigales,
Des cigales sans illusions
Qui vivent souvent assez pâles
Et sans nourrir de prétentions.
***
mercredi 26 septembre 2012
Trois Fenêtres.
A trois fenêtres différentes,
Autour de moi l'automne gris,
Les heures cette fois sont lentes,
Ce qui m'entoure me contente,
Que désirer de plus: j'écris.
Je n'en espère pas de rente,
Chacun, je crois, l'a bien compris;
Je fais ici ce qui me tente
A trois fenêtres différentes.
A l'une je vois des passantes,
A l'autre des arbres roussis,
A la troisième je déchante:
Il n'y a rien à voir ici
Mais je passe mon temps ainsi
A trois fenêtres différentes.
***
vendredi 21 septembre 2012
Vieillir...
Il est allé s'asseoir, un beau matin d'automne,
Seul sur un banc de bois dans un jardin public,
S'asseoir dans le soleil où la chaleur lui donne
Un reste de plaisir et cela tombe à pic.
Le temps de la vieillesse est un temps solitaire
Où l'heure se distend, où le passé se perd;
Il regarde sans voir, qu'aurait-il d'autre à faire ?
Chez lui nul ne l'attend et le parc est désert.
Combien de liens rompus au bout d'une existence
Et combien d'illusions dans tout ce qu'on a cru ?
Les enfants sont lointains et je sais bien qu'il pense
Que c'est très bien ainsi, qu'ils ne sont pas perdus
Qu'ils sont indépendants et qu'ils vivent leur vie.
Ils étaient beaux ces jours sur le même chemin,
Cet espoir à bâtir, les mots de ce partage.
Mais il savait aussi qu'ils doivent prendre fin,
On ne fait tous unis qu'une part du voyage.
C'est un matin d'automne et il fait asssez frais
Et s'asseoir au soleil sans penser à grand-chose
C'est se faire plaisir encore à peu de frais:
C'est le mieux qu'on espère et le plus que l'on ose.
***
mardi 18 septembre 2012
Retour de Voyage.
Me voici de retour, je ne sais rien de toi,
Pas le plus petit mot, pas la moindre nouvelle,Le courrier que ce soir j'étale devant moi,
Poussière de dix jours, lettres impersonnelles,
Ne fait que répéter ce que je sais déjà:
Notre temps a passé, plus rien ne nous relie;
Le silence est entier, un autre jour s'en va
Et comme ils sont banals les amants que j'envie !
Promeneur de l'instant, je ne te dirai rien
Des couleurs de l'Automne aux plus beaux paysages,
J'ai retrouvé ces lys où tu les aimes bien
Et j'ai rêvé pour deux d'impossibles partages.
Comme les malheureux je n'ai pas oublié
Dans l'ombre de la nef, et dans combien d'églises,
Au hasard du chemin, d'attendre et de prier,
Tu devines pourquoi sans que je te le dise.
***
mercredi 22 août 2012
Rondeau d'été.
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,
Dans cette maison de passage
Où j'espère la fin du mois.
La nuit semble monter du bois
Où l'ombre envahit les feuillages,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage,
Une route s'en va tout droit
Où le crépuscule s'engage ,
C'est un jour de moins en partage
Et comme je fis autrefois,
Je ferai ce rondeau pour toi,
Rondeau d'été près de l'orage.
samedi 18 août 2012
À la Sainte-Hélène.
Il règne un grand silence
Dans la pièce où j'écris;
Qu'ai-je donc en l'esprit?
Mon amour, ton absence.
Dehors flambe l'été
De quelque canicule
Où la campagne brûle,
Brûlé de tous côtés.
Ce n'est pas jour de fête
Ou bien ce ne l'est plus;
Le champ voudrait qu'il plût
Et ce poème est bête
Car d'autres le liront
Que celle qui l'inspire,
Elle n'en peut rien dire
Et d'autres l'aimeront.
Voilà, vois-tu, Hélène,
Ce qui reste de nous:
Une date. Est-ce tout ?
Non: j'oubliais la peine.
***
samedi 28 juillet 2012
L'été au balcon.
Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon,
Les deux autres que je jette
Pour y faire un compte rond.
Des soucis montés en graine
Et du persil dans le fond,
C'est la joie et c'est l'aubaine
D'un jardinier de salon.
J'ajoute des capucines,
Une chaise dans un coin
Et mon jardin se dessine
Qui vaut Versailles au moins.
Car si tel préfère au marbre
Le si doux ciel angevin,
Je peux bien, même sans arbres,
Mettre au plus haut mon jardin.
Le sourire qui m'y guette
N'en est pas le moindre don;
Trois moineaux, quatre miettes
Au soleil de mon balcon.
***
vendredi 27 juillet 2012
Je vous offre...
Je vous offre un grand bouquet
D'illusions et de regrets,
De peine, de solitude
Et puis comme d'habitude,
Un sourire et mon espoir,
Un beau jour, de nous revoir.
***
Au Crépuscule.
Le soleil caresse la plaine
Au crépuscule tard-venant
Des soirs dont la douceur m'entraîne
A retrouver mes anciens chants.
Refrains aux paroles joyeuses,
Venez voleter dans le noir,
Les nuits ne sont pas sourcilleuses
Qui savent écouter sans voir.
C'est la claire voix des fontaines,
C'est le bruissement d'un cyprès,
Dans mon coeur les étés s'enchainent;
Le premier demeure si près...
Le silence apaise la rue,
La fraicheur monte des jardins,
Heures enfuies et revenues
Connaissez-vous le mot "demain" ?
Et l'ombre qui regarde l'ombre
Sourit sans dire un mot de plus;
L'ultime lueur du jour sombre
Et comme autrefois je conclus.
***
Amour de lonh (1).
Le jour va bientôt se lever,
"Plus-qu'Aimée", il faut être prête,J'annonce à ta nuit qui s'entête
Que notre aube est près d'arriver.
"Amour de loin", joie incertaine
De tant de nos rêves brisés,
Il est temps à nouveau d'oser
Suivre le flot qui nous entraine.
"Plus-qu'Aimée" au travers du temps,
Regarde où mon regard se porte,
Tends bien l'oreille, ouvre ta porte,
L'avenir a les mots du vent.
Guette ce rayon de lumière
Que la nuit n'arrêtera point,
Il luit pour nous "Amour de loin",
A jeter bas l'ombre et la pierre.
***
(1) l'amour de "lonh" c'est l'amour de loin, l'amour pour une dame lointaine des troubadours de langue d'oc.
vendredi 8 juin 2012
Le vent du Crépuscule.
Le vent qui souffle au crépuscule
Vient du pays que nous aimions,
Une tendresse qui me brûle,
Un rire comme une illusion...
Frangés d'ors vieillis et de rose
Le ciel de ce soir est moins gris
Que ces souvenirs où repose
L'amour dont nous étions épris.
Il souffle ce vent de la côte
Où le soir a le goût du sel
Mais l'ombre qui s'allonge m'ôte
Ce que je croyais éternel.
Au bout des toits où la lumière
Décroît, il meurt notre horizon
D'amour, d'émois et de prières;
Le vent s'attarde sans raison.
Voulez-vous que je vous l'écrive
Comme je faisais autrefois ?
Je crains que les mots ne dérivent,
Je crains de n'écrire plus droit.
Vous n'en feriez pas la lecture,
Vous vous tromperiez sur le sens,
La vie est quelquefois si dure
Qui prend la dîme avec le cens...
Que d'années vaines je dénombre...
Voilà, le couchant s'est éteint,
Je pense à vous dans la pénombre,
Ici, le poème prend fin.
Vous le trouverez ridicule,
L'est-il plus que vos trahisons ?
Le vent qui souffle au crépuscule,
Le vent, s'attarde sans raison.
***
mercredi 6 juin 2012
Encore.
J'écris encor de mes tristesses,
L'averse fuit, le ciel est gris,
Je pense à d'anciennes promesses,
Je me souviens, je fais le tri
De ces heures de tant d'années.
Si peu me restent à l'esprit,
Combien, et tant, d'abandonnées
Dont je ne suis pas trop surpris;
L'averse fuit, le ciel est gris.
Et vous mes amours toutes belles,
Vous dont je me suis tant épris,
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
Les derniers printemps m'ont tout pris.
Sans doute mon coeur se rebelle
Quoique mon âme l'ait compris:
Tout ce que ma plume rappelle,
Je l'ai de longtemps désappris.
Il n'y a plus de fleurs nouvelles,
L'averse fuit, le ciel est gris.
***
Pourquoi.
Pourquoi les jours se sont raidis
Et pourquoi je cours et je peine,
Je le sais bien et je me dis:
Ce temps que le Destin égrène
Il faut qu'il soit enfin le mien.
Pour pleurer autant que pour rire,
Sans compter quand, comment, combien,
Pour aller vers ce qui m'attire -
Quitte à ne pas aller bien loin -,
Pour m'étonner et pour comprendre
Et pour n'avoir plus d'autre soin
Que de voir, de chercher, d'entendre,
Il faut que je saute le pas,
Il faut que le temps m'appartienne
Et sans boussole et sans compas
Que je suive la route ancienne
Que je n'ai pas prise autrefois
Pour n'avoir pas eu le courage
De n'être rien d'autre que moi:
Un amant des mots et des pages.
***
samedi 26 mai 2012
Infini.
Mon amour est un infini
Qui passera toute mesure,
C'est un espoir jamais terni
Et qui ne connait point l'usure.
Mon amour ignore le temps,
Il ne connaît pas la faiblesse,
Mon amour sait ce qu'il attend
Et ce qu'il poursuivra sans cesse.
***
dimanche 6 mai 2012
Ombres et Parfum.
Je respire un parfum, venu d'un monde enfui,
Une ombre, un frôlement qui passe dans la nuit,
Fantôme triste et lent d'une douceur ancienne,
Comme ces rêves gris qui s'en vont et reviennent,
Timides obstinés à l'heure où l'aube naît.
Où donc meurt cet écho des voix qui m'emmenaient
Par les sentiers obscurs sur les terres du rêve
Où les murs ne sont plus ? Hélas , les nuits sont brèves
Et c'est un au-revoir à jamais poursuivi,
Le parfum de ce monde et ce nom qui s'enfuit.
***
lundi 30 avril 2012
Incertitudes.
On n'écrit pas facilement
Quand le lendemain vous soucie
Et le vers manque d'harmonie
Dont les pieds boîtent bien souvent,
Butant au bord de chaque rime.
On écrit mal la tête ailleurs,
L'esprit inquiet, la crainte au coeur
Et les yeux tournés vers l'abîme.
On chante peu dans les ennuis,
Quand le fardeau grandit encore
A l'heure sombre avant l'aurore,
Le pire moment de la nuit.
Aucun refrain ne vous inspire
Si ce n'est celui des mots pieux
Où l'âme s'en remet à Dieu
Lorsque la raison craint le pire.
***
Regrets d'Italie.
Et le lion de Venise et Saint-Georges de Gênes
Savent bien tous les deux tout le poids de ma peine
Et le peu de bonheur que j'attends de la vie
Depuis que j'ai quitté la terre d'Italie,
La Sienne des banquiers, la Rome des Césars,
Et l'éternel amant qui pleure dans Vérone,
Et le Lys Laurentin qui protégeait les arts,
Les remparts de Milan, les violons de Crémone...
Et quand retournerai-je et si cela sera,
Je n'en puis acquérir aucune certitude,
Le chemin du départ est un chemin ingrat,
Sinueux dans son cours et pavé d'inquiétudes.
Combien vont me manquer Assise et Saint-François,
Je reverrai longtemps Naples, la Thyrénienne...
On ne mesure pas tout ce que l'on reçoit
Avant que de le perdre et qu'un autre âge vienne.
***
lundi 16 avril 2012
Bavardage.
Le crépuscule envahit la maison,
C'est le moment que j'apprécie,
La plume en main, assis dans l'ombre du salon,
Seul, je me raconte ma vie.
Je fus toujours et resterai bavard,
Quitte à dire bien des sottises;
La nuit s'en vient et j'écris au hasard
Les mots d'une histoire imprécise.
Cette version sera d'un soir serein,
La prochaine d'une nuit blanche,
La suivante aura fait bien des emprunts,
La dernière est de quatre planches.
L'ai-je inventé ? L'ai-je vécu ? J'écris.
Mes histoires sont infidèles;
Dans la pénombre où tous les mots se mêlent,
Vous l'ignorez mais j'en souris.
***
mercredi 4 avril 2012
Avril 2012.
Avril; il pleut sur l'avenue
Où les tilleuls attendent mai
Et je marche l'âme déçue
Loin de la femme que j'aimais.
Sur le pont les gouttes ruissellent
Mais vous n'habitez plus ce quai;
J'ai vu revenir l'hirondelle,
Vous resterez loin je le sais.
Il pleut une pluie éternelle
Dont la ville, inlassablement,
Fredonne la chanson mortelle
Qui vient séparer les amants.
Croyez-vous que je vous oublie
Aux premiers jours de ce printemps
Qui pleure d'une longue pluie
Les plus heureux de mes instants ?
***
dimanche 1 avril 2012
Voici.
Voici venir un beau Printemps
Rempli d'une douceur de vivre
Et de lumière dont s'enivrent
Jusqu'aux murs sombres des couvents,
Jusqu'aux murs tristes des écoles,
Jusqu'aux murs épais des prisons.
Voici le temps des horizons
Que plus une ombre ne désole,
Il court sur les chemins joyeux
Mille projets de fantaisie,
Des chansons au refrain de vie
Et mille amours sous mille aspects!
Voici l'or de la primevère
Et le chant du coucou des bois;
Viendrez-vous encore avec moi
Des bois profonds à la rivière
Et de la colline au verger
Pour retrouver l'heure première
Quand la promesse était prière
Et le moindre doute étranger ?
***
Dimanche des Rameaux.
Voici l'Oint du Seigneur chevauchant une ânesse
Qui dans Jérusalem voit la foule en liesse
L'accueillir à grands cris en ce jour des Rameaux
Car elle croit qu'Il vient pour guérir tous ses maux,
Règner sur Israël, un peuple à nouveau libre,
Qu'Il vient pour l'exalter, pour diriger et vivre.
Mais le Christ est venu pour bien plus que cela
Et la foule, à cinq jours de ce très beau jour là,
Ne l'ayant pas compris et furieuse et déçue
D'avoir pour rien porté cet Homme jusqu'aux nues,
Répondant à Pilate, enverra par son choix,
Barrabas dans le monde et Jésus sur la croix.
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