La quête des songes.

I. Le marcheur.

Je ne veux pas rester ici,

Pour gagner le pays des songes

Indiquez-moi un raccourci ;

Je ne veux pas rester ici.

Est-ce l’étroit sentier qui longe

Le bourg jusqu’aux bois obscurcis,

Ou la route qu’on voit ainsi

Se perdre où le soleil se plonge ?

Je veux un peu rêver aussi,

Oublier tout ce qui me ronge,

Je ne veux pas rester ici,

Mais gagner le pays des songes.

II. L'éveillé.

J’ai cherché la porte des songes

Et puis je suis resté devant

A l’heure où les autres s’allongent ;

J’ai cherché la porte des songes.

Dans la nuit où le monde plonge

Les hommes dorment en rêvant ;

J’ai cherché la porte des songes

Et puis je suis resté devant.

                               ***

Un sonnet de la route.

J’ai fait beaucoup d’efforts, mais que vaut un effort

Quand le long du chemin on a manqué de chance ?

A présent que tenter si ce n’est l’espérance

En attendant le jour de rejoindre le port ?

Je reprends donc la route en me moquant du sort

Et je veux rire enfin car mon rire est puissance,

Guide en un jour prochain, lumière dans l’errance ;

Le destin jugera cette fois si j’ai tort.

Au fond de moi je sais, en reprenant ma course,

Que malgré les détours je marche vers la source

D’un bonheur oublié qui revivra demain,

Bien des jours seront gris et bien des nuits obscures,

Riche d’une amertume et d’un doute sans fin

Que je connais trop bien et dont je n’aurai cure.

                               ***