(Plafond hispano-mauresque XVe siècle. Château de Villandry - Touraine.) |
Les mots
comme des perles de hasard
Et le poème,
un fil de part en part,
Secours pour
guider celui qui voyage
Et qui
n’arrivera parfois que tard.
Quant au
compositeur, c’est l’écrivain,
Le scribe,
un vieil ami dont c’est la part
Que d’écrire
ces mots et de t’attendre
Sans montrer
jamais la moindre impatience
Ni la
moindre colère non plus, car :
Il est le
père et tous ceux qui le lisent,
Ses enfants,
vont et viennent à leur guise.
Les mots, la
tournure et la rime,
Autant de
ponts pour tout autant d’abîmes
Mais le
dernier qui donc le bâtira ?
J’ai fait le
mieux, tu feras le sublime,
L’héritier
doit surmonter l’héritage
Puis à son
tour il payera sa dîme
Au sable des
jours qu’essaime le vent
Comme à tout
ce qui ronge et lèse et brime.
Tu le feras,
mon fils, comme j’ai fait
Pour toi,
car le même amour nous anime :
Tu sais que
quelque part, en te lisant,
Ton
successeur marche dès à présent.
Mon fils,
ton descendant, tout comme toi,
Des mêmes
mots a fait le même choix ;
Il ne craint
pas la longue route
Où le
serpent guette comme autrefois,
Pas plus que
la montagne ou le désert.
Les vers n’auront
jamais ni murs, ni toits,
Tout ce qu’ils
ont, mon fils, c’est l’horizon ;
Je te le
lègue, il nourrira ta foi,
Chacun de
nous fut, reste ou bien sera
Maillon de
cette chaîne : notre loi.