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lundi 5 juin 2017

Le vieux conteur persan.



(Plafond hispano-mauresque XVe siècle. Château de Villandry - Touraine.)


Les mots comme des perles de hasard
Et le poème, un fil de part en part,
Secours pour guider celui qui voyage
Et qui n’arrivera parfois que tard.      
Quant au compositeur, c’est l’écrivain,
Le scribe, un vieil ami dont c’est la part
Que d’écrire ces mots et de t’attendre
Sans montrer jamais la moindre  impatience
Ni la moindre colère non plus, car :

Il est le père et tous ceux qui le lisent,
Ses enfants, vont et viennent à leur guise.

Les mots, la tournure et la rime,
Autant de ponts pour tout autant d’abîmes
Mais le dernier qui donc le bâtira ?
J’ai fait le mieux, tu feras le sublime,
L’héritier doit surmonter l’héritage
Puis à son tour il payera sa dîme
Au sable des jours qu’essaime le vent
Comme à tout ce qui ronge et lèse et brime.
Tu le feras, mon fils, comme j’ai fait
Pour toi, car le même amour nous anime :

Tu sais que quelque part, en te lisant,
Ton successeur marche dès à présent.

Mon fils, ton descendant, tout comme toi,
Des mêmes mots a fait le même choix ;
Il ne craint pas la longue route
Où le serpent guette comme autrefois,
Pas plus que la montagne ou le désert.
Les vers n’auront jamais ni murs, ni toits,
Tout ce qu’ils ont, mon fils, c’est l’horizon ;
Je te le lègue, il nourrira ta foi,
Chacun de nous fut, reste ou bien sera
Maillon de cette chaîne : notre loi.

                               ***