Sur une toile ancienne un bouquet
de pivoines
Dont la couleur jaillit d’un vieux
cuivre ventru,
C’est le moment propice et c’est l’objet
idoine
Pour infliger au monde un texte de
mon cru.
A chacun sa façon de flatter sa
paresse,
A chacun sa façon de se prendre au
sérieux,
Moi je m’écris des vers alors que
le temps presse
Et que dans les soucis on me
voudrait anxieux.
A mon oreille ici dois-je faire
confiance ?
Vous avez dit « paresse »
et je crois bien « soucis » ?
N’écrivez pas ces mots, écrivez « insouciance »,
« Légèreté » peut-être
et « goût de vivre aussi ».
Jugez si vous voulez ces vers une
sottise,
Vous en avez le droit, ils ne
servent à rien,
On ne les paye pas quand bien même
on les prise,
On ne les compte pas comme l’or ou
les biens
Mais, vous l’avez compris, quant à
moi je m’en moque,
Je laisse le sérieux à ces jours d’autrefois
Qui me faisaient porter cette
triste défroque
Au nom de je ne sais quelle langue
de bois.
J’écris d’une pivoine ou bien d’une
salade
Non pas de la sagesse ou de la fin
des temps ;
S’attriste qui voudra de cet hiver
maussade
Que l’époque promet et de ce qu’on
entend
Des malheurs à venir ; il est
temps que je brade
Le très peu qui me reste et je vis
au printemps !