vendredi 19 octobre 2012

Souvenir.




Lorsque j'étais petit ou pas bien grand,
Je croyais à mes jeux: j'étais poète,
Je versifiais avec des mots d'enfant,
Très maladroits, ce que j'avais en tête.
Douze tomes d'Hugo pour le destin,
Un seul, précieux, de Nerval pour le style,
Tout était dit, j'irais à bonne fin.
Ma rime était et bancale et futile,
Je claudiquais de strophes en sonnets,
N'importe ! Alors, je me racontais mon histoire,
La moindre idée et le moindre couplet,
Demain, bien sûr, serviraient à ma gloire...
Ces beaux jours là sont loin derrière moi:
J'ai choisi mon métier, gagné ma vie
Plus ou moins bien, bref, j'ai suivi la loi
De notre monde où l'enfant se renie
Pour devenir adulte et pour compter,
Compter l'argent que l'on gagne à grand-peine,
Tous les soucis, les fardeaux à porter,
Pour compter ses échecs, compter ses heures,
Enfin pour vivre ainsi que d'autres font
Et du poète enfant ne me demeure,
Vous le voyez, pas même un petit fond...


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