dimanche 12 avril 2020

Conflit interne.



(Château de Chambord - Loir et Cher.)

I.
Te voilà triste ce soir
En train de chercher des rimes
Dans le puéril espoir,
Qui dans ces cas t’anime,
De dissiper ton souci
En griffonnant quelques strophes.
Tu peux reconnaître ici,
En honnête philosophe
Que cela ne donne rien.
Un bon conseil : abandonne
Et cherche un autre moyen,
L’évidence te claironne
Qu’à poursuivre en ce moment,
C’est certain, tu perds ton temps !

II.
Mon bien cher second moi-même,
On ne perd que ce qu’on a
Et le temps, par théorème,
Justement je n’en ai pas.

J’adore quand je griffonne
Que tu viennes m’ennuyer,
Si je hais qu’on me sermonne
Au moins ça me fait oublier !

Avec toi quand je poétise,
Je te l’annonce tout sec :
Je n’ai plus d’autre hantise
Que de te clouer le bec !

                               ***

Raisons différentes, même résultat...



(Venise - Italie.)

Aux jours d’antan que j’étais libre,
Je pouvais vaguer à mon gré
Des bords du Rhin à ceux du Tibre
Et j’y trouvais mon équilibre
En tenant un budget serré
Quoique un défaut de numéraire
M’ait contraint plus qu’assez souvent
A ne fêter ni bouger guère.
Ces jours c’est le même tourment
Que je plains d’une plume amère,
Le même et plus, un petit peu,
Car me voici devenu vieux…

                               ***

vendredi 10 avril 2020

Le disciple - Vendredi Saint.



(Jubé de la chapelle Saint Fiacre du Faouët - Morbihan - Bretagne.)

A Sa mort nous disions : « Ah, si nous avions su !... »
La peine était à la hauteur de l’espérance,
Le désarroi aussi, nous retrouvions l’errance,
Humiliés de surcroît d’avoir été déçus.

Mourir ainsi !...d’une mort infamante !... et nu !
Mourir en impuissant sous la triste apparence
D’un larron, d’un esclave ! Et quelle incohérence !
Le Fils de Dieu, vraiment ! Mourir seul et vaincu ?!

Notre foi ce soir-là n’était plus qu’amertume,
Tournant chez quelques-uns même au mépris posthume
Et les plus modérés se traitaient de benêts.

Comprenez-vous le sens de ce que je vous conte ?!
Plus de foi, plus d’espoir, oui, je le reconnais
Et dimanche matin nous étions plein de honte.

                               ***