vendredi 5 janvier 2018

Plus tard.




Je verrai ce moment où mes vers sans façon
Viendront se promener au fil des longues heures
Oublieux du labeur et de toute leçon
Pour se moquer du temps où nul mot ne demeure.

Comme ils seront joyeux, moi l’on me verra gai
Comme l’étang gelé qu’un vent d’Avril effleure,
Comme un sous-bois d’hiver au parfum du muguet
Et des rimes naîtront qu’aucun destin n’apeure
Pour se moquer du temps où nul mot ne demeure.

Moi qui promet cela, je ne resterai point
Mais avant que le vent disperse ma poussière,
A m’amuser ainsi j’aurai mis tout mon soin
Et j’aurai profité au moins de  la lumière.

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La lune.



(Venise - Place Saint-Marc.)

La lune d’argent se lève et me voit,
Elle sourit et se moque de moi :
« Que fais-tu là tout seul, prêt à écrire
Quand l’ombre danse et que la nuit soupire ? 
Et dans le parc obscur dorment des fleurs
Dont le sommeil exhale mille odeurs ;
Lève les yeux et laisse là tes stances,
Je suis l’oubli et je suis l’insouciance. 

Viens avec moi si tu tiens à l’amour,
Viens donc, j’en suis la maîtresse et la science,
Laisse ta plume et tes versets, accours,
Je t’apprendrai, si tu me fais confiance,
Un très vieux jeu de songe et de reflets,
Où les passions qui s’embrassent, légères,
Avec la grâce ombreuse des ballets
Diront pour toi leurs chansons passagères. »

                               ***