Oui, je me souviens de l’amour
Dont la flamme jusqu’à l’aurore,
Ou plus, ou moins, brûlait toujours ;
Oui, je me souviens de l’amour.
Je me souviens, si longs, si courts,
Des mots ardents de nos discours
Tant la fièvre en demeure encore
Et tant la passion m’en dévore.
Douceur du lit où tour à tour
L’ombre s’apaise ou vient éclore,
Prélude lent d’un météore
Au ciel d’un désir sans détour,
Et lorsque le soleil déflore
La nuit aux voiles de velours
N’avons-nous pas maudit l’aurore ?
Oui, je me souviens de l’amour.
De ce qui fut rien n’a plus cours,
Je ne sais si tu le déplores ;
Mais de minuits en points du jours,
Moi j’évoque d’autres aurores
Et je me souviens, mon amour…
Note :
ce texte est inspiré d’une forme de poésie lyrique appelée Alba qu’utilisait
les troubadours. Le sujet en était la séparation nécessaire des amants au point
du jour.