lundi 1 avril 2019

1587 - Adresse d'un "mignon" au roi Henri III.




Sire le Roi, faites taire les Guise,
Ces ambitieux, qui sont autant d’Église
Que je suis, moi, dégoûté du canon !
Un mot de vous, Joyeuse[1] ou d’Epernon[2],
Nous tous ici nous leur ferons connaître
Que de vous seul le Roi suivant peut naître.
Madame votre mère[3] aime trop finasser
Mais les lorrains[4] n’auront jamais assez,
Quant au pouvoir, à moins d’une couronne,
La vôtre Sire, ou celle de personne !
La religion anime l’Espagnol[5],
Christ,  à ceux-là[6], ne coûte pas un sol,
Il en rapporte et dans toute la Ligue[7]
Chacun voudrait vous voir danser la gigue.
Sire le Roi, le duc[8], le cardinal[9]
Sont tous les deux cause de notre mal,
Il est grand temps de pourvoir au remède :
Ce sont nos bras qu’un Dieu juste précède.

                               ***       


[1] Anne de Joyeuse : 1560-1587, l’un des « archi-mignons » d’Henri III. Tué à la tête des troupes royales à la bataille de Coutras livrée contre le futur Henri IV.
[2] Jean-Louis de Nogaret, duc d’Epernon : 1554-1642, le second des « archi-mignons », il ralliera Henri IV à la mort de son prédécesseur.
[3] Catherine de Médicis : 1519-1589, sa diplomatie constitua longtemps en la recherche d’un savant équilibre entre la Ligue catholique et les réformés.
[4] Les Guise sont une branche cadette de la famille régnante de Lorraine.
[5] Le roi d’Espagne, Philippe II, dont les subsides et les troupes après l’exécution des Guise à Blois en 1588, soutiendront la Ligue.
[6] Les Guise.
[7] La Ligue : la Ligue Catholique ou la Sainte Ligue, parti dont la formation en 1576 est largement soutenue voire suscitée par la maison de Guise pour s’opposer aux protestants comme  à Henri III.
[8] Le duc Henri Ier, 3è duc de Guise, surnommé « le Balafré » (en raison de la cicatrice d’une blessure reçue à la joue gauche), exécuté sur l’ordre d’Henri III à l’occasion des États Généraux de Blois en 1588.
[9] Le cardinal de Lorraine, Louis de Guise, 1555-1588, frère du précédent et qui connut le même sort.

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