samedi 21 janvier 2012

L'Unique Chant.



C'est lui toujours, l'unique et même chant
Qui passe et s'enroule aux nuits de silence,
Mélancolique et toujours attachant
Et qui s'enfuit en psalmodiant l'absence
De mon aimée et de mon espérance.
Et moi qui l'écoute, ce chant de nuit,
De souvenir, de tristesse et d'errance,
Tout seul, je le déplore et m'en réjouis
Car ce qui fut, fut le plus beau
De ce qui ne se perd ni ne s'oublie,
Le bien précieux qu'aucun autre ne vaut,
Qu'on ne corrige pas, ni ne renie.
Le chant toujours en ses notes unies
Serpente au plus profond des temps obscurs
Où notre rêve aime à sa fantaisie
En cet écho qui passe tous les murs.

                     ***



Chanson d'Hiver.



Aube levée, matin venant,
Aux chemins où le froid m'étrille,
Sur le ciel bleu, les arbres brillent,
Le soleil est de givre blanc.

Un peu de brume l'entourant
Voici le clocher d'une église,
La crête où les sapins s'irrisent,
Le soleil est de givre blanc.

Les gouttes d'eau sont des diamants
Qui viennent perler aux brindilles,
Montagnes et plaines scintillent,
Le soleil est de givre blanc.

L'Hiver arrive maintenant,
Les bois échangent leurs guenilles
Pour cet argent qui les habille;
Le soleil est de givre blanc.

Chantez, chantez, joyeux enfants,
Cette lumière qui vous grise
Au refrain mordant de la bise:
Le soleil est de givre blanc.

           ***



samedi 7 janvier 2012

Vivaldi.




J'écoute Vivaldi mais qu'elle est loin Venise,
Inacessible et belle où mon rêve se brise
A chaque note enfuie, au bout du concerto,
Et dans minuit désert où tout est en repos
Je parcours en pensée un long itinéraire
Sous les frontons de marbre aux ombres funéraires
Quand la mer souveraine, aux canaux doucement
Redit toute la gloire et tout le dénuement
Et toutes les visions et toute la mémoire
Et les hésitations d'une très vieille histoire.

                    ***


vendredi 6 janvier 2012

Tristesse des Poètes.




C'est vrai, les poètes sont tristes
Car ils ont en tête la liste
Des jongleurs et des baladins
Qu'écrire a fait crever de faim.

Quelle époque leur est propice ?
Certains diront que c'est justice:
Un poète ne sert à rien,
Moi qui l'écris je le sais bien.

                ***

Premier jour de l'Hiver.



Troncs noirs sous le ciel sombre,
Branches comme des faux,
Saison des longues ombres
Avant le renouveau,
Un soleil éphémère
Sur un vol de corbeaux,
L'éclat des flaques d'eau
Dormant dans une ornière,
Les sapins vert-de-gris
Et la rousseur des chênes,
La pierre pour abri,
La neige pour étrennes;
Votre raison s'y perd
Et votre bon sens bute ?
Je vous décris l'Hiver
Tel, ce jour, qu'il débute.

         ***


mercredi 4 janvier 2012

Les Mots s'enchainent...



Je voudrais attacher les mots aux mots,
Chainons ferrés des strophes sinueuses
Qui se suivraient sans fin et sans défaut
Dans la prison des heures oublieuses.

Et chaque instant engendrerait la note
Dont chaque rime entamerait l'écho,
En cavaliers qui courrent, botte à botte,
Un conte ancien qui se perdra bientôt.

Refrain dansant comme une mélopée
Aux lieux déserts dans l'ombre qui se tait,
Je voudrais la complainte ou l'épopée
Qu'autrefois un jongleur se racontait,

Et ces vers de cristal, amours anciennes
Au siècle enfin des poètes défunts,
Le plain chant grégorien de quelque antienne,
Sur la flûte romaine, un air commun.

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lundi 2 janvier 2012

Soucis et Capucines.



A force d'en avoir, j'ai planté des soucis
Par je ne sais combien et dans trois jardinières,
En voilà un de plus mais la vie est ainsi:
Auront-ils assez d'eau, d'espace et de lumière ?

J'ai planté des soucis et quelques capucines,
En rangs ou un à un tout au bord du balcon,
L'appui de la fenêtre, au droit de la cuisine
Et pour être complet la fenêtre du fond.

Planter est important, c'est un geste d'espoir,
Un geste qui console, un geste qui conjure
Même si l'on devait, demain, manquer de voir
Le succès attendu des floraisons futures.

Car quelque soit la crainte et quelque soit le doute,
Ce geste est tout ensemble un début, une fin
Et la beauté d'une heure où les autres sont toutes,
Le sourire moqueur qu'on accorde au destin,

C'est le geste qu'il faut, le geste qui convainct,
La certitude offerte et la preuve qu'on donne
Que l'on vit aujourd'hui, que la mort c'est demain
(S'il est bien vrai qu'il faut que cette heure là sonne).

                                ***


dimanche 1 janvier 2012

Rondeau du Premier de l'An.


Feuilles d'Automne, arbres d'Hiver
Et les nuits froides sous la bise,
A vous les amours indécises
Mais à moi l'ombre où je vous sers.

A vous, mon coeur, en tant de vers,
Partout comme chose promise;
Feuilles d'Automne, arbres d'hiver.

L'effort, la peine et les revers,
La volonté que rien ne brise -
Il n'est d'amour qui se ravise-
Et tous en chemin de concert,
Feuilles d'Automne, arbres d'Hiver.

                   ***

samedi 31 décembre 2011

C'est Toi...






C'est toi, tu le sais bien, qui m'inspire ces vers,
Au deuil de l'an passé c'est à toi que je pense,
C'est à toi que je dois le bonheur très amer
De voir ce que l'amour possède, en vain, d'immense,
Cet amour impossible et pourtant merveilleux
Que contre tout espoir nous avons en partage
Et malgré tout, je crois que c'est un don de Dieu,
Reflètant Sa grandeur et fait à Son image.
J'attends un autre jour sous je ne sais quels cieux,
Un grand vent qui demain chasserait les nuages,
Ou la voix d'une source aux mille éclats radieux
Dans l'or d'un grand soleil caressant ton visage.
Les censeurs me diront- gens chagrins et jaloux-
"Les poètes sont fous et les rêveurs stupides",
Je leur rétorquerai sur le ton le plus doux:
"Quoiqu'on fasse en amour, c'est l'Amour qui décide."

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vendredi 30 décembre 2011

Le Sapin du Vendredi.



Ombre et sapin multicolore,
J'écris en fin d'après-midi,
C'est le tout dernier vendredi
De l'an qui se poursuit encore

Avant qu'un autre le dévore,
Demain, sur le coup de minuit,
Quand la coupe de cristal luit
D'un vin que les bulles décorent.

Pour l'heure où l'ombre s'épaissit,
Le grand calme qui naît ici
A pris des habits de silence,

L'aspect d'un sapin lumineux,
La mémoire ou bien l'apparence
Des jours familiers et joyeux.

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jeudi 29 décembre 2011

Au Gui l'An Neuf.



L'Hiver s'est fait doux cette année
Pour vous dire au-revoir,
Semaines écoulées,
Cortège de ce dernier soir.

Les mots ramènent les images,
Souvenons-nous un peu
Avant que de tourner la page
Et puis faisons un voeu:

La paix, l'amour, toute la joie
Et l'insouciance aussi,
Un an en bonne voie
D'oublier jusqu'au mot "souci" !

Et que la coutume ait sa place:
A Paques c'est un oeuf,
A la Saint-Sylvestre on s'embrasse;
Criez: "Au gui l'an neuf !"

        ***

mardi 27 décembre 2011

Monochrome.




C'est pitié que l'Hiver
Dans les rues d'une ville
Et sous un ciel couvert
Où le soir se faufile
Si vite entre les toits.
De corbeaux en mouettes,
Je retourne chez moi
Et la neige me guette,
Ce jour humide et froid
Où l'année s'effiloche.
Je me hâte à bon droit,
Les mains au fond des poches,
Tout le long de ces quais
Aux marronniers fantômes
Dans cette ombre où se tait
Un monde monochrome.
Voici la fin de l'an
Et tout ce qui s'oublie
Comme en se dépêchant
Avant une autre vie,
Et tout ce qu'on aimait
Et tout ce qu'on regrette
Et ce qu'on n'a pas fait
Et tout ce qu'on rejette
Et, dernier ou premier,
Sans pouvoir rien prédire
En voulant associer
Hier à demain, ce rire.

***









mercredi 21 décembre 2011

Fêtes.


Noël est maintenant tout proche,
On se presse sur les trottoirs
Et les devantures accrochent
A leurs mille feux chaque soir,
Mille désirs et mille espoirs.

On se dépêche, on se bouscule,
Le temps vous glisse entre les doigts,
Les détails les plus minuscules
Comptent; chacun subit la loi
De la fête et rire est un droit...

Mais dans l'ombre et dans le silence
Où la nuit revient s'installer
Entre pensées et somnolence,
Je laisse le temps s'en aller
En paix et les mots s'envoler.

Peut-être des mots de prière,
Peut-être les mots d'un amour
Où veille la douce lumière,
Clarté tremblante du recours
Aux chemins d'éternel retour.

            ***


lundi 19 décembre 2011

La Danse de l'An Nouveau.



M'accorderez-vous cette danse
Pour bercer le temps qui s'élance
De l'An Vieilli à l'An Nouveau ?
Regardez-moi bien comme il faut,
Les yeux dans les yeux, un sourire
Sur les lèvres, sans rien me dire.
Si vous êtes prête, attention:
Trois temps, une seule passion,
Unis en un seul mouvement,
Même pas au même moment,
En vis-à-vis, en face à face,
Deux corps, deux ombres qui s'enlacent...
Tournez, tournez, les heures sonnent,
Le Temps quelquefois déraisonne,
C'était hier et c'est demain,
Tournez, ne lâchez pas ma main,
Que nos coeurs battent en cadence,
Ce qui finit, ce qui commence:
Qu'il n'en reste que ce qu'il faut,
De l'An Vieilli à l'An Nouveau!

              ***

samedi 17 décembre 2011

Exil.



J'ai passé d'exil en exil
Au bras de la même Tristesse
Et j'ai salué la Vieillesse:
"Voici votre amant, vous plaît-il ?
Nous ferons un ménage à trois
Pour vivre le temps qu'il me reste.
Pardonnez-moi, mon verbe est leste,
Vous ne me causez point d'effroi,
Vous aimerez, j'en suis certain,
Ma vieille compagne et ses larmes,
D'ailleurs, je suis sans trop d'alarmes,
A vous comparer il est vain
De craindre quelque changement,
D'espérer quelque différence,
La solitude et le silence
Sont votre commun fondement.

         ***

Chant du Vieux Soldat.




Quant à ma jeunesse en émoi,
Cent batailles l'ont assouvie
Et je m'en retourne chez moi;
J'ai combattu toute ma vie.

Un vieux soldat doit fuir la guerre
S'il veut éviter d'y mourir,
Je songe au foyer de naguère,
Il est grand temps de revenir.

A la force du bras qui frappe,
L'or cent fois se gagne ou se perd,
Le vigneron coupe ses grappes,
Les hommes tombent sous mon fer.

Roi de France ou Maison d'Autriche,
Qu'importe qui j'ai combattu,
Je ne m'en reviens pas plus riche
Et je n'en suis pas moins fourbu.

Je m'en retourne aux paysages
Que tous les miens ont labourés,
De ce qui reste de mon âge
La mort va bientôt s'emparer.

          ***

mercredi 14 décembre 2011

Les Petits Chemins.





























Ce sont de tout petits chemins,
Souvent on les distingue à peine,
Qui vous mènent à bonne fin,
Non sans efforts et non sans peines.

Ils disparaissent en hiver
Où sous les feuilles de l'automne,
On les trouve autant qu'on les perd,
On les prend, on les abandonne.

On les découvre les étés
Après de longs printemps de pluie,
Ces chemins d'une liberté
Souvent rêvée, conquise, enfuie.

A chaque nouvelle saison,
Loin de la route, hors de la carte,
Par les bois, entre les buissons,
Ils naissent, changent et repartent.

***





mardi 13 décembre 2011

Le Treize Décembre.





Je mettrai mon amour à l'épreuve du temps
Car chaque jour qui passe, dégrade, prend, enlève
Et cet effet du temps ne connaît pas de trêve,
De retour en arrière ou bien d'allègement.

Je mettrai dans l'épreuve, en dépit des tourments,
En dépit de la crainte, en dépit des souffrances,
Tout le désir que j'ai, toute mon espérance,
Toute ma force encore et tout mon sentiment.

Si mon rêve n'est rien, si je suis peu de choses,
Un instant dans la vie, tout le reste au néant,
Ce défi que je lance est bien sûr malséant,
Au cortège des jours cependant je l'oppose.

Je me confie en toi, c'est pour toi que je l'ose,
Car tel est mon courage et telle aussi ma foi
Dans ce qui fut un jour et qui reste mon choix,
Qu'aux hasards de l'absence à nouveau je l'expose.

                         ***

lundi 12 décembre 2011

Noël.


C'est pour Vous que j'écris, Sainte Mère de Dieu,
Il brille dans la nuit cette lointaine étoile
Qui brûlait autrefois au plus profond des cieux
Avant que le Seigneur au monde se dévoile.

Je la contemple enfin comme Vous l'avez fait
Dans cette grande nuit d'amour et de tendresse,
Dans cette nuit de Foi dont le monde rêvait,
Tressaillant d'impatience autant que d'allégresse.

Et comme il était beau ce tout premier Enfant
Dont les yeux Vous rendaient sourire pour sourire,
Tellement faible encore et déjà triomphant
De l'amour éternel d'un Dieu prêt au martyre,

Pour découvrir à l'homme aux plus lointains des jours
Ce que le Créateur est pour sa créature:
Douceur et compassion, espérance et secours
Aux jours de la misère et des heures obscures.

***


                                               






vendredi 9 décembre 2011

Iroise.



Il souffle ce matin un vent d'Iroise,
L'averse au ciel et le sel sur tes mains
Au parfum de la grève où s'entrecroisent
Hier, aujourd'hui et tous nos lendemains.

Nuages gris où tes cheveux s'emmêlent
Et la douceur de tes lèvres pour moi
Avec ce goût des amours éternelles
Et l'écume du temps vécu pour toi.



Viens, je t'en prie où le sable s'envole,
Là où mon souffle a prononcé ton nom;
Sans fin aux jours que l'absence désole,
La vague danse au bord de l'horizon,

Et l'ombre joue aux rochers où s'accrochent
Les rêves partagés de notre amour;
Que tu es belle et lointaine et si proche
Près d'un hiver où les mots n'ont plus cours.



                 ***