mercredi 1 août 2018

Mon horizon.




Sur mon balcon, entre soucis et capucines,
Je regarde le ciel d’été se charger de nuages …
Certains s’en vont très loin en emportant leur cage,
Je vis libre en ces lieux où le sort me confine.

Il me convient très bien que mon seul horizon,
Un jour banal du mois sous le ciel déjà gris,
Soit quelques pots de fleurs, des toits et des maisons:
Je réfléchis, je songe et, vous voyez, j’écris.

Je souris à des riens comme ces jardinières
Où poussent à la fois la luzerne et l’ortie,
Ramenées par hasard du champ d’où vient leur terre
Au pied même des lys aux tiges défleuries.

Et je me dis qu’enfin, faisant ce que je veux,
Je me trouve à mon aise et que je puis sans peur
De la fuite du temps dire « je suis heureux »,
Oublier mon passé et vivre sans rancœur.

                               ***

Regard




Une heure du matin vient juste de sonner,
Un souffle d’air plus frais monte enfin de la rue ;
De loin en loin des mots, un rire et sa décrue
Signent les attardés de quelque après-dîner.

Une voiture suit, facile à discerner,
Qui file en solitaire au long d’une avenue ;
Pour les trottoirs déserts l’attente continue,
Paisible, et plus un bruit ne vient la profaner.

La grande pièce obscure imprime son  image
Aux contours indistincts et aux reflets épars
Au temps qui n’a pas plus d’épaisseur qu’une page,

Une page immuable où chacun pour sa part,
Dans la nuit de l’été, laisse errer sans ambages
L’éphémère éternel d’un unique regard.

                               ***