mardi 15 octobre 2013

Au Bois.






Il est au bois un chêne, un bouleau, un sapin,
Entendez "plusieurs" pour "un",
Et l'odeur de l'automne et l'odeur de la pluie;
Le ciel qu'un nuage essuie.

Qui veut, y verra danser toutes les couleurs
Sur une fontaine en pleurs,
Un reste de douceur y poursuit chaque feuille
Que le vent qui passe cueille.

C'est un saule têtard que dépouille un ruisseau
Et l'or fuit au fil de l'eau,
C'est au long du sentier la clarté qui s'insinue
Du tronc à la branche nue,

C'est le silence léger et l'avis du repos,
Le froid qui viendra bientôt
Et dans les buissons perclus, un frisson de brindilles
Quand le dernier soleil brille.

              ***

samedi 12 octobre 2013

L'Hiver aux Longues Dents.



 
 
D'un été timoré
L'hiver à longues dents
N'a fait qu'une bouchée.
Il vente abondamment,
Il bruine sans lumière
Et sur les chênes jaunissants,
Sur les pentes de pierre
La neige brille maintenant !
 
Allons mes doigts,
A la plume enchantée,
Quoique gourds en raison du froid,
Faites ces mots tracer:
D'un été timoré
L'hiver à longues dents
N'a fait qu'une bouchée.
 
              ***
 

jeudi 10 octobre 2013

En dormant.



 
 
 
Je m'endors plein d'ardeur et me lève autrement
Dans cette solitude où règne l'impuissance,
Où le faux et le vrai sont de la même essence,
Où mille jours enfuis pèsent également.
 
Oui, j'ai rêvé de vous comme rêve un amant
Et j'ai brûlé du feu d'anciennes réjouissances,
Mille moments perdus, mille anciennes absences
Ne peuvent altérer semblable sentiment.
 
Savez-vous ce que vaut, quand le temps vous oppresse,
Un mot de réconfort, un moment de tendresse ?
Savez-vous ce que c'est que d'attendre un regard ?
 
Oui, j'ai rêvé de vous, une nuit de jeunesse,
Exaspérante et douce et folle à tous égards
Que ce matin dément sans aucune finesse.
 
                    ***

dimanche 6 octobre 2013

La Recherche.



Il faut le chercher loin ce bonheur qui m'obsède
Pour espérer un peu qu'enfin le destin cède
Ou paraisse céder;
Il faut le chercher loin sans rien pour vous aider.

Il faut le chercher loin et le chercher sans cesse,
Entre soirs d'espérance et matins de tristesse
Et ne pas s'arrêter
De crainte de tout perdre en passant à côté.

Car toute flamme naît d'une seule étincelle
Et qui peut bien savoir ce que l'instant recèle
Ou qui peut l'attester;
Il faut chercher longtemps et ne rien regretter.





mardi 1 octobre 2013

Retour.

La nuit d'automne est revenue,
Mon amour qui brûle toujours
Rêve de toi sans retenue;
La nuit d'automne est revenue.

Que des paroles inconnues
Grâce à moi te fassent la cour,
La nuit d'automne est revenue,
Mon amour y brûle toujours.

                      ***

jeudi 19 septembre 2013

Trois Fois Rien.


FRAGMENTS D’ENVELOPPES.

Possédant.

Chanceux êtes-vous les rêveurs
Qui là où tant n’ont que la terre
Possédez plus qu’un univers.
Chanceux de connaître des joies
Qui ne sont qu’à vous-mêmes
Et bien plus qu’une peur
Et d’ignorer la loi
Du temps sur vos routes lointaines.
Chanceux êtes-vous, fervents des mots
Et serviteurs,
Vous qui dites : « bientôt »
Où tant d’autres savent : « jamais ».

  ***                                                      

Instantané.

Svelte inconnue au pas pressé,
La grisaille annonce le soir
Et peut-être bien que vouloir
N’est pas assez.

Vous n’êtes qu’un fragment d’éphémère,
Parce que vous désirez et que l’on vous désire
Vous pensez avoir un destin
Mais vous n’avez qu’à peine
Un commencement et une fin
Et quand bien même
Vous vous accrocheriez à vos chimères,
Il n’en serait ni mieux, ni pire :
Vous ne feriez quand même que passer.
Vague moment d’une mémoire infime
Qui n’avez pas même un présent,
Au coin d’une rue de la ville,
Vous n’appartiendrez guère au temps
Qu’autant
Que ma rime futile
En préservera les fragments.

***
Place Publique.
Froide après-midi de février
Entrepavée de mégots
Et de petits bouts de papiers
Sur le rectangle d’une place
De gris manteaux et de bonnets.
Mon regard chasse mes désirs désuets
Aux silhouettes fluctuantes
Engaînées de fantasmes
Qu’excitent le vent aigrelet,
Contrepoint en un lit douillet
Des amours rassasiées.
Mais la ville est toujours la ville
Etrangère à hauteur de toit
Que nul ne regarde ou ne voit.
Couverture à même le sol
Et caressant son chien,
La jeunesse n’est rien,
Celle du mendiant me désole
Et sa maigreur aussi.
N’ai-je pas, moi-même, si froid ?
J’ai fait si peu,
Je n’ai rien dit
Et je suis reparti
Le nez au vent.
***       
Destins.
Tu ne connais pas ta profondeur
Ni les racines immensément lointaines
Qui sont les tiennes…
Le temps y meurt
Et notre amour y naît.
Celui qui nous unit,
L’a fait
Il y a si longtemps,
Que rien de ce qui fut
Que rien de ce qui vient
Ou qui sera conçu
Ne s’en souvient.
Ce fut de toute éternité
Et du premier regard,
Un décret arrêté
Sans le moindre hasard
Et pour mille détours
Pas une seule erreur,
Pas une heure incertaine.
Il n’y a rien à dire d’autre :
Ne sais-tu pas la profondeur,
Les racines immensément lointaines
Qui sont les nôtres ?

 ***     


Sans Retour.

Je suis un enfant
Que l’on n’a pas laissé jouer
Et maintenant,
Adieu mémoire,
Adieu présent,
Je me raconte des histoires.
Je n’ai rien oublié
Et je me souris à moi-même
En parcourant un univers
Que j’aime.
J’y vais si loin, si loin,
Que je m’y perds
Mais sans regrets, sans autre soin,
Sans autre loi
Que celle-ci :
Pas un seul regard en arrière,
Plus jamais autrefois.

      ***                                                      

Tableau d’une Ville en Hiver.

La rue déserte
Où l’ombre de l’Hiver feuillète
Les cheminées,
Où la nuit marche à pas pressés,
Mains blanches, lèvres bleuies,
D’une démarche sèche
Où frissonne un désir enfoui
Sous le seuil clos des portes.
Et puis, là-bas, au carrefour
L’obscur espace d’un mystère
Que bordent les trottoirs de pierre
Et ce silence sans défaut,
Si lourd d’attente et de rumeurs,
De clameurs
Et d’échos.
Tableau d’une ville en hiver,
Sommeil d’ardoise
Et de portes cochères,
De caniveaux et de pavés,
De frontons barbelés,
D’arches sévères
Et de clochers
Que garde une fenêtre
Où je me vois.

  ***                                                      

Saisons du Monde.

Glace et midi, neige et poussière,
La route blanche de l’hiver,
La route bleue de nos étés,
Ensemble pour me raconter
L’éclat d’étain de la mare gelée,
Le chant nocturne des fontaines,
La rose d’octobre entêtée,
Le givre des forêts lointaines
Et le goût de la liberté,
Pour me dire l’ombre volage,
Le vent qui court, le soir qui vient
Et l’écume au lit de la plage,
La nuit, les aboiements d’un chien
Qui doit veiller sur la campagne
Et que nos pas entrelacés réveillent,
Sinueuse béatitude
Des échos ajournés,
Miroirs trompeurs, glaces sans tain,
Mots fallacieux, mots éventés,
Souffle muet,
Ombre de l’amplitude,
Telle est le murmure du monde,
Telle est sa vérité.

  ***      
                                                
Pâques.

Et l’air sent Pâqu(es) et le Printemps
Qui sont tout un :
Un mélange de feuilles à venir
Et de douceur au bord du vent
Et d’horizon plus vaste
Et d’espace plus grand.
Une promesse à retenir
En ses mots opportuns :
Comme un rideau de pluie
Effrangeant les nuages,
Un ciel gris de passage
Sur un ruisseau qui luit.
Au miroir de l’ornière,
Un reflet de l’azur
Découpant sa lumière
Sur la route où l’Hiver
Avait dresse des murs,
Des obstacles de pierre
Comme ses jours, …défunts.

  ***                                                      

La Tasse de Thé.

Dans une tasse d’ambre clair,
Une simple tasse de thé,
Minuit s’imagine et se perd
Dans cette pièce où la clarté
D’une lampe unique s’oppresse
De tant et tant d’obscurité.
Pourtant cette ombre est sans tristesse,
Riche surtout d’aménité,
De calme et de douceur oisive.
Les mots ont l’existence lasse,
Déjà, d’un désir exaucé,
Tous mes livres sont à leurs places
Comme ils l’étaient dans le passé.
Mots anciens dont je suis la trace,
Je me réjouis des bons côtés
Du temps qui fuit et qui s’amasse
Discrètement en aparté.

En votre honneur minuit s’efface
Et je lève ma tasse
De thé…

               ***                                                     

La Lutte et le Printemps.

Ce n’est qu’un seul jour de lumière
Dans l’ombre encore de l’hiver,
Pas de quoi se persuader
Que le printemps est arrivé.
Premier contact, brève visite
Et même les bourgeons hésitent
A prendre au sérieux la douceur
D’un soleil de neuf heures.

Un peu de vent venu d’Ouest,
L’attente et l’espoir font le reste
Mais le bonheur reste prudent.
Même à deux, assis sur un banc,
Le doute et l’espérance luttent,
On comprend bien que tout débute,
Que tout est possible et pourtant,
Que tout dépend du temps…

              ***       

Compagnon de Voyage.

« C’est une triste route que celle qu’on fait en solitaire »
Se disait un gourdin.
« L’homme n’est pas un compagnon, c’est un gamin,
Pour moi qu’on a taillé dans un chêne tricentenaire.
De quoi parlerions-nous ?
Dessus, dessous,
Nous n’avons aucun point commun.
Je veux bien soutenir sa main
Et guider son voyage
Mais rien, non, rien ne nous unit
Et rien ne nous rapproche.
Moi seul connais le bon usage,
Du gué, du sentier, du passage.
A la moindre ronce il s’accroche,
A la moindre pierre il trébuche
Quand je connais la moindre roche,
La moindre ornière et toutes les embûches,
Tous les climats et tous les paysages.
De quoi parlerions-nous
Quand je suis sage
Et qu’il est fou ?

  ***                                                      

 Au Troisième.

Voici mon troisième et dernier printemps
Et ma nouvelle et très profonde mue,
Le vent frissonne au bord d’un monde à nouveau nu
Où mon cœur naît rêveur, si loin de ce qu’il fut :
L’aube et le jour sont lents.

Riez bosquets légers aux rameaux murmurants,
Les papillons amoureux de l’instant,
Volent joyeux de corolle en branchage
Et la feuille a souri aux gouttes de passage
D’un sourire sans âge.

Sous la croix des hivers, mon existence est brève,
Car si le grain ne meurt, nulle moisson ne lève,
Sous le vieux tronc noirci, coule encore la sève
Qui gonflera dans la moiteur des nuits
L’orbe féconde de mes fruits.

        ***                                                      



                                                 

dimanche 25 août 2013

L'été décline.



 
 
 
L'été décline doucement
Aux champs damés d'ocre et de paille,
Jour et nuit vont inversement;
Les ombres grandissent de taille.
 
Aux verts de mêle un reflet d'or,
Déjà quelques roux apparaissent
Ici ou là, cernant le bord
D'un feuillage où le vent paresse.
 
Les prés fauchés sentent le foin,
On voit fleurir les digitales
Le long des bois, de loin en loin;
La rose effeuille ses pétales.
 
La fraicheur s'en revient au soir,
Le petit matin la prolonge,
On y peut même apercevoir
Un voile de brume et de songe.
 
Autrefois, à ce moment là,
Je sentais approcher l'école,
Et le bonheur qu'elle voila,
Encore aujourd'hui, me désole,
 
De n'avoir pas été vécu
Au moins autant qu'il pouvait l'être
Mais je n'ai plus été déçu
Depuis que je suis mon seul maître.
 
Et tant pis pour le marronnier
Qui perd au vent ses feuilles mortes
Et pour les jours aux mots confiés
Que l'encre des pages emporte.
 
Tant pis si midi maintenant
N'a plus toute sa gloire entière,
Si tout le long de la rivière,
Sans bruit, flâneur et nonchalant,
L'été décline doucement.
 
              ***
 


vendredi 2 août 2013

Que Faire ?



 
Un matin frais se lève,
Que ferai-je aujourd'hui ?
Mes vieux soucis font trêve,
L'incertitude a fui,
Un matin frais se lève,
Que ferai-je aujourd'hui ?
 
Irai-je par les rues
En chantonnant cet air
Aux notes inconnues
D'un poème à l'envers;
Irai-je par les rues ?
 
Ecrirai-je des mots
A la flamme fugace
D'un amour sans repos
Afin que le temps passe;
Ecrirai-je ?
 
Non, j'irai nettoyer,
N'est-ce pas plus utile
Que d'ainsi versifier
Sur des thèmes futiles ?
Non !
 
          ***
 
 

mercredi 24 juillet 2013

Facettes de l'été.



 
 
 
 
Je termine ma sieste et je me dis; "allons,
Ne faut-il pas, au moins un peu, que je travaille ?"
Des trottoirs gris il monte une chaleur de plomb
Et le ciel flambe aux toits comme flambe la paille,
La tuile rutilante et la brique de feu
De leurs alignements qui dominent les rues
Réverbèrent l'été, violent et voluptueux,
Où s'enfoncent tout droit de longues avenues.
Est-il une campagne aux peupliers ombreux
Où la rivière rêve à des baigneuses nues,
Où le vent et le flot murmurent bienheureux,
Le refrain alterné de strophes inconnues,
Où l'ombre peint l'amour au poli des galets
Dans les reflets de l'eau que sa fraîcheur enchante,
Où le sable scintille au jeu doux et muet
De la lumière d'or et des ombres dansantes ?
 
                             ***
 
 

 

 

vendredi 19 juillet 2013

Ombre et lumière.







Ombre et lumière sur la mousse
Dansent au bois l'après-midi,
Quel désir attire et repousse
Les mots que nous n'avons pas dits ?

Quel sentier mène à la clairière
Où nos jours nous ont précédés
Et lequel autre à la chaumière
Dont le seuil est abandonné ?

L'été n'a plus votre sourire
Où donc ai-je perdu le mien ?
Je ne saurais pas vous le dire,
Le terme est fait de tous ces riens.

Les lys dans le jardin se fanent,
Vous ne pouvez y retourner,
La serrure sans clé condamne
Tous ceux qui l'ont abandonné.

Il vient un soir de lune rousse,
Jamais ma chanson n'a trahi;
Ombre et lumière sur la mousse
Ont dansé tout l'après-midi.

                    ***

mardi 2 juillet 2013

Les Quatre Routes.



 
 
 
Au croisement de quatre routes
Je me suis assis un instant,
Ce n'est pas que marcher me coûte
Mais il faut savoir où l'on tend.
 
Sur quatre laissons la première
Par laquelle je suis venu:
Pourquoi retourner en arrière
Et voir ce qu'on a déjà vu ?
 
Quant à la seconde elle mène
Vers la pénombre des forêts,
Mais aujourd'hui l'ombre me gêne,
Tous les sous-bois ne sont pas gais.
 
Quant à la troisième elle gagne,
Montant au travers des rochers,
L'aridité de la montagne,
La douceur ne peut s'y cacher.
 
La quatrième suit la plaine
Au fil des champs et des vergers,
Elle m'a dit: " je suis sereine"
Et je m'en vais m'y engager.
 
              ***
 
 


L'Heure des Nénuphars.





Dessus cet étang paisible,
Glisse un mauvais temps serein,
Quelques gouttes invisibles
Tambourinent leur refrain.

Fleurs d'une blancheur à part,
Feuilles dessinées au trait,
Le temps s'écoule en reflets,
A l'heure des nénuphars.

La rive où les ombres tremblent
Murmure aux herbes bavardes
Des rêves qui leur ressemblent,
Des secrets que nul ne garde.

L'été fuit au fil de l'eau,
Nymphéas et cardamines,
Anémones, nélumbos
Y fleurissent ma comptine.

               ***

vendredi 28 juin 2013

Comment.



 
 
 
Comment voulez-vous que j'enclose
Mon amour en ces pauvres mots,
Mots de toujours, petites choses
Qui peuplent livres et journaux ?
 
Mon amour s'écrit en orages,
En bourrasques de vent amer,
En vagues mourant sur la plage,
En bois sombres où l'on se perd.
 
Il s'écrit en feux de l'aurore
Sur les sentiers de l'horizon,
Aux soirs de crépuscule encore
Où l'ombre creuse des sillons.
 
Il s'écrit en rêves d'étoiles
Qui scintillent dans la minuit,
En matins que la brume voile,
En forêts où l'été s'enfuit,
 
En froide blancheur du silence
Sur les champs nus et dépouillés
Pour celle qui m'a oublié,
Et dont l'amour s'écrit absence.
 
           ***
 


mardi 25 juin 2013

Hélas.


 


Des amours en bouton
Aux roses défleuries,
Il est bien court, ma mie,
Le temps de nos saisons.

Il est bien court le temps
Des grandes espérances
Et des grandes vacances
Aux étés de l'enfant,

Celui de la beauté
Et celui des caresses
Et celui des promesses
Et de la liberté,

Ce temps qui fuit frivole
Comme un reflet dans l'eau
Ou l'aile d'un oiseau
Qui si vite s'envole,

Il est bien court le temps
D'une existence d'homme
Qui n'a pour toute somme
Que la plainte du vent.

            ***

lundi 24 juin 2013

L'ombre des Refrains.



Je n'ai guère en tête ce soir
Que des refrains bien éculés,
Les neufs que je voudrais avoir
Où me faudra-t-il les voler ?

Le plomb de mon esprit me pèse,
Mon coeur est rassasié de vide,
L'absence est une dure ascèse
Et le temps est un maître avide.

Quel chant ai-je pu oublier ?
Quelle parole a-t-il manqué ?
Des chants pour aimer et lier ?
Des chants à vivre et à moquer ?

Où sont donc les chansons nouvelles
Pour mon amour et toutes celles,
Les joyeuses, les solennelles,
Que cette nuit pourtant recèle ?

Je cherche et ne sait pas trouver,
Par les places ou les ruelles,
L'ombre des refrains rénovés
Dans la rumeur qui les révèle.

              ***

dimanche 23 juin 2013

Du Quotidien.



 
 
 
 
En certains soirs d'insondables tristesses
Il m'a semblé que rien au grand jamais
N'avait valu le prix que je payais.
Ce n'était pas de grands soirs de détresse,
Mais seulement le poids du quotidien,
De trois fois rien en banales faiblesses,
L'existence soudain qui vous oppresse,
Le temps enfin qui ne vous laisse rien.
Et j'ai douté, comme le croyant doute,
Qu'il y ait jamais eu de bon chemin
Où l'on puisse trouver la paix enfin
Et un espoir quelque part qui m'écoute.
Et j'ai pleuré, comme tout enfant pleure,
Quand le monde soudain paraît trop grand
Et le laisse si seul, au dernier rang,
Prince étonné que demain soit un leurre.
 
                  ***

Un Eté à Strasbourg.






Ce sont les premiers jours d'été:
Dans une cour tout à côté,
Les rosiers croulent sous les roses
Et mille herbes folles encloses
Envahissent le pied des murs.
Là-haut, le ciel est d'un bleu pur
Et le soleil sur les façades
Vous réverbère des rasades
D'une inextinguible chaleur.
L'ombre chez moi se fait torpeur
Et grise douceur alanguie
Où les heures vont sans envie,
Sans se compter et à pas lents,
Au bras des instants somnolents.
C'est la chemise grande ouverte
En admirant les feuilles vertes
Des capucines du balcon
Que j'écris ces vers si profonds...

               ***

jeudi 20 juin 2013

Les Combrailles.





Il pleut sur les routes désertes
Et les fleurs du premier printemps,
Sur les premières feuilles vertes
Et les vergers vêtus de blanc,
Il pleut aux quatre coins des haies,
Des ruisseaux et des champs.
Il pleut sur des chemins de craie,
Il pleut tout au bord des étangs,
Il pleut sous un ciel froid et sombre
Et sur un vieux clocher roman,
Il pleut sur les tristes décombres
De je ne sais quel bâtiment
De ce bourg aux persiennes closes
Où les rues luisent doucement
Pendant que le grésil dépose
A chaque toit un cerne blanc.

                    ***

mercredi 19 juin 2013

L'Amour.



 
 
 
L'amour ne "tourne pas la page",
Il persiste et demeure
Dans l'éternité de son âge,
Un voeu que nul regret n'effleure.
En sa puissance transmuée,
Il règne au-delà de la terre,
Le jour, colonne de nuées,
Et la nuit, flamme solitaire.
 
Il a la patience du temps
Et la certitude du sort,
Il a le murmure du vent
Pour lui donner quelquefois corps
Et la caresse d'un rayon
Aux heures douces du couchant
Pour faire oublier ses haillons
Et chaque aube redit son chant.
 
                ***
 


dimanche 16 juin 2013

Etat de Manque.






Il me manque un jardin,
Quelques pieds de persil,
Deux ou trois de tomates
Et par dessus enfin
L'aube ou le crépuscule,
L'hirondelle du soir,
Le merle du matin.
Des tulipes à Pâques
Et des roses en juin,
Des glaïeuls, des dahlias,
Des cosmos, des lupins
Et des pois de senteur;
Je le dis tout à trac:
Il me manque un jardin !
Une pelouse à tondre,
Des lilas au printemps,
Des jacinthes à l'ombre,
Des narcisses devant
Et des ... engoulevents,
Un oiseau pour la rime
Mais la foule unanime
Dit: "Non, un chat-huant !"
Je perds un peu le fil
De ce texte charmant
Qui manque également
D'homogénéité,
De suivi et de style
Mais moi je cherche en vain
Une belle de jour
A qui le soleil nuit,
Une belle de nuit
Que je mettrais à jour
Si un jour
Mon amour
En avait les moyens
Mais, hélas au refrain,
Il me manque un jardin.

              ***                        (Extrait de "Fragments d'Enveloppes".)







La Nuit.



Palais Rohan. Strasbourg.

La nuit silencieuse autour des pages
Où quelques mots s'assemblent au passage
Des heures alentour de la minuit,
Sans trop chercher où leur ligne conduit,

La nuit tranquille et la nuit qui sourit
De constater que je n'ai rien appris
Et que je crois toujours à des chimères,
Aux plumes d'oie, aux réverbères...

La nuit sans fin, oublieuse des jours,
Toujours pressés d'être à jamais trop courts
Ou trop étroits et dont rien ne demeure
Qu'un peu de cendre et les mots qui les pleurent,

La nuit m'entoure, elle inspire ces vers
Et tout se tait pour rêver de concert
Le même rêve étonnant et immense
D'une paisible et vague inexistence.

                ***

Place de la cathédrale. Strasbourg.

vendredi 14 juin 2013

Dix Heures.



J'entends la cloche de dix heures
Egrener ses notes sereines
Lorsque la nuit commence à peine
Aux fenêtres de ma demeure.
Le bronze a la voix d'un passé
Dont ces notes seraient les mots,
La dernière m'aura laissé
Comme un vague et tremblant écho
Des soirs où le parfum des roses
Venait embaumer le quartier,
Quand la plume que je repose
Courrait, vive, sur le papier.

              ***

mercredi 12 juin 2013

Parfums.




C'est l'odeur du lilas dans le fond d'un jardin
Qui me réjouit le coeur et quelquefois m'enivre,
Le parfum familier de vieux papier d'un livre
Qui me plaît et me tente et m'amuse sans fin.

C'est aussi la fragrance offerte en chaque rose
Qui me fait espérer ou me fait souvenir
Et cette senteur d'encre où les mots font tenir
La peine et le bonheur et combien d'autres choses...

Un univers étrange, personnel et secret,
D'impalpables plaisirs, de chemins invisibles,
Un monde biscornu peut-être un peu risible
Qui se nourrit d'attente et qui vit de projets.

                           ***





mardi 11 juin 2013

Amants.







Amants, écoutez ma chanson,
Elle ne court que sur huit rimes:
Nos amours ont mêmes façons;
Amants, écoutez ma chanson.

Les yeux fixés sur l'horizon,
Ne discernent jamais l'abîme;
Amants, écoutez ma chanson,
Elle ne court que sur huit rimes.

                 ***

samedi 8 juin 2013

Et Puis...




Quand j'ai fermé la porte,
Je l'ai fait doucement,
Sans colère vraiment,
Ni bruit d'aucune sorte,
Sans soupirs et sans larmes,
Si ce n'est au-dedans,
Sans reproches brûlants
Car le temps vous désarme
Et le monde s'éloigne.
Ainsi la vie reprend
Car l'absence comprend
Et le silence soigne.
Ne restent seulement
Qu'une lointaine image,
Le même sentiment
Et ces mots sur ma page.

           ***