dimanche 10 décembre 2017

Entracte.





Je goûte cet instant de paix,
De tranquillité, de silence,
Quand la mémoire enfin se tait ;
Je goûte cet instant de paix.

J’envoie au diable, au grand complet,
Les vœux, les projets en instance
Et les souvenirs dont j’étais
Le prisonnier par complaisance.

Et tout ce dont je me défais,
Avec une parfaite aisance,
C’est ce que j’appelle un progrès,
C’est que je nomme une chance.

Cet état d’esprit guilleret
Dure, hélas, le temps que j’y pense,
Assez pour nourrir mes regrets,
Pas assez pour mon insouciance.

Mais ce moment vide me plaît,
C’est un refuge, une défense ;
Je goûte cet instant de paix,
De tranquillité, de silence.

                               ***        

vendredi 8 décembre 2017

Notes et mots.





La nef est d’ombre, obscure aux bas-côtés,
D’ombre et de chant, de lente psalmodie,
De prière et de paix en harmonie
Sans le souci des siècles incomptés.

Le ciel où le fût des colonnes monte
Se nimbe d’or, voici venir la nuit,
Ce sont les chants que le silence suit,
Psaumes sans fin où l’âme se raconte.

Notes et mots s’unissent dans le chœur,
De répons en répons[1], au fond des stalles[2]
De bois sculpté, lente, la nuit s’installe
Que l’on perçoit paisible dans les cœurs.

Sous les voutains[3] s’éteignent les grisailles[4],
Il fait nuit noire et le chant va finir
Mais le silence avant qu’on ne s’en aille
Un bref instant encor va nous unir.

                               ***       


[1] Répons : subst. masc., dans le chant liturgique le moment ou le chœur répond au  chant de l’officiant ou du soliste.
[2] Stalle : subst. fém., rangées de sièges qui se font face le long du chœur et où la communauté des desservants d’une église prend place pour chanter l’office.
[3] Voutain : subst. masc., portion de la voûte délimitée par ses arrêtes ou par les ogives.
[4] Grisaille : subst. fém., vitrail composé de verre blanc ou gris (ou de nuances de couleurs tirant vers le gris).

jeudi 7 décembre 2017

Tel est l'Hiver.





Gris, noir, ocre et terre de Sienne,
Jaune soufre ou filasse et bleu
Si pâle au ciel, ce sont les tiennes
Ces couleurs, Hiver, et c’est peu.

J’oubliais, quand le soleil brille,
Celle du cornouiller sanguin,
Rouge-vieux sang de la famille
Des impunis quoique assassins.

Et dessus les chemins, la boue,
L’étang gelé au vent glacial
Qui vient vous écorcher la joue,
Même en marchant d’un pas martial,

Emmitouflé dans plus de laine
Que jamais n’en porta mouton .
Tel est l’Hiver : fume l’haleine
Qui vient geler sur le menton…

Et les reflets de la rivière,
Courent toujours indifférents,
Entre les éclats de lumière
Sous les saules désespérants.

                               ***