Dimanche après-midi, canal du Rhône au Rhin,
Le ciel est plat, l’hiver s’enfuit, mais à son train,
Et les champs sont boueux et les bois sont éteints ;
Du moins les chiens gambadent.
Des cygnes présomptueux répètent leur parade,
Leurs reflets semblent gris, les lointains sont maussades
Et les prés sont couleur de foin et de vert fade
Mais du moins on prend l’air.
D'autres le font aussi, nous flânons de concert,
Effacés, indistincts, semblables et divers,
Échangeant un salut et trois mots peu diserts
Qu’aussitôt l’on oublie.
A quoi tient quelquefois ce qu’on nomme « la vie » :
Deux tiers de rituels, un de monotonie,
Pour beaucoup de réserve, un peu de bonhomie,
Un sourire contraint,
Dimanche après-midi, canal du Rhône au Rhin.