Du quai des
Esclavons où dansent les gondoles,
Sous ce vent
de tempête où les embruns s’envolent
C’est ton
nom que j’épelle et que j’égrène en vain
Au pied du
marbre blanc de ces palais hautains.
Mais tu ne l’entends
pas et Venise se moque,
Maîtresse d’outre-temps,
des amours que j’évoque,
Tous ces
mots ne sont rien sous le ciel gris de fer
Qu’un
murmure inutile au bruit sourd de la mer,
Et demain,
Mardi-Gras, dans les fastes baroques
De la fête d’antan,
il faudra que je troque
Mon regard
de tristesse et mon cœur impatient
Contre un
éclat de rire et ce rêve insouciant.
Je ne te
verrai pas, marquise ou courtisane,
Sous la
voûte aux échos d’amoureuses arcanes
D’une noble
demeure, un soir sans lendemain,
M’adresser
tout au moins un signe de la main.
Et ce que je
désire et tout ce que j’espère,
Ce que je
tiens de toi, tout ce que je révère,
Je le
murmure encore au quai des Esclavons
Quand minuit
s’en revient et que les gens s’en vont…
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