L'entende qui voudra.

Je suis venu, je vis, je m’en vais et je passe,

Argent, savoir ou biens, c’est en vain qu’on amasse ;

Le pouvoir conquis hier, vous le verrez demain,

Ne demeure pas plus que le sable en nos mains.

Plus encore que nous, les mots sont éphémères

Et de peu de portée et pourtant en leur sein

L’écho d’un au-delà quelquefois se libère,

Vous faisant évoquer on ne sait quel dessein.

A la fois un projet et comme une promesse,

A la fois découverte et pourtant déjà-vu,

A la fois une angoisse et comme une allégresse,

Et bien plus qu’un espoir qu’on craint de voir déçu.

Nous sommes assez peu, nos mots sont peu de choses

Et nous sentons pourtant que cela n’est pas tout,

Que si le monde ment et que si l’homme pose,

Nous avons pris ailleurs un autre rendez-vous.

Et si ce que je dis doit en faire sourire

Quelques-uns parmi vous ou se fâcher certains,

Puisque je l’ai vécu j’ai voulu vous l’écrire

Un peu comme un veilleur annonce le matin.

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Adage.

N’espérons pas ce qui n’est pas

Ni ce qui ne pourra pas être ;

Voit-on la semence d’un hêtre

Donner naissance à du lilas ?

Les mots s’en vont, les regrets passent

Mais on demeure ce qu’on est,

Ce que l’on rêve et ce qu’on fait

Et rien de cela ne s’efface.

                               ***       

Des fins.

Fin du plaisir et fin de règne,

Pour peu que le destin ne daigne

Nous offrir beaucoup plus qu’un jour,

Nous nous trouverons un peu court

Entre désir et souvenance,

Entre illusion et espérance,

Entre échecs, oublis et projets,

Entre acquis, pertes et regrets ;

Grandeur de notre destinée

Humaine et de son peu d’années,

J’avoue sans m’en faire prier

Que certains sont gâche-métier,

Prêts à regimber et à geindre

Qui n’eurent pas lieu de se plaindre.

                               ***